Origine et histoire du Château de Senonnes
Le château de Senonnes, situé dans le bourg de Senonnes (Mayenne), et son terrain d'assiette archéologique sont classés au titre des monuments historiques par arrêté du 17 février 1988. Au début du XXe siècle, l'abbé Angot le décrit comme une masse imposante et sombre, partiellement en ruines mais encore partiellement habitée par le fermier ; il est construit en schiste ardoisier peu propice au travail d'art. Seuls les deux étagements d'ouvertures — portes, fenêtres et lucarnes — dans l'angle sud-ouest de la cour présentent un certain caractère, et une tour isolée paraît être le vestige d'un ancien mur d'enceinte. La décoration porte les armoiries d'Adrienne de Salles, ce qui suggère que l'édifice n'est pas aussi ancien qu'on pourrait le supposer.
La seigneurie de Senonnes relevait de Pouancé à charge de 9# et 78 truelles d'avoine du devoir, ainsi que de 40 jours de garde au château. En 1570, Jeanne Deffay, veuve de François Le Poulchre, était créancière de Jean du Boisjourdan ; Antoine du Boisjourdan, son fils, consentit envers François Le Poulchre une obligation de 1 153 écus, qu'il s'acquitta le 6 août 1592. En 1623, Jean-Marquis de la Motre, héritier de la demoiselle de Sévigné (elle-même héritière des Le Poulchre), réclama le montant de cette obligation à François du Boisjourdan, qui produisit toutefois la quittance.
Les premiers seigneurs mentionnés appartiennent à la famille de Tinténiac : Olivier (1332), Guillaume (1351, mari de Béatrix du Matz), un autre Guillaume marié à Jeanne de Boishamon (1391), Pierre, qui fonda une chapelle à Carbay et nomme ses père et mère (1438, 1458) et mourut sans enfants, puis Henri, frère de Pierre, mari de Jeanne Chédane et mort sans enfants avant 1465. La famille Le Poulchre comprend notamment François (vers 1520-1594), seigneur de la Motte-Mesmé, de Senonnes et d'autres terres, acquéreur avant 1537, maître d'hôtel de la reine de Navarre en 1548 et, en 1576, chevalier et capitaine ; son fils Alexandre, qui habitait le château, y décéda vers 1580 et laissa Senonnes à Jeanne Le Poulchre, épouse de René de la Motte-Baracé ; apparaissent ensuite des membres nommés Philippe (1601, 1607) et Marie Le Poulchre, veuve de Jacques de Sévigné (attestée 1607-1616).
La famille de la Motte-Baracé prend ensuite le relais : Jean de la Motte-Baracé (1568-1637), seigneur de Senonnes en 1624, eut six enfants à Senonnes dont Pierre. Pierre de la Motte-Baracé (1613-1695) épousa Adrienne de Salles le 23 février 1645 ; il résida ensuite à Senonnes, fit embellir l'église paroissiale et fit apposer un cadran solaire portant ses armes et les monogrammes du Christ et de la Vierge, cadran conservé à la cure de Senonnes. Adrienne de Salles, châtelaine au XVIIe siècle, eut 13 enfants ; parmi eux figuraient Jean et le plus illustre, Philippe-Claude de la Motte-Baracé.
Parmi les descendants figurent Jean, qui eut des alliances avec Radegonde du Plessis-Thomas (dont une fille Radegonde-Élisabeth, 1671) puis avec Marguerite de Raccapé, et Jean-Marquis de la Motte-Baracé, marquis de la Motte de Senonnes, époux de Suzanne-Élisabeth Prévost (1663-1734) et père de six enfants dont Pierre-Louis (né en 1716). Pierre-Louis de la Motte-Baracé (1708-1758), épouse de Catherine-Françoise Rieu, fut capitaine au régiment du roi et vendit en 1757 le château et la terre de la Motte-Baracé ; Catherine Rieu, devenue veuve en 1758, s'installa à Paris où elle se remaria. François-Pierre de La Motte-Baracé devint officier sous Louis XVI et entra en 1787 dans la noblesse de cour ; il quitta Senonnes pour Paris et, après avoir affermé la régie de sa seigneurie à Cyr Nicolas du Crest de Lorgerie pour la période 1785-1794, lui confia l'administration de la châtellenie. Le marquis et la marquise furent guillotinés à Paris le 7 avril 1794. Le manoir de Senonnes, le domaine, plusieurs métairies et un bois taillis, ainsi que Brécharnon, furent restitués en 1798 à Pierre-Vincent-Gatien, Alexandre et Marie-Alexandrine, enfants de François-Pierre de la Motte de Senonnes.