Origine et histoire du Château de Sainte-Hermine
Le château de Sainte‑Hermine, situé à Sainte‑Hermine en Vendée, est un ancien château‑fort d’origine médiévale reconstruit au début du XVIIe siècle pour l’un des principaux seigneurs huguenots de la région. Une tour primitive fut établie sur une langue de terre protégée par la rivière, complétée par une tranchée laissant circuler l’eau autour de l’enceinte, et le site attira rapidement des habitats placés sous sa protection. La seigneurie est attestée depuis le XIIe siècle et liée à la fondation du prieuré Saint‑Hermand et de son église vers 1120, dont des vestiges subsistent en face de la place Clemenceau. L’église Saint‑Hermand fut incendiée en 1263, reconstruite, puis touchée par des violences religieuses au XVIe siècle ; vendue comme bien national à la Révolution, elle fut brièvement rendue au culte au début du XIXe siècle avant d’être abandonnée en 1808 et de connaître des opérations de remise en valeur au début du XXIe siècle. La chapelle castrale dédiée à Sainte Irmine devint paroisse au XIVe siècle et donna son nom au bourg proche du château, tandis que le faubourg autour du prieuré conserva le nom de Saint‑Hermand. La seigneurie passa par plusieurs familles — Pierre Troncas, Hervé de Mareuil, Chabot, Lusignan — puis, par alliances, à Dreux de Mello et à la maison de Brienne. Elle entra ensuite dans la maison de La Trémoille ; à la fin du XVIe siècle Charlotte‑Catherine de La Trémoille vendit la baronnie à François des Nouhes, chef calviniste et compagnon d’Henri IV. François des Nouhes transmit le domaine à son fils Jacques qui, poussé par Philippe Duplessis‑Mornay, fit reconstruire le château médiéval ; l’édifice contemporain fut achevé en 1622. La fille unique de Jacques des Nouhes apporta la baronnie à la famille de Courcillon (marquis de Dangeau) ; Philippe de Courcillon, baron de Sainte‑Hermine, devint ensuite une personnalité notable à la cour de Louis XIV. Le château passa encore par succession aux familles d’Albert et de Joussaume de La Bretesche, fut abandonné et en partie dépouillé pendant la Révolution, puis transmis à des héritiers dont les familles de La Ville de Férolles et de La Poëze ; sous le Second Empire le comte Olivier de La Poëze fut maire et député. En 1877 le monument fut acquis par la famille Michelon‑Landois‑Buet ; Armand Landois, maire de Sainte‑Hermine, y réalisa des transformations. Le château fut vendu en 1976 puis racheté en 1998 par Laurent Poultier du Mesnil, qui y organisa le festival de l’Histoire de France de Sainte‑Hermine. Plusieurs souverains et grands personnages y séjournèrent, parmi lesquels Philippe III dit le Hardi, Henri IV et Louis XIII ; Henri IV y vint à plusieurs reprises et l’un de ses compagnons, François des Nouhes, reçut honneurs et charges du roi. Louis XIII séjourna au château lors de sa campagne contre les huguenots et participa aux cérémonies liées à l’achèvement du nouvel édifice ; lors de travaux en 2004 une cheminée masquée et des peintures murales bleu fleurdelisé, comportant des attributs royaux, furent mises au jour et consolidées par la DRAC en 2008. Sur le plan architectural, la tour en éperon dite « Tour à Bernard » remonte à la fin du XIIIe siècle ; l’ancien château fort du XIVe siècle a été largement reconstruit au début du XVIIe siècle et remanié à l’époque de Louis XIII. Malgré les réaménagements du XIXe siècle, l’intérieur conserve des cheminées et des décors peints du début du XVIIe siècle. L’ensemble du château et de l’ancienne motte féodale a été inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques par arrêté du 17 février 2005.