Origine et histoire du Château de Saint-Germain de Livet
Le château de Saint-Germain-de-Livet, situé dans le Pays d'Auge sur la commune éponyme du Calvados en Normandie, est une demeure des XVe et XVIe siècles, aujourd’hui annexe du musée intercommunal de Lisieux et partiellement protégée au titre des monuments historiques. Il occupe l’emplacement d’une ancienne place forte du XIIe siècle appartenant aux Tyrel, qui conserva la seigneurie jusqu’au milieu du XIVe siècle avant qu’elle ne passe par mariage aux Louvet. En 1462 Jeanne Louvet épousa Pierre de Tournebu ; le couple fit édifier, sur les bases de l’ancienne forteresse, un vaste logis en pans de bois. La succession resta dans la famille Tournebu, passant à Jean puis à Jacques de Tournebu, et c’est au mariage, en 1555, de Jean de Tournebu avec Marie de Croismare — largement dotée par son père Robert de Croismare — que l’on doit la partie la plus caractéristique du château, notamment une façade en damiers de pierres blanches de Caen et de briques vertes vernissées. Le domaine demeura dans la famille jusqu’au décès, en 1810, de Marie‑Pierre de Tournebu ; par donation il passa ensuite à des neveux de la famille de Foucault, puis fut vendu en 1879 à Mme Gobley. À son décès en 1894, la propriété revint à ses trois filles ; l’une d’elles, Mme Lesur, acquit les parts de ses sœurs avant de céder, dans les années 1920, le château à Julien Pillaut. Après le décès de Julien Pillaut en 1946, sa veuve Augusta fit don du château et du mobilier à la ville de Lisieux en 1957. Depuis 2011, le château-musée est géré par le pôle muséal de l’EPCI compétent, qui regroupe notamment le musée d’Art et d’Histoire de Lisieux et le musée du Vieux Manoir d’Orbec.
L’édifice présente une structure duale : un logis en colombage du XVe siècle (1462) et un châtelet d’entrée, flanqué de tourelles, traité en damier de pierre de Caen et de briques vernissées du Pré-d’Auge, daté de la fin du XVIe siècle (v. 1584). L’ensemble mêle éléments médiévaux et traits de la Renaissance ; il a conservé ses douves et reste entouré d’un jardin fleuri où évoluent quelques paons. On accède au château par une passerelle qui enjambe les douves ; les bâtiments des XVe et XVIe siècles s’organisent autour d’une cour pentagonale bordée d’une galerie « à l’italienne » sur arcades datée de 1588. Le pavillon d’entrée est encadré de deux tourelles, et la tour de l’ancien château du XIIe siècle, élément central du corps de logis, renferme un escalier.
Plusieurs parties du monument bénéficient d’une protection au titre des monuments historiques : la porte principale avec ses deux tourelles, la tour du midi et la galerie qui lui fait suite ainsi que certaines cheminées et peintures sont classées par arrêté du 21 mars 1924 ; le bâtiment principal mêlant pierre et pans de bois, qui comprend une salle et deux cheminées déjà protégées, est classé par arrêté du 7 janvier 1959 ; enfin les façades et toitures du bâtiment du gardien et de l’ancien moulin, celles de l’ensemble des bâtiments de la ferme, ainsi que le système hydraulique comprenant les douves et l’assiette des sols, sont inscrits par arrêté du 10 décembre 2007.
Reçu par la ville de Lisieux en 1957, le château est devenu un musée labellisé Musée de France, présentant l’ameublement et les collections d’art légués par Julien Pillaut, dont des tableaux de Rosalie Pillaut et de Léon Riesener (1808‑1878), lui‑même petit‑fils de l’ébéniste Jean‑Henri Riesener et cousin d’Eugène Delacroix. Les intérieurs du château se visitent uniquement avec un guide.