Origine et histoire du Château de Sully-sur-Loire
Le château de Sully-sur-Loire, situé au bord de la Loire dans la commune éponyme du Loiret, occupe un site entouré d'eau au confluent de la Loire et de la Sange, sur la rive gauche près du pont. Mentionné dès 1102, il contrôlait autrefois un pont aujourd’hui disparu et n’a appartenu au cours des siècles qu’à trois grandes familles, dont les La Trémoille puis les Béthune. Une tour maîtresse est attribuée à Philippe Auguste en 1218 ; la reconstruction majeure du château actuel débute en 1396 pour Guy VI de La Trémoille, selon des plans dressés par Raymond du Temple. Au XVe siècle et au début du XVIe siècle, des bâtiments et des tours sont ajoutés, notamment un édifice au sud-est vers 1524 ; au milieu du XVIIIe siècle, un bâtiment est élevé au nord du corps d’entrée. Maximilien de Béthune, devenu propriétaire en 1602, entreprend de nombreux aménagements entre 1602 et 1607 et fait aménager un parc destiné à protéger le site des crues. Le château a subi un incendie en 1918 ainsi que des bombardements en 1940 et en 1944, et il est resté dans la famille du premier duc de Sully jusqu’à son acquisition et sa restauration par le conseil général du Loiret en 1962. Le site est classé aux monuments historiques depuis 1928 et son parc et ses dépendances sont inscrits depuis 1944 ; il est ouvert au public depuis 1933 et fait partie de la vallée de la Loire classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Le plan du château distingue deux ensembles principaux : le donjon et le « petit château », fermant la cour au sud du donjon. Le donjon rectangulaire, cantonné de quatre tours circulaires et pourvu d’une porte flanquée de deux tours vers le sud, correspond aux travaux menés par Guy de La Trémoille ; sa charpente en berceau brisé, sous comble, est un ouvrage remarquable du XIVe siècle. L’intérieur du donjon, profondément réaménagé par Maximilien de Béthune, offre au premier étage une grande salle dotée de portes en bois du XVIIe siècle, une cheminée ornée d’une peinture et la porte de fer qui mène au « cabinet » de Sully ; l’ensemble illustre la distinction entre espaces d’apparat et logis privé. Le petit château, composé d’un logis et de deux tours, comprend la tour d’entrée carrée et une tour du sud-est reconstruite au XVe siècle sur une construction plus ancienne ; le logis, bâti dans la première moitié du XVe siècle, devient à partir du XVIe siècle la résidence habituelle des seigneurs et reçoit des décors et du mobilier remaniés à la fin du XIXe siècle. Le corps qui relie le petit château au donjon date du XVIIIe siècle et a été refait après l’incendie de 1918. Des travaux récents, notamment l’ouverture des Appartements de Psyché en 2007 et des campagnes de remeublement menées avec le Mobilier national et le Centre des monuments nationaux, ont permis de valoriser les intérieurs, parmi lesquels la Salle d’Honneur, la Chambre de Psyché avec sa tapisserie du XVIIe siècle, plusieurs salles meublées et la charpente médiévale du donjon.
La basse‑cour, à l’est, conservait autrefois le donjon primitif construit sous Philippe Auguste et l’église collégiale Saint‑Ythier, cette dernière ayant été transférée par M. de Béthune à l’intérieur de la ville. Le parc, vaste et entouré de canaux réalisés par Maximilien de Béthune, subsiste aujourd’hui comme aménagement paysager destiné à protéger le site des crues de la Loire. Classé parmi les « Maisons des Illustres », le château accueille un important public et des événements culturels réguliers, notamment le festival de Sully et du Loiret créé en 1973 ; il a reçu 63 138 visiteurs en 2015. Des tapisseries et d’autres objets liés au château figurent dans des collections publiques, et certaines pièces furent acquises par l’État lors d’une vente en 1942.