Origine et histoire du Château de Sourdéac
Le château de Sourdéac, situé à La Gacilly (commune déléguée de Glénac) dans le Morbihan, occupe une hauteur qui domine l'Aff, à environ un kilomètre à l'est-nord-est du bourg de Glénac. Le corps de logis et la chapelle ont été en grande partie démolis ou remaniés ; l'élément le plus intéressant conservé est la tourelle d'escalier, en saillie et à peu près centrée sur la façade principale. Cette tourelle octogonale est bâtie en tuffeau sur un soubassement en schiste ; elle abrite un escalier à vis aux marches en pierre et présente un plan polygonal extérieur, trois fenêtres à meneaux à mi-étages et une porte en anse de panier. Le rez-de-chaussée du logis est maçonné en schiste tandis que les niveaux supérieurs sont en tuffeau. À l'intérieur subsistent quatre cheminées du XVIe siècle, construites avec des matériaux variés — jambages en granit, linteau en schiste et trumeau en pierre blanche — et réparties dans plusieurs pièces du rez-de-chaussée et de l'étage.
Le site est regardé dès la réformation de la noblesse : il est mentionné en 1427 comme manoir appartenant à Guillaume de la Motte, qualifié d'"entien", puis apparaît en 1448 et en 1514 dans d'autres textes de réformation, et encore en 1666 dans un état de fief décrivant la seigneurie et ses dépendances. La construction du logis résulte de plusieurs campagnes ; aucun élément conservé ne paraît antérieur à la seconde moitié du XVe siècle. De cette époque datent certaines cheminées et le plan général en L avec tours secondaires au nord et à l'ouest, ainsi que la tour d'escalier d'angle, travaux attribués à la famille de Rieux.
Une seconde campagne mieux documentée intervient au moment du mariage de Jean de Rieux en 1548 ; il fait reconstruire la belle tour d'escalier en tuffeau sur la base de la tour antérieure et fait modifier les communications intérieures. L'entrée est désormais assurée par la tour, à la manière des pratiques du Val-de-Loire, et les portes reliant la tourelle aux pièces d'habitation, ainsi que les accès aux deux corps hors-œuvre destinés à garderobe et toilettes, datent de ce chantier. Le manoir semble alors doté d'un étage supplémentaire, comme l'atteste une porte bouchée en haut de l'escalier, et la tour conserve une gargouille dans son avant-dernier niveau, liée à l'ancien niveau de toiture.
À la Révolution, le manoir, en mauvais état, est vendu comme bien d'émigré à la famille Eoche-Duval, qui fait détruire l'aile sud avant 1840 ; la chapelle à l'angle sud-ouest de la cour existe encore à cette époque tandis que la métairie à l'est est en ruines. Le plan cadastral de 1840 signale deux parcelles désignées comme le colombier, lequel n'existe plus aujourd'hui. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, peut‑être autour de 1874 lors de l'héritage par François Eoche Duval, les ouvertures de la façade principale sont reprises en tuffeau dans un style néo-gothique inspiré des baies de la tour ; les reprises visibles autour de ces baies suggèrent le remplacement d'ouvertures antérieures plus larges. Sur l'élévation nord, des fenêtres à traverse en tuffeau sont associées à une seconde ouverture en schiste, tandis que la distribution intérieure est remaniée : un couloir à l'étage dessert désormais des chambres indépendantes qui communiquaient auparavant. Au rez-de-chaussée, deux portes en plein cintre sont créées dans la pièce sud‑ouest pour desservir la cuisine et le salon, et de nouveaux communs sont aménagés à l'ouest de la cour, la clôture de celle-ci disparaissant au profit d'un portail sur la route.
En 1911, l'acquéreur Victor Bellouard procède à des modifications des ouvertures de la façade sud‑ouest en grès rouge local, puis, au milieu du XXe siècle, des lambris du XVIIIe siècle provenant d'un château de la Manche sont rapportés dans le salon du rez-de-chaussée. Le manoir a traversé plusieurs propriétaires : après la famille de La Motte et la famille de Rieux, il est vendu en 1796 à Julien Mathurin Eoche-Duval, reste dans cette famille jusqu'au début du XXe siècle, accueille au XIXe siècle l'écrivain Paul Féval et fait l'objet d'une restauration au même siècle. Vendu en 1907 à Victor Bellouard puis en 1949 à Hervé de Cacqueray, il appartient encore à la famille de Cacqueray au début du XXIe siècle. Un gîte rural ouvre en 1989 et des chambres d'hôtes en 1997. La tourelle d'escalier a été inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 24 avril 1925.