Origine et histoire du Château de Soulgé
Le Château de Soulgé, situé à Saulges en Mayenne, se trouve à 2 500 mètres au nord‑ouest du bourg.
Désignation : les sources présentent plusieurs graphies du nom, notamment Decima de Sougé (XIIIe siècle, Cartulaire de la Couture), Soulgé le Courtin (1361, Chartrier de Soulgé), Sougié (1368, Archives nationales), ainsi que des attestations ultérieures chez les Titres de Villiers, le Censif de Sainte‑Suzanne, Jaillot et Cassini.
Histoire : un aveu rendu le 3 janvier 1361 concerne Guillaume de Mathefelon. Un aveu du 14 janvier 1418, présenté à Guy de Mathefelon au regard de sa terre de Chources, mentionne le portail, les parties séparées de l'hébergement par les douves, plusieurs haies, faux, murgiers à connins avec droit de garennes défensables, ainsi que l'outreplus de l'hébergement tenu du seigneur de Montguion, lui‑même relevant du sire de Mathefelon. Un service de cinq sols est également cité en faveur du seigneur de Thévalle en 1437. Le château a été inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 4 juillet 1988.
Description : selon l'abbé Angot, le corps de logis paraît dater du XVIe siècle, bien qu'on y observe l'écusson des Courtin. L'ensemble est entouré de douves murées, larges et profondes, alimentées par des eaux vives, qui assuraient une défense sérieuse. Le portail est conservé intact avec ses deux étages, ses embrasures et les rainures du double pont‑levis. Sous la terrasse ont été relevées des caves ou des galeries. La chapelle était encore en service en 1636. À la fin du XIXe siècle, la vue du château comprenait un étang et une haute futaie. En mai 1796, Louis Auguste Victor de Ghaisne de Bourmont écrit du château à Claude‑Augustin de Tercier pour lui demander une entrevue.
Propriétaires et seigneurs : la famille Courtin apparaît parmi les titulaires anciens, Huet Courtin étant mentionné (décédé en 1330) et Jean Courtin en 1361; Aliette Courtin épouse Jean de Chandemanche au début du XVe siècle, René de Chandemanche est cité en 1461. Louis de la Palu, époux de Mathurine de Chandemanche, est signalé en 1490, et Marguerite d'Arquenay, veuve d'Olivier de la Palu, en 1532. La maison du Bellay détient ensuite le domaine : Jacques du Bellay († 1580) et plusieurs de ses parents — Eustache II, Charles, Pierre et Guy du Bellay — sont nommés dans les sources; Pierre du Bellay habitait le château en 1592 et y firent baptiser des enfants entre 1589 et 1591 au plus fort des troubles de la Ligue. Le 14 janvier 1593, plusieurs membres de la famille du Bellay se réunissent au château pour délibérer sur des liens de parenté; Pierre du Bellay, seigneur de Soulgé, est ensuite compris dans la capitulation de Laval, signée par le roi le 8 mai suivant, et possédait un passeport royal pour se présenter à Laval. Avant 1681, Jean de la Porte acquiert la propriété; un abbé de la famille, par testament de 1691, lègue sa fortune aux œuvres pieuses, mais Soulgé reste à ses proches par un arrangement. En 1763, Joseph‑Nicolas Rousseau de Monfrand hérite de René Charles François de la Porte; lui et sa veuve Marie Duchemin possèdent le château en 1780, et la famille Rousseau de Monfrand le conserve pendant la fin du XVIIIe siècle et une grande partie du XIXe siècle. Charles Georges de Beaulaincourt vend le château en 1898 à François Juhel, marquis de Lamotte‑Baracé, qui le revend en 1905 au peintre parisien Julien Perrey; en 1956, la propriété est acquise de la veuve de Julien Perrey.