Origine et histoire du Château de Sandaucourt
Le château de Sandaucourt, situé dans la commune du même nom dans l'ouest des Vosges, a été édifié probablement par Aloff de Beauvau ou par son demi-frère Claude de Beauvau. À la mort de Claude en 1553, la propriété entre en indivision et reste partagée entre les familles de Reinach et de Damas jusqu'en 1715. Ce régime d'indivision contribue à la sauvegarde du château pendant la guerre de Trente Ans : en 1636 les troupes françaises, qui occupent le village, épargnent l'édifice en raison de la fidélité des Fulligny-Damas au roi de France, alors que d'autres membres de la famille, comme Jean-Jacques de Haraucourt, servent le duc de Lorraine. Alberte-Barbe d'Ernécourt, épouse de Jean-Jacques, manifeste pour sa part une loyauté au roi de France. Le cardinal de Retz rend visite aux coseigneurs en 1672 pour le baptême de son filleul Jean-François Paul de Fulligny-Damas et séjourne à plusieurs reprises au château. En 1715, la propriété est vendue au marquis d'Amenzuaga de Riscal d'Alegre, puis revendue en 1735 au fermier général Sigisbert Richard, qui cède à son tour le château en 1770 à François de Saint-Ligier. Sous ce dernier, des transformations d'inspiration XVIIIe siècle modernisent l'édifice : comblement des douves, agrandissement des fenêtres anciennement à meneaux, ajout d'éléments extérieurs sur la façade principale (escalier, perron, balcon) et construction de deux pavillons symétriques encadrant l'entrée, prolongés par un mur en fer à cheval. François de Saint-Ligier se sépare de sa femme Agnès de Bry d'Artois ; elle occupe le château avec leurs fils avant d'émigrer à la Révolution, et par la suite le domaine revient par alliance aux Scitivaux de Greische, derniers nobles occupants. En 1931 la société Paul Couillard et Cie de Nancy acquiert le château et l'utilise comme fromagerie, les caves servant à l'affinage ; en 1969 la propriété est vendue à la société Breuil Girardel qui l'aménage en foyer pour immigrés travaillant à l'usine Manuest de Châtenois. Les travaux de restauration reprennent en 1976 lorsque le docteur Kirsch et son épouse Marthe-Odile Lersy achètent le domaine ; ils remettent en état les pièces d'apparat, certaines boiseries, le grand escalier et sa cage, les pavillons d'entrée et les dépendances. Le château est classé monument historique le 2 avril 1980 pour ses façades et toitures ainsi que les pavillons d'entrée, et pour le perron et sa rampe en fer forgé ; l'intérieur de la salle aux colonnes, où une chapelle a été reconstituée, est inscrit aux monuments historiques. Le domaine est ouvert au public à cette époque ; en 2000 le docteur Kirsch propose de le donner au Musée lorrain, proposition refusée, puis Matthieu Cognet, propriétaire du château de Thuillières, en fait l'acquisition et poursuit les restaurations engagées. Architecturalement, le château présente un plan carré entouré de quatre tours rondes aux angles, chacune munie de quatre bouches à feu et coiffée d'une haute toiture, ce qui témoigne de son double caractère de résidence de plaisance et d'édifice défensif. L'aspect massif de l'ensemble est adouci par de larges fenêtres à linteau décoré du XVIIIe siècle et par un balcon en ferronnerie sur la porte d'entrée ; des gargouilles à forme humaine surplombent le premier étage. Le château accueille les visiteurs en saison estivale et lors des Journées européennes du patrimoine ; on peut visiter les caves avec la seule cheminée encore en fonctionnement, des pièces restaurées telles que la salle à manger, le salon de musique, l'oratoire, le bureau, la salle de jeux, la chambre d'apparat et le couloir, ainsi que la salle à colonnes installée dans l'un des pavillons d'entrée du XVIIIe siècle, nommée d'après ses quatre piliers monolithiques et aménagée par le docteur Kirsch en musée liturgique évoquant les cérémonies d'avant le concile Vatican II. Le parc conserve un ancien bassin et la tombe de Marthe-Odile Lersy ; les dépendances abritent une collection de véhicules Panhard et les vestiges du pigeonnier circulaire. Une galerie d'images illustre les façades ouest, sud et est, les fondations du pigeonnier, la tombe de Marthe-Odile Lersy, ainsi que les intérieurs restaurés (salle à manger et cheminée, salon de musique, bureau, salle de jeux, couloir, chambre d'apparat, escaliers et salle à colonnes).