Origine et histoire du Château de Tayac
Le château de Tayac, situé sur la commune des Eyzies-de-Tayac-Sireuil, est classé Monument historique le 26 décembre 1968 et abrite le Musée national de Préhistoire. La plateforme qui le porte a été occupée dès la préhistoire et a livré des gisements magdalénien et azilien. Les sources mentionnent plusieurs phases d’occupation et de construction : certains éléments sont attribués aux XIe‑XIIe siècles, d’autres situent un château primitif, dit Roc de Tayac, autour du XIIIe siècle, tandis qu’une forteresse est érigée ex nihilo par Jean Guy de Beynac entre 1578 et 1585. Le site subit les vicissitudes des guerres : il passa entre mains françaises et anglaises pendant la guerre de Cent Ans, fut reconstruit au XVIe siècle, assiégé par les croquants en 1595 et fit l’objet, en 1606, d’un ordre royal de démantèlement lié vraisemblablement à la condamnation de Jean Guy de Beynac. Implanté sur une terrasse rocheuse qui domine le confluent de la Beune et de la Vézère, le château utilise largement le rocher dans sa construction : certaines parties sont creusées dans la masse, d’autres bâties en pierre de taille. Les murs de défense reposent sur un encorbellement de la falaise; les chambres, couloirs et escaliers sont taillés dans le rocher. L’accès principal se fait par une porte en plein cintre à grands claveaux ouvrant sur un passage à la fois bâti et taillé, qui barre l’entrée de la plateforme sous le bâtiment en retour d’équerre de la façade principale. Le corps de logis, parallèle à la falaise, comportait à l’angle sud‑ouest une petite tourelle en encorbellement. Jean Guy de Beynac choisit cet emplacement pour sa visibilité et pour la proximité du village des Eyzies, de la forge, des moulins et du passage de la Vézère ; il exploita en carrière le rocher dont il extrayait les quartiers nécessaires à l’élévation de la forteresse. Les descendants de Jean Guy continuèrent d’occuper le château ; au XVIIIe siècle, par mariage, il passa à la famille La Borie de Campagne et Isabeau de Beynac y résida jusqu’à sa mort. Géraud, son petit‑fils, envisagea des travaux mais la Révolution entraîna son émigration. En 1798 les terres, dont le château, devinrent domaine national; en 1804 François Lassudrie acquit le site avec l’intention de démolir la construction pour exploiter la pierre, projet finalement abandonné. La fille de Lassudrie, Jeanne, transmit le bien puis, en 1846, un échange le porta à Antoine Esclafer, dont l’acquisition contribua à préserver les ruines ; la famille Esclafer reconstitua plusieurs des biens jadis possédés par les Beynac mais les projets de restauration restèrent limités. En 1913 le château fut cédé pour dix mille francs à l’État par l’intermédiaire de Denis Peyrony afin d’abriter le Musée national de Préhistoire; Peyrony joua un rôle déterminant dans la mise en place d’une politique patrimoniale et muséale régionale. Pour améliorer les réserves, deux bâtiments furent élevés en bout de terrasse en 1966‑1967. Une extension achevée en 2004, conçue par l’architecte Jean‑Pierre Buffi, a ajouté des surfaces d’exposition, selon les chiffres disponibles plus de 3 600 m² de nouvelles surfaces et 14 850 m² de galeries d’exposition.