Origine et histoire du Château de Selles
Le château de Selles est un ancien château fort du XIe siècle situé à Cambrai, dans le département du Nord (Hauts‑de‑France). Témoin rare de l'architecture militaire médiévale dans le nord de la France, il abrite le palais de justice depuis 1992, après des travaux de restauration. Les remparts ainsi que les façades et toitures des bâtiments du XVIIIe siècle font l'objet d'un classement au titre des monuments historiques par arrêté du 21 septembre 1981. Il se trouve dans la partie nord‑ouest de la ville, sur la rive droite de l'Escaut. L'existence d'un château à Selles au milieu du Xe siècle, et a fortiori à l'époque romaine, demeure hypothétique. Une anecdote rapporte qu'en 953, lors du siège de la ville par les Hongrois, un chef ennemi capturé aurait été décapité et sa tête exposée aux défenseurs du château sur un pieu. Si un ouvrage primitif existait alors, il aurait été un donjon sur motte, en pierre ou en bois, comme il s'en élevait à cette époque, mais aucun texte ne mentionne le château avant le XIe siècle. En 1119 une bulle papale évoque des moulins « près du château de Selles ». Entre 1026 et 1080, les évêques de Cambrai Gérard Ier, Liébert et Gérard II firent entreprendre d'importants travaux de fortification de la ville, d'abord en bois puis en maçonnerie, et il est vraisemblable que le château date de cette période. Il permettait aux évêques, qui exerçaient les pouvoirs comtaux depuis 948, à la fois de défendre Cambrai et de surveiller ses habitants. En 1270, l'évêque Nicolas de Fontaines fit reconstruire le château ; les vestiges visibles aujourd'hui datent de cette campagne. Après l'occupation de la ville par Charles‑Quint en 1543 et la construction d'une nouvelle citadelle sur le Mont‑des‑Bœufs pour « défendre la ville contre les Français », le château de Selles perdit une grande partie de sa fonction défensive mais continua d'être utilisé comme prison. Le château souffrit ensuite du siège de Cambrai par Louis XIV en 1677, l'attaque visant surtout le secteur nord entre le château et la porte Notre‑Dame. Aux XVIIIe siècle, les États de Cambrésis firent raser les superstructures et établirent des bâtiments destinés à la manutention militaire et à la boulangerie. En 1813 ces bâtiments furent convertis en hôpital militaire ; après la bataille de Waterloo en 1815 ils reçurent de nombreux blessés et conservèrent cette fonction jusqu'en 1940. Pour approfondir, on peut consulter la bibliographie existante, notamment les ouvrages de Jean Dauvegis, la direction de Michel Dussart et l'étude de Bernard Florin ; des notices figurent également dans la base Mérimée, des notices d'autorité comme VIAF et des illustrations sur Wikimedia Commons.
