Origine et histoire du Château de Salvanet
Le château de Salvanet, édifice du XVIIIe siècle situé à Saint-Priest-Taurion (Haute-Vienne), est une demeure classique due à l’architecte Joseph Brousseau. L’histoire de la terre de Salvanet remonte au Moyen Âge : le fief appartenait alors à la maison de Comborn, connue depuis 962. En 1509, la famille Dalesme de Châtelus acquit la terre, le château et ses dépendances, et conserva la propriété jusqu’en 1849. Au XVIIIe siècle les Dalesme habitaient l’ancien château dominant la vallée du Taurion ; en 1772 ils décidèrent d’ériger une nouvelle demeure mieux orientée sur le site. Joseph Brousseau, assisté de son frère entrepreneur Mathurin, conduisit le projet ; la démolition de l’ancienne bâtisse commença en janvier 1773 et le gros œuvre fut achevé en 1775. Pendant la Révolution la famille Dalesme subit des violences : les cartouches portant ses armoiries furent martelés par des révolutionnaires de Limoges, l’intérieur fut pillé mais la glace du grand salon et le médaillon de Louis XV furent épargnés, des hommes furent tués et des femmes emprisonnées où elles contractèrent le typhus ; un émigré rentré d’Angleterre tenta ensuite de rétablir la situation, sans pouvoir empêcher la vente du domaine en 1849. Le nouveau propriétaire, vers 1850, fit remplacer la terrasse à l’italienne ornée de pilastres et balustres par un étage mansardé, sans modifier sensiblement le plan de la demeure. Un siècle plus tard, la famille Talamon, qui avait acquis la propriété après les Dalesme, fit installer l’eau courante et un chauffage central à vapeur encore en service aujourd’hui ; la famille quitta la maison après le décès tragique de leur fille survenu pendant les travaux, et la propriété passa ensuite à un marchand de biens. En 1869, Adrien-Charles Calley Saint-Paul, gendre du savant Louis-Joseph Gay-Lussac, acheta le domaine comprenant le château, son parc, une réserve, un jardin potager clos avec deux serres, une dizaine de métairies, deux étangs et environ 180 hectares de bois, soit près de 300 hectares au total. Les filles de Calley de Saint-Paul contractèrent des alliances avec des familles militaires ; l’une épousa le fils du maréchal Bugeaud et l’autre le général Émile-Félix Fleury. L’héritage de Salvanet passa ensuite dans la famille Fleury puis dans celle de Laguiche ; Renée Bianchi, veuve en 1924, anima la vie du domaine jusqu’en 1947 et, pendant la Première Guerre mondiale, soigna les blessés à l’hôpital de Saint-Léonard avec sa fille. Durant la Seconde Guerre mondiale elle accueillit la Légation des Pays-Bas à Salvanet et, après un soutien initial à Pétain, apporta son aide à la Résistance en dissimulant notamment une automitrailleuse sous du foin ; elle eut la douleur de perdre son gendre, le marquis Jean de Laguiche, déporté et assassiné le 17 avril 1945, et son petit‑fils Claude de Laguiche, alias Pascal de Follin, fut tué le 8 août 1944 après s’être évadé et être rejoint la 2e DB. La propriété a successivement appartenu au vicomte Jacques Fleury puis au comte Renaud de Laguiche ; elle est aujourd’hui administrée par Ghislaine de Laguiche et son époux Cédric Henriot, qui en assurent la destinée avec leurs cinq enfants. Architecturalement, la façade principale sud présente un léger avant-corps central coiffé d’un fronton triangulaire au tympan sculpté et denticulé ; à l’est l’entrée principale s’ouvre depuis un pavillon en saillie sur un vestibule. Les pièces de réception se distribuent de part et d’autre d’un couloir central au rez-de-chaussée, schéma reproduit à l’étage où se situent les chambres ; Brousseau a déplacé l’accès principal sur la façade est dans l’axe du couloir longitudinal aboutissant à un vestibule en rotonde. Le décor intérieur comprend des boiseries et des dessus de portes peints. Le château de Salvanet est inscrit au titre des monuments historiques depuis 1989.
