Origine et histoire du Château de Saint-Hippolyte
Le château de Saint-Hippolyte, situé à Monestiés (Tarn), est un ensemble à cour fermée qui comprend en son centre l'église paroissiale Saint-Hippolyte. Il est inscrit aux monuments historiques depuis le 18 mars 1999. Le site est fréquenté depuis longtemps, une ancienne voie romaine traversant le domaine. La première mention écrite du château figure dans le testament de 1313 de Mabelia de Najac, veuve de Pons de Monestiés et de Saint-Hippolyte. Pendant deux siècles, la seigneurie appartint notamment aux Paulin de Monestiés et aux Mirabel, co-seigneurs de Monestiés. Des traces de reconstructions témoignent de dégâts subis durant la guerre de Cent Ans. Lors des guerres de religion, le 23 juillet 1595, le château fut assiégé et pris aux catholiques par Anne de Lévis, duc de Ventadour. La seigneurie se transmit souvent par les femmes ; en 1618 la succession d'Antoinette de Caraman mentionne Géraud Lebrun, leveur de tailles dont la fortune permit à ses descendants d'accéder aux charges du parlement de Toulouse et de s'allier aux grandes familles locales. Au XVIIIe siècle les Castelpers apparaissent parmi les seigneurs de Saint-Hippolyte, mais résidant peu, ils vendirent le château en 1786 à Pierre Viala pour 103 000 livres. En 1792 le château, qui n'avait pas été confisqué, fut pillé, puis une partie du domaine fut achetée en 1803 par Jean Cuq, aubergiste à Monestiés. La position excentrée de la propriété entraîna des changements fréquents de famille et parfois un abandon partiel par des propriétaires occasionnels. Des travaux importants aux XVIIe (époque Lebrun) et XIXe siècles (époque Decazes) ont rendu le lieu plus accueillant et moins austère. Sous la Restauration, en 1837, Viala et Cuq vendirent l'ensemble au vicomte Joseph Decazes, ancien préfet d'Albi ; ses descendants poursuivirent les transformations majeures. Guy de Palaminy, dernier descendant des Decazes, tenta sans succès d'en faire un élevage de chevaux et vendit la propriété en 1897 à Émile Falgueyrettes, négociant à Carmaux. Émile Falgueyrettes fut candidat de la droite aux élections législatives de 1910 et 1914 face à Jean Jaurès. La propriété appartient aujourd'hui à une SCI familiale regroupant plusieurs membres de la famille Raynaud, descendants d'Émile Falgueyrettes. Le château présente un quadrilatère aux angles occupés par des tours et une cour intérieure centrale. La façade orientale est un simple mur percé d'une galerie ; les trois autres côtés comprennent le logis au sud, des dépendances à l'ouest et la chapelle au nord. Si la régularité des façades et des ouvertures suggère une origine unique, un examen attentif révèle des traces de fenêtres géminées et de fenêtres à meneau dont le pilier central a été supprimé. Quelques meurtrières et canonnières rappellent le passé défensif de l'édifice. La chapelle, devenue église paroissiale Saint-Hippolyte, est inscrite aux monuments historiques depuis le 13 juillet 1927. La cour intérieure avait servi de cimetière attenant à l'église ; lors des grands travaux du vicomte Decazes ce cimetière fut transféré dans la prairie à l'est du château, où il reste visible quoique abandonné.