Origine et histoire du Château de Saint-Maur
Le château de Saint-Maur, dit aussi château d'Argent, se situe à Argent-sur-Sauldre (Cher), à la limite orientale du bourg, près de l'église Saint-André et à l'est de la route de Gien à Bourges. La terre d'Argent appartenait aux XVe et XVIe siècles à la famille d'Albret, qui la tenait des Sully. Elle fut acquise par Nicolas Dupré de Saint-Maur en 1764-1765, alors qu'il venait d'être nommé intendant de la généralité de Bourges. À cette époque, il entreprit de renouveler l'image de son domaine : le corps de logis, de plan en U, voit sa cour s'ouvrir vers l'église. Entre 1765 et 1776, Dupré fit démolir l'ancienne basse-cour et deux tours d'angle, puis fit édifier de nouvelles dépendances organisées autour d'une cour quadrangulaire comprenant grange, écuries, remises à carrosses et communs. En 1776 il fit ouvrir le château vers le nord sur une large avenue se prolongeant en direction de la route de Bourges et fit aménager des jardins d'inspiration classique d'après des plans de Defer, conçus selon les principes de Duhamel du Monceau. De ces aménagements subsistent quelques allées, le mur du potager, l'orangerie et une fabrique dite « temple de Bacchus », qui dominait un vignoble et fut probablement un logement de vigneron ; cette construction est communément attribuée à Victor Louis. Après son départ pour Bordeaux, Dupré commanda à Victor Louis un projet de reconstruction du château intégré aux jardins, projet qui ne fut jamais réalisé. Seul un bâtiment de communs, dit des greniers, élevé à partir de 1778 dans le même style que les autres annexes, subsista et lui est attribué. La même année, la cour d'honneur fut close par un saut-de-loup et une grille réalisée par Ramboy, serrurier du Faubourg Saint-Germain. Il semble que Dupré se soit désintéressé du domaine à partir des années 1783-1785. Au XIXe siècle, la propriété passa dans la famille de Montbel par le mariage de Gabrielle Dupré de Saint-Maur avec Philippe Baron de Montbel, et les jardins furent en partie recomposés en 1862 par le paysagiste Paul de Lavenne de Choulot. Les dépendances présentent une ordonnance classique et sobre, mais leur conservation a été compromise par l'emploi de matériaux locaux peu durables : briques et rognons de silex, avec un décor majoritairement en placage, mortier et enduits. Une partie des bâtiments, acquise par la municipalité et en mauvais état, fut démolie entre 1959 et 1974 pour permettre des opérations d'aménagement. La fabrique dite temple de Bacchus bénéficie d'une protection au titre des monuments historiques. Le bâtiment principal abrite aujourd'hui le Musée des vieux Métiers d'Argent-sur-Sauldre, qui rassemble objets et reconstitutions liés aux métiers locaux et à la vie paysanne et industrielle du XIXe siècle.
