Château de Saint-Pierre-Église dans la Manche

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château de style Classique

Château de Saint-Pierre-Église

  • La Cour du Haras
  • 50840 Saint-Pierre-Église
Château de Saint-Pierre-Église
Château de Saint-Pierre-Église
Château de Saint-Pierre-Église
Château de Saint-Pierre-Église
Château de Saint-Pierre-Église
Château de Saint-Pierre-Église
Château de Saint-Pierre-Église
Château de Saint-Pierre-Église
Château de Saint-Pierre-Église
Château de Saint-Pierre-Église
Château de Saint-Pierre-Église
Château de Saint-Pierre-Église
Château de Saint-Pierre-Église
Château de Saint-Pierre-Église
Château de Saint-Pierre-Église
Château de Saint-Pierre-Église
Crédit photo : Xfigpower - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Patrimoine classé

Château : inscription par arrêté du 6 janvier 1930 ; Portail d'entrée ; façades et toitures des deux pavillons d'entrée ; cour d'honneur ; parterre et perspective Ouest ; parterre Est (cad. A 547, 550, 560, 577, 578, 727) : inscription par arrêté du 28 septembre 1970

Origine et histoire du Château de Saint-Pierre-Église

Le château de Saint-Pierre-Église, bâti sur une légère élévation à 400 mètres à l'ouest de l'église Saint-Pierre, se situe dans la commune éponyme du département de la Manche, en Normandie. Cette demeure du XVIIIe siècle est partiellement inscrite au titre des monuments historiques. Au début du XVIe siècle, Jean de Clamorgan possédait une « forte maison à pont-levis close à eaux » avec douves face au portail de l'église ; la famille Clamorgan était alors seigneur de Saint-Pierre-Église. En 1575 la seigneurie passa à Richard Castel ; sous son fils Nicolas, partisan d'Henri IV, le château fut incendié en 1594 par Jean de Raffoville. Après une décision du Parlement de Normandie, Nicolas Castel obtint 6 000 écus d'or et, avec Jeanne de Couvert de Sottevast qu'il avait épousée en 1596, fit reconstruire un manoir Renaissance et la ferme, dont le fronton Empire est aujourd'hui intégré aux communs. En 1644 les terres de la famille Castel furent érigées en baronnie et Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre, né au manoir, acquit une certaine notoriété, notamment par la publication du Projet de paix perpétuelle, et séjourna fréquemment au château. Bon Hervé Castel (1682-1766), neveu de l'abbé de Saint-Pierre et second marquis de Saint-Pierre-Église, fit raser une partie du manoir Renaissance et entreprit, sur des plans attribués à Nicolas Blondel, la construction du château actuel, entreprise menée entre 1730 et 1758 ; les travaux durèrent une vingtaine d'années. À partir de 1730 la propriété fut entourée de murs et aménagée d'avenues rayonnantes formant une « étoile ». À la mort de Bon Hervé Castel, le marquis Bon Paul Jacques Érard de Belisle hérita du château en 1766 ; il participa aux cahiers de doléances de la noblesse du Val de Saire et prit le commandement de la Garde nationale. Les difficultés politiques marquèrent la famille pendant la Révolution : l'aîné émigra, les armoiries furent recouvertes de plâtre et Bon Paul Jacques fut déclaré suspect et emprisonné à Cherbourg en octobre 1793. Le 22 décembre 1802, l'épouse de ce dernier échangea la propriété avec Augustin Leviconte de Blangy, introduisant la famille Leviconte de Blangy dans la succession des propriétaires. Durant la Première Guerre mondiale le château fut transformé en hôpital militaire. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'occupant allemand organisa le parc avec de nombreux blockhaus puis les fit sauter en partant, causant de graves dégâts au château et au parc, et emporta deux grands tableaux du grand salon qui manquent depuis. À la Libération les Américains occupèrent le château et y logèrent 450 dockers travaillant au port de Cherbourg ; leur départ laissa la demeure fortement dégradée et Hubert de Blangy mit quinze ans à la restaurer. En 2018 le château appartenait au marquis Gérard de Blangy et à son épouse. Il ne subsiste aucune trace du château féodal, plus proche de l'église, et les vestiges du manoir Renaissance sont englobés dans les communs actuels. Le parc, qui s'étend sur 55 hectares, est clos de murs percés de quatre portes correspondant aux points cardinaux ; de larges avenues, plantées de chênes et de hêtres, convergent vers une composition en étoile. La grille d'entrée principale et ses deux pilastres cannelés, rapportés du château d'Écausseville par Auguste Pierre Henri Leviconte de Blangy après la guerre, remplacèrent des piliers de style Empire détruits ; une grande allée bordée de pavillons mène à la cour d'honneur. Le corps de logis, long de 46 mètres sur 26 mètres, repose sur un sous-sol voûté ; il présente un langage architectural sobre : murs en moellons enduits, angles et encadrements en pierre de taille, un étage sur rez-de-chaussée et avant-corps centraux à bossages surmontés de frontons sculptés. Deux pavillons saillants prolongent le bâtiment principal, éclairés chacun par quatre fenêtres symétriques, et la toiture à deux pans est percée d'une série de lucarnes alignées sur les baies du logis. Le rez-de-chaussée s'ouvre par de hautes baies vitrées surmontées de linteaux cintrés, seules celles des avant-corps centraux présentant un linteau en plein cintre. Les frontons portent des écus : au nord, les armes des Leviconte de Blangy ; au sud, celles de la famille de Choiseul-Daillecourt, liées notamment à Félix comte de Choiseul-Daillecourt, époux d'Athénaïs-Blanche de Blangy. Les trois pans coupés au centre de la façade abritent le grand salon polygonal, décoré de miroirs, de boiseries de style Régence et d'une cheminée en marbre dont la plaque de fond représentant Vénus a été refaite ; ce salon offre une vue sur la mer distante d'environ trois kilomètres. L'entrée présente un escalier d'honneur à rampe en fer forgé et un groupe en terre cuite représentant Ganymède et l'aigle ; la galerie du premier étage adopte une disposition peu courante. Les pièces, disposées en enfilade à la mode du XVIIe siècle, sont éclairées par de grandes fenêtres et dotées de hauts plafonds ; certaines ont conservé leur décoration ancienne, d'autres ont été restaurées après la Seconde Guerre mondiale. Le mobilier ayant été largement détruit, peu de meubles du XVIIIe siècle subsistent ; des panneaux peints au-dessus des portes, représentant des scènes de chasse, datent de la période de construction voulue par les Leviconte de Blangy, tandis que d'autres toiles évoquent des marines anglaises du XVIIIe siècle. La façade nord est bordée d'une terrasse qui domine des jardins autrefois dessinés à la française ; dans le parc, une tête d'homme sculptée orne l'un des pavillons. Un tunnel aurait relié le château aux caves de la cour d'Inthéville, à Fermanville. Au titre des monuments historiques, le château est inscrit par arrêté du 6 janvier 1930 ; le portail d'entrée, les façades et toitures des pavillons d'entrée, la cour d'honneur ainsi que les parterres et perspectives Ouest et Est font l'objet d'un arrêté d'inscription du 28 septembre 1970. La seigneurie et la propriété se sont succédé entre plusieurs familles — Lesage, Clamorgan, Castel, Érard de Belisle, Leviconte de Blangy, Choiseul-Daillecourt et de Blangy — dont les membres ont marqué l'histoire du lieu, et le marquis Gérard de Blangy et son épouse ouvrent aujourd'hui le château et le parc à des réceptions et à des visites de groupes.

Liens externes