Origine et histoire du Château de Saint-Malo
Le château de Saint‑Malo, édifié entre le XVe et le XVIIIe siècle à l'est de la ville close, a été construit par les ducs de Bretagne pour asseoir leur autorité sur la cité. Il fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis juillet 1886. Les remparts, reconstruits aux XIVe et XVe siècles, furent complétés par plusieurs ouvrages des ducs : un petit donjon en 1395, le grand donjon en 1424, la tour Générale en 1475 et la tour Qui-qu'en-grogne en 1498. Le Grand Donjon, élevé par Jean V sur l'isthme qui reliait la ville au continent, présente un plan en fer à cheval et se détache des remparts, avec un grand pignon tourné vers la ville, un haut toit recouvrant partiellement un chemin de ronde crénelé et deux tourelles de guet. Aux XVIe et XVIIe siècles, le château fut intégré à la défense urbaine et complété par la construction des tours des Dames et des Moulins, puis par le bastion de la Galère en forme de proue. À la fin du XVIIe siècle, sous Louis XIV, les quatre tours furent arasées et dotées de plates‑formes pour l'artillerie; une chapelle fut élevée en 1696 et des casernements en 1698. L'ingénieur Siméon Garangeau reconsidéra l'étendue des remparts au début du XVIIIe siècle dans le cadre d'un vaste programme d'agrandissement qui incorpora aussi des ouvrages bastionnés du XVIIe siècle, tels que le cavalier des Champs Vauverts, le bastion de la Hollande et le Fort la Reine. Ce plan, lié aux travaux de Vauban et mis en œuvre par Garangeau, fit évoluer la cité fortifiée en quatre opérations successives entre 1708 et 1742, portant les superficies fortifiées de 16 à 24 hectares. Après la Révolution, une garnison du Génie s'installa dans le château et adjoignit des constructions contre les courtines; l'armée occupa l'édifice comme caserne jusqu'en 1921. Les douves et le pont‑levis furent supprimés à la fin du XIXe siècle pour laisser place à un jardin et à une place, et il subsiste peu d'éléments de l'enceinte du XIVe et du château primitif : la courtine ouest et une portion d'enceinte entre la tour Bidouane et le bastion de la Hollande, dite « les petits murs ». Le château connut plusieurs épisodes significatifs : perdu au profit du roi en 1395 puis restitué à Jean V en 1415, pris d'assaut par les habitants en 1590 pour empêcher une reddition, à nouveau soulevé en 1792, et utilisé en 1765 pour l'internement du procureur général La Chalotais. La cour intérieure est bordée au nord et à l'est par des casernes du début du XVIIIe siècle, aujourd'hui réaménagées pour des services municipaux. Dans l'aile est, le cabinet du maire conserve des boiseries sculptées de la fin du XVIIe siècle issues d'un hôtel d'armateur détruit en 1944. La cour dite de la Galère tient son nom du bastion triangulaire en forme de proue, ajouté au XVIe siècle et renforcé par Vauban. La tour Générale et le Grand Donjon abritent le musée d'Histoire de la Ville et du Pays Malouin. Le château fut fortement endommagé lors de la libération de Saint‑Malo en 1944 et a été restauré par la suite.