Période
XIIIe siècle, XVe siècle, XVIe siècle, XVIIe siècle, 3e quart XVIIIe siècle, XIXe siècle
Patrimoine classé
Le Château Vieux : classement par liste de 1862 - Le pavillon de la Muette, dans la forêt domaniale : classement par arrêté du 7 avril 1921 - L'ensemble du domaine national (cad. H 88, 300p, 301 à 308, 315, 366 à 369 ; I 40 à 44 ; A 897p à 999p, 900, 900bis, 901, 901bis, 902, 903p à 907p, 908 à 911, 864 à 866) : classement par arrêté du 8 avril 1963 Cet immeuble fait partie du Domaine national du château de Saint-Germain-en-Laye institué par le décret n°2024-472 du 24 mai 2024. Les parties intérieures ont été classées au titre des Monuments historiques intégralement et de plein droit par ce décret.
Origine et histoire du Château de Saint-Germain
Le château de Saint-Germain-en-Laye, surnommé « Château Vieux » en opposition au Château Neuf, est une ancienne résidence des rois de France située au centre de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) et abritant aujourd'hui le Musée d'archéologie nationale. À l'origine du site se trouve, au début du XIe siècle, la fondation par le roi Robert le Pieux d'une église consacrée à saint Vincent et à saint Germain de Paris, installée dans la forêt de Laye sur un promontoire dominant la Seine. Cette église devint prieuré sous l'autorité d'abord de l'évêque de Paris et du chapitre Notre-Dame, puis de l'abbaye Notre-Dame de Coulombs. Vers 1124, Louis VI le Gros fit édifier en bois un palatium sur l'emplacement de la cour actuelle ; Philippe Auguste y substitua une tour-logis en pierre et des fortifications. À la fin du XIIe siècle, après un crime local, Philippe Auguste prit des mesures sévères à l'encontre de certains Juifs, épisode attesté par les sources. Saint Louis fit agrandir le château et fit construire, vraisemblablement sous la direction de Pierre de Montreuil, une chapelle castrale inaugurée en 1238, qui préfigure la Sainte-Chapelle de Paris. En 1346, lors de la chevauchée d'Édouard III, le prieuré et le château furent pillés et incendiés, seule la chapelle et la tour-logis échappant à la destruction ; Charles V fit ensuite reconstruire le donjon et restaurer la chapelle sous la conduite de Raymond du Temple. Après diverses vicissitudes, notamment une tempête en 1390 et une occupation anglaise de 1417 à 1440, le château redevint une résidence royale durable. Avec François Ier le site prit un nouvel essor : le roi épousa Claude de France dans la chapelle en 1514, et en 1539 il confia à Pierre Chambiges la transformation du château dans le style Renaissance qui caractérise encore l'édifice restauré au XIXe siècle. Le château actuel englobe des éléments plus anciens, comme le donjon de Louis VI et la Sainte-Chapelle élevée sous Saint Louis. Au XVIe siècle débuta la construction du Château Neuf, voulue sous Henri II et conduite par Philibert Delorme ; les travaux commencés en 1559 s'achèveront sous Henri IV. Plusieurs souverains et princes naquirent au château, qui fut le cadre d'événements historiques tels que le coup de Jarnac en 1547 et la signature de nombreux traités et édits. Louis XIV séjourna fréquemment à Saint-Germain entre 1661 et 1682 : il fit remanier les appartements par Le Brun et Le Vau, et confia à André Le Nôtre l'aménagement des jardins à la française et la création de la Grande Terrasse. Jules Hardouin-Mansart mena à partir de 1680 des travaux d'agrandissement qui donnèrent au château ses pavillons d'angle tardifs, tandis que la cour d'Angleterre en exil s'installa plus tard dans l'enceinte. Transformé sous l'Empire en école de cavalerie, puis employé comme pénitencier militaire de 1836 à 1855, le château connut enfin une reconversion muséale sous l'égide de Napoléon III, qui fit créer en 1862 le Musée des Antiquités celtiques et gallo-romaines. Classé monument historique et restauré par Eugène Millet, le château vit ses premières salles de musée inaugurées en 1867 ; la restauration chercha à restituer l'aspect Renaissance en supprimant des adjonctions postérieures. Le plan du château reprend le tracé de Charles V autour d'une cour trapézoïdale ; les ailes qui bordent la cour portent les dénominations traditionnelles d'aile du roi (nord), d'aile de la reine (est), d'aile des enfants du roi (sud-est), d'aile de la chapelle (sud-ouest) et d'aile de la salle des fêtes (ouest). La chapelle Saint-Louis, chef-d'œuvre du gothique rayonnant, se caractérise par une nef à vaisseau unique, de très hautes verrières, une grande rose occidentale et des ogives retombant sur des colonnettes ; sa construction et son rôle liturgique sont attestés par l'acte de 1238. La chapelle conserve une collection lapidaire comprenant des plaques gravées et des fragments de sarcophages ainsi que d'autres éléments médiévaux. La grande salle de bal, située dans l'aile ouest, achevée sous Henri II après des débuts sous François Ier, possède une vaste cheminée ornée de la salamandre de François Ier ; Louis XIV y fit établir une machinerie scénique et la salle accueillit de nombreuses représentations avant d'abriter aujourd'hui la salle d'archéologie comparée. Les jardins, conçus par André Le Nôtre à partir de 1663, comprennent de vastes parterres et la Grande Terrasse dominée par un panorama sur la vallée de la Seine, complétée par des aménagements successifs et des transformations au cours des siècles. Le grand parterre du Château-Vieux, remarquable par son étendue et ses fontaines, s'ouvrait autrefois vers la forêt par une perspective prolongée, tandis que le secteur du Château-Neuf s'organisait autour de terrasses monumentales et d'une vaste mise en perspective. Au XIXe siècle, un jardin paysager de style anglais fut aménagé par Alexandre Prosper Loaisel de Tréogate et une balustrade fut élevée le long de la Grande Terrasse sur projet de l'architecte des domaines. Les terrasses et les aménagements paysagers subsistent aujourd'hui, le domaine bénéficiant du label « Jardin remarquable » et conservant des traces de son rôle historique et paysager, tandis que le Château Neuf a en grande partie disparu et que ses terrasses ont été intégrées au tissu urbain.