Origine et histoire du Château de Sepmes
Le château de Sepmes, ancienne châtellenie relevant de Sainte‑Maure, est un monument privé classé situé dans la commune de Sepmes (Indre‑et‑Loire). Construit pour Jean de Taix, gouverneur de Loches et ambassadeur à Rome, grand maître de l'artillerie en 1546, il présente des vestiges de la Renaissance répartis dans un corps de logis rectangulaire flanqué d'un pavillon sur plan carré. Ce pavillon, probablement la partie la plus ancienne, paraît avoir remplacé la forteresse primitive dont l'emplacement exact reste inconnu. Le corps de logis principal, qui devait comporter deux étages, a été en partie rasé ; l'ensemble a été élevé apparemment d'un seul tenant. À l'intérieur subsiste un escalier droit, très proche de celui d'Azay‑le‑Rideau : rampes droites séparées par un mur d'échiffre, couvrement par une double rangée de caissons portés sur arcs en anse de panier et mains courantes se terminant en crossette. Les caissons de l'escalier sont sculptés de grands fleurons et quelques paliers conservent des clefs pendantes. La cheminée de la grande salle porte des peintures et la devise "CONCORDIA FRATRUM" en lettres dorées sur le manteau. Dans la cour, un puits a conservé une margelle monolithe dont les gargouilles sculptées évoquent des lions. Les dépendances ont été très endommagées et mutilées, et la façade Est était autrefois ornée de colonnes rondes à chapiteaux corinthiens. Dominant le vallon au sud du village, il ne reste aujourd'hui que le corps de logis principal et son pavillon ; le château et ses abords ne sont pas ouverts à la visite.
Le site fut successivement détenu par plusieurs familles : en 1331 par Guillaume de Baygnan, en 1393 par Gilles de Baygnan, en 1400 par la famille Isoré, en 1454 par Antoine Guenand puis en 1460 par Gaucher d'Aloigny, dont la fille Françoise épousa vers 1479 Jacques de Thais, conseiller et chambellan du roi Louis XI. La lignée des Thais voit notamment Aimery dit Emery de Thais, seigneur de Sepmes, qui rendit hommage et fut impliqué dans des procédures seigneuriales et financières, et dont le fils Jean vendit les seigneuries de Sepmes et de Fresnay à Pierre Strozzi et à son fils Philippe en février 1549. Jeanne de Thais reprit ensuite la terre par retrait lignager à partir de 1552, laquelle revint à Louis Brossin, seigneur de Méré, son mari, puis à sa descendance, avec des transmissions familiales jusqu'à l'entrée des seigneuries dans la maison de Rohan au début du XVIIe siècle. En 1702, les seigneuries passèrent à la famille de Voyer de Paulmy d'Argenson ; en 1789 la propriété appartenait à Marie‑Marc‑Aline de Voyer d'Argenson et à Jeanne‑Marie‑Constance de Mailly d'Haucourt. Les procès‑verbaux de 1799 signalent un état de délabrement avancé sans transformation radicale de la distribution du château.
Le château fut vendu en 1863 par le comte de Murat ; des travaux menés en 1868 par Mme Granger Raguin ont peut‑être entraîné de nouvelles ouvertures. Au XXe siècle, l'édifice subit des détériorations, des usages agricoles et divers, et servit parfois d'espace de stockage ou de prison pendant la première guerre mondiale ; un projet de hangar en 1948 fut jugé tolérable. En 1929, le propriétaire M. J. Chevassu tenta de vendre l'escalier à un antiquaire, mais l'intervention d'Edmond Rigaud, architecte en chef des Monuments historiques, entraîna une demande de classement d'urgence et interrompit le dépeçage ; les éléments n'ayant pas été livrés, le château fut inscrit à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques le 6 janvier 1930. Une demande de classement de l'escalier proposée en 1952 par M. Trouvelot échoua, puis le château fut acquis en 1973 par les propriétaires actuels qui entreprennent depuis des travaux de restauration.
La façade sur cour laisse apparaître la distribution intérieure par ses ouvertures et la travée de l'escalier se marque par des portes jumelles et des différences de taille des croisées ; le niveau supérieur est aujourd'hui tronqué. Le traitement de la façade présente un "quadrillage blésois" avec pilastres superposés et bandeaux moulurés horizontaux, ainsi que des chapiteaux comparables à ceux des châteaux de Blois, Azay‑le‑Rideau et Bonnivet. La porte d'entrée, analogue à celle d'Azay‑le‑Rideau, évoque un arc de triomphe romain, et l'ensemble mêle des éléments italianisants et des éléments plus féodaux, comme des mâchicoulis au sommet du pavillon. À l'intérieur, malgré les mutilations, on distingue deux grandes salles superposées dans le corps de logis et, dans le pavillon, deux chambres superposées, toutes terminées par un niveau sous comble ; aucun mobilier conservé n'est d'origine. La fresque peinte sur la hotte de la cheminée du deuxième étage du pavillon, dont l'interprétation reste incertaine et pourrait renvoyer aux mythes d'Éole, est probablement postérieure à l'architecture de la cheminée et serait à attribuer à la famille Strozzi plutôt qu'à Jean de Thais. Deux dessins du château, réalisés en 1713 par René‑Louis de Voyer, marquis d'Argenson, figurent dans un ensemble topographique rassemblant des vues d'édifices possédés par la famille. Le château de Sepmes a d'abord été inscrit sur l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques le 6 janvier 1930, puis classé au titre des Monuments historiques le 26 mai 1977 ; sa fiche Mérimée porte le numéro PA00098112.