Origine et histoire du Château de Théobon
Le château de Théobon, perché sur un « pech » à Loubès-Bernac (Lot-et-Garonne), offre des vues étendues dans toutes les directions. D'origine fortifiée au XIVe siècle, il a été transformé en résidence au XVIIe siècle. Le lieu apparaît dans un acte de 1327 où Gaubert de Mayrac se dit seigneur de Théobon ; la seigneurie reste dans cette famille jusqu'à la fin du XVe siècle, puis passe aux Ségur puis aux Pierre-Buffière. Du château médiéval subsistent certaines fenêtres, notamment une fenêtre géminée bouchée et trois fenêtres rectangulaires à moulures prismatiques donnant sur la cour. À la fin du XVIe siècle, la propriété appartient aux Rochefort de Saint-Angel. Charles Ier de Rochefort épouse Moreille de Châteauneuf ; de cette alliance naissent deux fils, dont Jean Ier, baron de Théobon. Protestant, Jean Ier prend part à la défense de Castillon et combat sous les ordres du maréchal de Biron ; blessé au siège de Rheinberg, il meurt en 1606. Son fils Charles II, marquis de Théobon, mène ensuite une carrière militaire et politique active en Guyenne, notamment pendant la Fronde. Le château est profondément remanié au XVIIe siècle. Jean II de Rochefort, né en 1619, épouse Anne de Chaussade ; leur fille Lydie de Rochefort-Théobon, née en 1638, devient demoiselle d'honneur de la reine, puis maîtresse du roi dans les années 1670 et épouse en 1678 Charles d'Harcourt. Les Rochefort de Saint-Angel sont protestants : Charles Bordeaux (ou Charles III) fait célébrer le culte protestant au château, mais le culte y est interdit en 1684 ; après avoir refusé d'abjurer, il est emprisonné à la Bastille et sa première épouse envoyée au couvent. Il se remarie en 1695 et une de ses filles épouse un membre de la maison de Talleyrand-Périgord en 1725, apportant ainsi le château dans cette famille. Gabriel-Marie de Talleyrand-Périgord vend l'ensemble en 1783 au sieur Brie de Teysson ; la demeure passe ensuite par héritage dans la famille Albert, puis à A. Albert de Théobon. Pendant la Révolution, des tours sont rasées au niveau du corps de logis et les métaux sont réquisitionnés. Au XIXe et au XXe siècle, des parties du château sont abandonnées, des fenêtres sont bouchées et des cloisons aménagées dans les pièces. La plus belle cheminée est vendue en 1924 et se trouve aujourd'hui dans un salon de musique de l'université Harvard. L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques le 5 novembre 1962.
Le château s'organise autour d'une vaste cour rectangulaire ; le corps de logis principal, orienté au sud, comporte aujourd'hui un niveau mais paraît avoir eu deux étages à l'origine. Une terrasse a été aménagée contre la façade sud et un escalier à deux rampes conduit au parc. La façade présente des fenêtres de styles variés, signe de plusieurs campagnes de construction, et la porte centrale côté nord, entourée d'une moulure torique et de pilastres simples, semble être un ajout postérieur. Les plafonds en bois de l'escalier conservent des restes de peintures représentant la chute d'Icare et Phaéton précipité, et d'autres peintures subsistent dans la grande salle et le boudoir. La rampe d'escalier constitue un bel exemple de ferronnerie du XVIIe siècle et certains salons conservent des boiseries du XVIIIe siècle. Deux ailes en retour d'équerre flanquent la cour ; l'aile est aurait comporté une tour à son extrémité nord selon la tradition, tandis que l'aile ouest présente un pavillon central par lequel s'ouvre la porte d'entrée. Deux rainures attestent que l'accès se faisait autrefois par un pont-levis et un petit bâtiment à l'angle nord-ouest laisse soupçonner l'existence d'une galerie inachevée ou démolie. La cour ouverte au nord forme une terrasse qui s'ouvre sur le parc.