Origine et histoire du Château de Sedières
Le château de Sédières, situé à Clergoux en Corrèze, s'élève au cœur d'un domaine de 130 hectares de forêts, d'étangs et d'eaux vives. Classé au titre des monuments historiques le 8 mars 1958, il a été acquis en 1965 par le conseil général de la Corrèze, tandis que l'Office national des forêts a pris possession des 127 hectares de bois. Monument fortifié à l'origine, l'édifice se compose d'un corps principal de deux étages coiffé d'une tour d'escalier dominante, encadré par des ailes qui fermaient une cour intérieure ; l'une de ces ailes abrite le porche d'accès de l'ancien pont-levis. Une galerie ouverte au rez-de-chaussée, fermée aux étages et couverte en terrasse, est accolée au troisième côté de la cour. L'ensemble est orné de tourelles posées sur des culots sculptés, de fenêtres à meneaux et croisillons, ainsi que de pilastres et de linteaux sculptés relevant des styles Renaissance, Louis XII et François Ier. La corniche de la tour d'escalier et des façades sud-ouest et sud-est repose sur des corbeaux datant du XVe siècle. Sous la galerie, portes et fenêtres présentent des pilastres, linteaux et frontons sculptés de style Renaissance. À l'intérieur, la grande salle, décrite dans certaines sources comme datant du XVe siècle, affiche des nervures en arc en anse de panier et une vaste cheminée ancienne ; une autre cheminée Renaissance au deuxième étage porte une inscription latine peinte qui évoque le passage d'Henri IV au château. Le château, élevé à l'origine en quadrilatère, comportait quatre corps de bâtiments autour d'une cour : il ne subsiste aujourd'hui que le pont-levis franchissant les fossés et la porte d'accès flanquée de deux tourelles, tandis que le donjon carré à quatre étages se situait à l'angle opposé, au nord. Édifié par Jean Boutier au Moyen Âge, le domaine a été remanié à la Renaissance par Dominique de Sédières ; les travaux entrepris vers 1535, probablement aidés par des artistes ayant œuvré à Montal, se poursuivirent jusqu'en 1569. Au cours de cette transformation, les fossés furent comblés et remplacés par une terrasse, le mur d'enceinte qui assombrissait la cour fut abattu, des bâtiments frontaux furent démolis et des tourelles coiffées en poivrière vinrent agrémenter les façades ; la porte d'entrée reçut trois grandes arcades surbaissées ornées de colonnes corinthiennes et de nombreuses fenêtres moulurées remplacèrent les anciennes ouvertures. À la suite de ces travaux, seules subsistèrent quelques mâchicoulis et restes de fossés rappelant l'ancien dispositif défensif ; le château comprenait alors une cuisine et treize salles ou chambres, certaines dotées de cheminées monumentales. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les propriétaires successifs aménagèrent un jardin à la française et firent ériger une chapelle dédiée à saint Laurent, publique pour les habitants de Clergoux, chapelle qui fut détruite après la Première Guerre mondiale et que l'on situe vraisemblablement à l'emplacement de la maison du gardien. Vendus successivement au XIXe siècle, le domaine fut acquis en 1861 par le colonel Adolphe de Chanal, qui fit mener d'importantes restaurations en 1862, restauration dont la conception porte, selon certains, l'empreinte d'Eugène Viollet-le-Duc sans que cela puisse être formellement affirmé. Lors de ces travaux, l'aile nord-ouest fut reconstruite dans un style médiéval austère et les terrasses des deux premiers étages furent murées pour former des galeries ; les plafonds furent ornés de poutres ou de caissons, et les murs couverts de lambris et de tapisseries. La fille de ce propriétaire et son gendre poursuivirent la décoration intérieure en installant tapisseries de Flandres, faïences de Delft, plafonds italiens et mobilier de style Renaissance, et en faisant poser un chauffage et un éclairage au gaz. À partir de 1882 fut créé sur le domaine un orphelinat dit Institut agricole, confié à des religieux puis à des religieuses ; long de 43 mètres et formé de deux pavillons à trois étages, il pouvait accueillir environ cent enfants et fut fermé en 1904 à la suite des lois sur la laïcité, avant d'être détruit vers 1978 en raison de son état vétuste. Le château connut ensuite une longue période d'abandon et de dégradation : mobilier et boiseries furent pillés, une tourelle menaçait de s'effondrer sous la végétation, la toiture fut en partie éventrée, les cheminées et huisseries se sont disloquées, et la voûte de la grande salle dut être étayée. Réhabilité après l'achat départemental effectué pour 40 000 francs et mené en plusieurs campagnes sous la direction des architectes en chef des monuments historiques Gabor Mester de Paradj puis Pierre Lebouteux (1965‑1973), le château fut ensuite remis en valeur et animé par le conseil général, qui organisa en août 1974 le premier festival consacré à des concerts et spectacles de danse. Chaque été le site propose une exposition temporaire consacrée à un artiste local, des apéro-concerts gratuits les lundis à 19 h en plein air et des animations familiales les mercredis à 15 h.