Origine et histoire du Château de Saint-Félix-Lauragais
Le château de Saint-Félix-Lauragais, situé dans la commune du même nom en Occitanie, a été transformé au XIVe siècle en un palais campagnard par un membre de la famille Duèze, apparentée au pape Jean XXII. L’édifice occupe un quadrilatère irrégulier et rassemble des bâtiments datés du XIIIe au XVIIIe siècle. Sa structure paraît antérieure au XIVe siècle, de même que la tour nord‑ouest, l’angle sud‑est appelé donjon, la chapelle, le corps de logis nord et des vestiges de courtines. Aux XIVe et XVe siècles, on construit le corps de logis principal à l’est et on remanie les ouvertures et les divisions de l’aile nord ; la tour dite « des gardes » et les transformations de la chapelle relèvent des mêmes campagnes. Des adjonctions et remaniements aux XVIe et XVIIIe siècles ont abouti à l’état actuel.
La première mention du castellum de Saint‑Félix remonte vers 1035, dans l’hommage d’un seigneur nommé Guillaume, vassal de Bernard Aton III et de son frère Frotaire, évêque de Nîmes. Le castellum est cité dans les sources jusqu’en 1242. Le catharisme se développe dans la région et, selon la tradition, un synode cathare se serait tenu en 1167 à Saint‑Félix sous la présidence d’un pope Nicétas, évêque des Bogomiles. Le Lauragais est ensuite affecté par la croisade des Albigeois : la région est prise et reprise par Simon de Montfort et le comte de Toulouse.
Au début du XIIIe siècle, des transferts de seigneurie et des accords politiques modifient la situation locale : Raymond VII de Toulouse accorde des droits à des alliés comme Roger‑Bernard II de Foix, conserve toutefois la garde du castellum et, par la paix de Lorris (1242), cède pour cinq ans le castrum de Laurac et le Lauragais. Conformément aux clauses du traité de Meaux (1229), il s’engage à faire construire des places ouvertes et confie cette tâche à Sicard Alaman. Le plan du castelnau de Saint‑Félix, avec deux rues parallèles et le château implanté à l’extrémité du bourg, correspond aux projets attribués à Sicard Alaman et se rapproche d’exemples comme Tournon‑d’Agenais ou Castelnau‑de‑Montmiral.
Après la mort d’Alphonse de Poitiers en 1271, le Lauragais revient à la couronne ; jusqu’en 1320 Saint‑Félix devient le siège d’une bailliage royal couvrant une vingtaine de localités. En 1317 le pape Jean XXII fonde la collégiale Saint‑Félix ; peu après, Pierre Duèze, frère du pape, obtient du roi Philippe V la donation de terres à Saint‑Félix, Montaigu, Roumens et Calmon, et achète entre 1319 et 1322 la vicomté de Carmain, ce qui vaut à la localité le nom de Saint‑Félix de Caraman. Pierre Duèze ne semble pas avoir résidé au château : ses biens passent à son fils Arnaud, qui s’installe dans le Lauragais après la mort de Jean XXII en 1334.
Les sources et l’archéologie permettent difficilement un suivi continu des travaux, mais une étude distingue six phases de construction entre le milieu du XIIIe siècle et le XIVe siècle : une première phase vers 1245 comprenant la chapelle de l’aile ouest, un fragment de porte nord et le portail monumental (dont il reste à préciser s’ils furent commencés sous le représentant du roi entre 1243 et 1245 ou après 1245 par Sicard Alaman pour Raymond VII) ; des phases antérieures au XIIIe siècle pour le front est du grand logis et le donjon ; puis la réalisation du front nord et de la tour nord, suivies de la façade de briques du petit logis sur cour de l’aile nord au XIIIe siècle ; enfin, la transformation en résidence attribuée probablement à Arnaud Duèze à partir de 1333, qui inclut l’élévation de la tour des gardes et du front ouest, et un réaménagement final organisant les logis médiévaux en rectangle autour d’une cour dans le modèle des palais urbains comme les livrées cardinalices ou le palais Duèze du XIVe siècle. Le château est resté propriété de la famille Duèze jusqu’au XVIIe siècle.
Le monument a été inscrit au titre des monuments historiques le 14 avril 1994.