Origine et histoire du Château de Saint-Martin de Toques
Les ruines du château de Saint‑Martin de Toques, situées sur la commune de Bizanet (Aude), dominent un promontoire rocheux proche de l'abbaye de Fontfroide, à environ 2,4 km et à proximité de la D613. Le site est mentionné dès 978 et appartenait aux vicomtes de Narbonne. Dans l'enceinte se trouvait une chapelle qui fut le siège d'une rectorie du diocèse de Narbonne et dont les redevances dépendaient de la baylie de Canet; cette chapelle est mentionnée en 1360 mais pourrait être d'origine plus ancienne. Un acte vers 1020 indique qu'un Guillelmus Hibrini prêta hommage et serment de fidélité au vicomte de Narbonne pour les châteaux de Durban et de Saint‑Martin‑de‑Toques, suggérant des liens seigneuriaux avec la famille de Durban. Les vestiges, perchés sur le rocher, présentent une silhouette défensive adaptée au relief. Les courtines crénelées, qui épousent le rocher et sont munies d'archères courtes, paraissent représenter les éléments les plus anciens, attribués au XIIe siècle. La chapelle romane, probablement contemporaine de ces courtines, participe à la défense par son haut mur latéral en petit appareil. Deux tours circulaires bien appareillées semblent un peu plus récentes, peut‑être de la fin du XIIe siècle. Une tour d'angle polygonale, dotée de longues archères à étriers, ne peut être antérieure à la fin du XIIIe siècle. Ces éléments datés placent les composantes principales du monument essentiellement entre les XIIe et XIIIe siècles, la bibliographie évoquant parfois une chronologie plus large allant du XIIe au XIVe siècle. Le château contrôlait les voies reliant la vicomté de Narbonne à la région des Corbières, ce qui explique son implantation dominante. Après un long abandon à partir du XVIIe siècle, certains bâtiments ont été restaurés par des propriétaires privés depuis les années 1990. Inscrit aux Monuments historiques depuis 1926, le site demeure privé mais constitue un élément important du patrimoine local. Aujourd'hui non habité, il conserve des murs, des courtines et une cour reconnaissables malgré l'état de ruine, témoignant de son rôle militaire et des influences architecturales médiévales.