Origine et histoire du Château de Sucy-en-Brie
Le château de Sucy, également appelé château Lambert ou château de Berc, est situé à Sucy-en-Brie dans le Val‑de‑Marne. De style classique, il se compose d’un corps de logis en pierre de taille flanqué de deux pavillons et présente un étage surmonté d’un toit mansardé en ardoise, offrant un second niveau. Construit comme maison de plaisance pour des propriétaires résidant à Paris, il domine la vallée du Morbras depuis la limite du plateau, avec une vue dégagée sur la vallée, la ville d’Ormesson et, vers l’ouest, Paris. Classé au titre des monuments historiques le 18 juillet 1975, il fait l’objet d’un dossier à l’inventaire général du patrimoine culturel établi en 1984.
L’accès principal se fait par une cour d’honneur précédée d’une porte monumentale; l’enceinte de cette cour a toutefois disparu. Le pavillon ouest, en léger contrebas, est appuyé par une orangerie en pierre de taille sans étage. Au centre de la façade sud, le vestibule saillant est encadré de deux colonnes, surmonté d’une frise et d’un balcon à balustrade en fer forgé ; des consoles sculptées portent des bustes et des vases décoratifs, et la porte du balcon est coiffée d’un fronton triangulaire. Des cadrans solaires ornent chacun des premiers étages des pavillons. La façade nord s’ouvre sur le parc, où s’élèvent aujourd’hui les tours de la Cité verte ; en raison de la pente, la sortie nord du vestibule donne sur un escalier. Tant au rez‑de‑chaussée qu’au premier étage, les murs sont décorés de consoles portant des bustes, les consoles du premier étage étant vides.
À l’intérieur, un vaste vestibule traverse le rez‑de‑chaussée et relie les portes nord et sud ; il est dominé par un bel escalier en pierre menant au premier étage. Deux escaliers en bois, logés dans les pavillons, desservent le second étage. L’aile ouest comprenait à l’origine une grande chambre dans le pavillon, la salle à manger et une petite chapelle ouvrant sur le vestibule, tandis que l’aile est réunissait une chambre de pavillon et la grande salle de réception. Au XIXe siècle la chambre de l’aile ouest fut transformée en bibliothèque et celle de l’aile est en salon ouvrant sur une serre disparue ; l’orangerie fut alors subdivisée en deux parties et deux chambres contiguës au château, disposition encore constatée en 1912. Au premier étage se trouvait une grande salle de billard servant de galerie de peinture, devenue ensuite un grand salon ; en 1912 le château comptait trois grandes chambres et trois petites à cet étage. Le second étage, sous de vastes combles, abritait en 1912 quatre grandes chambres et quatre chambres de domestiques, et le sous‑sol, pour partie issu de l’ancienne demeure, contenait une grande cuisine et des dépendances.
Le domaine appartenait à l’origine à l’abbaye de Saint‑Maur‑des‑Fossés ; la seigneurie fut vendue en 1577 à la famille Le Cirier, puis en 1640 à Jean‑Baptiste Lambert. Jean‑Baptiste et son frère Nicolas aménagèrent les abords de la maison seigneuriale avec parterres, bassins, jets d’eau, potager, verger, melonière, orangerie et jardin de fleurs, et Nicolas agrandit et embellit le parc entre 1644 et 1652. En 1660 Nicolas Lambert fit raser l’ancienne maison en ne conservant que les caves et fit construire le château actuel par François Le Vau, assisté d’André Ledoux et de Nicolas Fourault ; les décors sculptés sont attribués à Van Opstal. Il fit encore ériger en 1675 le portail et deux pavillons d’entrée, puis l’orangerie fut édifiée en 1687. Vers 1964, les fabriques, les pavillons d’entrée et le mur d’enceinte furent démolis.
La propriété passa ensuite aux familles La Live (à partir de 1719), Ginoux (à partir de 1780), Meux (à partir de 1892) puis Bès de Berc (à partir de 1912). En 1956 la Caisse des dépôts et consignations acquit le château et fit édifier dans le parc la Cité verte composée de 21 tours ; le château fut alors abandonné et menacé de démolition en 1959, projet arrêté par l’opposition des Services des Monuments historiques. La mairie de Sucy‑en‑Brie acheta le château le 22 septembre 1969 et décida sa réhabilitation ; après son classement en 1975, les travaux commencèrent. L’orangerie, inaugurée en 1989, est aujourd’hui une salle de spectacles et d’expositions ; la métairie, restaurée, est devenue en 1990 le Musée de Sucy géré par la Société historique et archéologique de Sucy. Après de longs travaux, le corps principal du château a été inauguré en 2007 et abrite la Maison des Arts et des Musiques.