Origine et histoire du Château de Serres
Le château de Serres, situé à Labessière-Candeil (Tarn), est le seul vestige des résidences secondaires des abbés de l'abbaye cistercienne de Candeil, fondée vers le milieu du XIIe siècle et aujourd'hui disparue. La construction du château est attribuée aux années 1430-1453 et se serait achevée au milieu du XVIe siècle. À partir du XVe siècle il a servi de résidence secondaire des abbés, fonction qui cessa après 1514. L'abbaye de Notre-Dame de Candeil, fille de Grandselve, occupait des terres fertiles entre le Tarn et le Dadou, réputées pour les vins de Gaillac et la culture du pastel ; des terres lui appartenant sont attestées dès 1188 et un acte de 1263 autorise la construction de bâtiments agricoles.
La grande tour, d'abord grange dîmière, abritait les stocks prélevés sur les paysans, faisait office de tour de guet et protégeait les réserves ; ce type de maison de campagne fortifiée servait au stockage des récoltes, des dîmes et à l'hébergement du personnel. La menace liée au passage des compagnies de routiers pendant la guerre de Cent Ans contraignit les abbés à transformer des bâtiments agricoles en maison forte : une seconde tour fut édifiée et un bastion protégea l'accès depuis la route. Durant les guerres de religion, le village de Labessière fut pris par les protestants, mais le château demeura inviolé.
L'abbé Guillaume de Boisset fit aménager le logis en ouvrant de larges fenêtres et en agrandissant les cheminées ; le château devint alors résidence principale des abbés, avant de perdre ce statut un siècle plus tard et d'être réutilisé comme grange cistercienne. Un procès en 1731 dressa un état des lieux constatant le délabrement des bâtiments et entraîna des travaux de réduction des risques, notamment l'abaissement d'une tour, la démolition d'une autre et le comblement des douves. À la Révolution, le château fut vendu comme bien national, devint une ferme et connut d'importants remaniements au XIXe siècle. Il a depuis été racheté par ses propriétaires actuels, qui s'emploient à le restaurer.
Il subsiste aujourd'hui deux tours et d'importantes dépendances. La plus grande tour, de plan barlong et élevée de trois étages plus combles, abrite la chapelle au dernier étage ; ses murs et voûtes sont entièrement ornés de peintures murales, dont un panneau représentant les moines aux pieds de la Vierge. Les caves voûtées avec pilier central et l'escalier à vis témoignent de la capacité de stockage et de l'organisation intérieure du site. On observe encore deux canonnières et des traces de meurtrières obturées. Les peintures de la chapelle sont classées aux monuments historiques, les autres éléments du château étant inscrits ; l'ensemble bénéficie d'une protection depuis le 31 décembre 1980.