Origine et histoire du Château de Saint Brisson sur Loire
Le domaine de Saint-Brisson se dresse sur la commune de Saint-Brisson-sur-Loire, dans le Loiret, aux confins du Berry et aux portes de l'Orléanais, en surplomb de la rive gauche et d'un ancien bras mort de la Loire ; c'est le château de la Loire le plus en amont du fleuve. Le castrum est mentionné dès le XIe siècle avec Probert de Saint-Brisson et apparaît dans la chronique de Suger au XIIe siècle, mais l'édifice actuel ne remonte pas au-delà du XIIIe siècle. Les textes du XIe siècle donnent également la donation de l'église Sainte-Marie à l'abbaye de Fleury, confirmée par le pape en 1072. Suger rapporte une action militaire de Louis VI au XIIe siècle qui aurait détruit la turris et contraint le seigneur à se rendre, entraînant la disparition de la tour maîtresse romane et de ses palissades. Le château réapparaît dans les sources à la fin du XIIe siècle sous la domination d'Étienne Ier de Blois-Champagne, puis reste propriété de la famille de Sancerre jusqu'en 1290. La construction du château actuel semble dater de la fin du XIIe siècle, entreprise entre 1180 et 1200 par Étienne de Sancerre et peut‑être Guillaume aux Blanches Mains ; l'analyse montre une édification conduite en une seule opération, aboutissant à un palais-forteresse. Le plan est original : une enceinte hexagonale subtriangulaire, flanquée alternativement de tours cylindriques et quadrangulaires, sans tour maîtresse et sans talus à la base des tours, traits qui distinguent l'ouvrage des campagnes postérieures. Des remaniements successifs modifient l'ensemble : au XVe siècle la courtine est surélevée, comme l'attestent la différence d'appareil et six baies à moulures croisées, et une tour ronde porte la trace d'une surélévation du XVe siècle. La courtine nord‑ouest présente aussi la trace d'une surélévation tardive, peut‑être du XVIIIe siècle. La basse-cour ouverte au sud était occupée par des maisons fortes ; la cave gothique visible dans l'avant-cour paraît être le vestige de l'une d'elles. En 1567 la famille Séguier devient propriétaire et transforme le château en demeure d'habitation. Sidoine Séguier, marquis de Saint-Brisson, y meurt de tuberculose en 1773 et a laissé plusieurs ouvrages. En 1793, Nicolas-Maximilien Séguier fait abattre le donjon, la courtine sud, le châtelet d'entrée et une tour ronde pour effacer les signes des prérogatives seigneuriales. À partir de 1819 les descendants restaurent le château abandonné depuis la Révolution : les ouvertures sont repercées ou créées selon une distribution intérieure modernisée, des pavillons sont reconstruits et une façade de l'aile nord‑est est traitée dans un style néo‑classique à la fin du XIXe siècle. Les tours carrées arasées prennent l'allure de pavillons et des travaux se poursuivent jusque dans le début du XXe siècle. La dernière descendante, Anne de Ranst de Berchem de Saint Brisson (1902‑1996), lègue le domaine à la commune en 1987 ; les communs sont vendus à un promoteur et une association locale est créée pour organiser des visites et entreprendre des travaux. En 2015 le château et une partie du parc sont cédés à la société Tous Au Château ; le mobilier est dispersé aux enchères, une partie rejoignant les collections publiques du Conseil départemental du Loiret. Depuis cette reprise, le domaine est ouvert au public pour financer des restaurations et accueille des activités touristiques et événementielles (visites à thème, parcours aventure, escape game, festivals). Le produit des visites a permis la restauration progressive d'intérieurs (appartement de la marquise, chambres de bonnes, billard, cabinet de curiosités, grand salon), la replantation des perspectives historiques dans le parc et des travaux sur les toitures, chéneaux et lucarnes ; ces chantiers ont reçu un financement public de la DRAC. Le parc, correspondant à un aménagement de la fin du XVIIIe siècle, présente aujourd'hui un caractère à l'anglaise, avec allées, canaux délimitant un parterre, plan d'eau, vergers en espaliers, alignements d'arbres et essences rares, ainsi qu'une île paysagée en cours d'étude. Les extérieurs sont enrichis d'une collection de répliques de machines de guerre médiévales installées par l'association des Amis du Château et le conseil général du Loiret. Le parc, les terrasses, les douves et le château sont inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 7 avril 1993.
