Château de Thiers-sur-Thève dans l'Oise

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château fort

Château de Thiers-sur-Thève

  • 9 Place du Château 
  • 60520 Thiers-sur-Thève
Château de Thiers-sur-Thève
Château de Thiers-sur-Thève
Château de Thiers-sur-Thève
Château de Thiers-sur-Thève
Château de Thiers-sur-Thève
Château de Thiers-sur-Thève
Château de Thiers-sur-Thève
Château de Thiers-sur-Thève
Château de Thiers-sur-Thève
Château de Thiers-sur-Thève
Château de Thiers-sur-Thève
Crédit photo : P.poschadel - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Frise chronologique

Moyen Âge central
Bas Moyen Âge
Renaissance
Temps modernes
Révolution/Empire
XIXe siècle
Époque contemporaine
1300
1400
1500
1600
1700
1800
1900
2000
1250-1260
Construction du château
1276
Vente à l'évêque
1276-1283
Construction salle d'apparat
1310-1311
Prison des Templiers
1358
Destruction partielle
1431
Démantèlement du château
1564
Acquisition par Montmorency
1624
Concession du château
1862
Classement historique
1870
Démolition du pignon
Aujourd'hui
Aujourd'hui

Patrimoine classé

Château (ruines) : classement par liste de 1862

Personnages clés

Thibault de Beaumont-Gâtinais Constructeur du château vers 1250-1260.
Jeanne de la famille des Bouteiller de Senlis Épouse de Thibault de Beaumont-Gâtinais, co-constructrice du château.
Renaud de Nanteuil Évêque de Beauvais, acquéreur du château en 1276.
Anne de Montmorency Connétable ayant acquis les terres en 1564.
Estienne Chantrelle Concessionnaire du château en 1624.

Origine et histoire du Château de Thiers-sur-Thève

Le château de Thiers-sur-Thève est un ancien château fort aujourd'hui en ruine, dont les vestiges se dressent au nord du village de Thiers-sur-Thève, dans l'Oise, en région Hauts-de-France. Classés au titre des monuments historiques par la liste de 1862, ces restes accueillent depuis des siècles des activités forestières et agricoles et abritent aujourd'hui plusieurs maisons d'habitation. Conçu selon la typologie du XIIIe siècle avec une enceinte flanquée de tours cylindriques, il se distingue toutefois par une grande salle d'apparat dont la façade percée de larges fenêtres est exceptionnelle en Île-de-France. La fonction résidentielle et de représentation l'emporte ici sur le rôle strictement militaire : le château servait de relais de chasse aux évêques de Beauvais. Édifié après le milieu du XIIIe siècle, il n'a été château seigneurial que pendant moins d'une génération et fut partiellement ruiné en 1358 puis démantelé vers 1431. Situé en plaine, au nord du village et face à la place du village au sud, le site est entouré de terrains marécageux à l'ouest, au nord et à l'est et protégé par des douves alimentées par la Thève. Le château a été construit vers 1250-1260 par Thibault de Beaumont-Gâtinais et son épouse Jeanne de la famille des Bouteiller de Senlis. Après la mort de Thibault, ses héritiers vendirent l'ensemble en août 1276 à Renaud de Nanteuil, évêque de Beauvais, sous lequel la grande salle d'apparat paraît avoir été réalisée entre 1276 et 1283. De septembre 1310 à octobre 1311, onze templiers y furent détenus en attendant leur procès. Partiellement détruit lors de la Grande Jacquerie en 1358, une commission recommanda sa remise en état, mais l'idée fut finalement abandonnée avec l'accord du roi Charles V deux ans plus tard. Le démantèlement ordonné en 1431 comprit l'évidement de tours et l'abaissement des murailles à une hauteur d'environ 3 mètres. La seigneurie demeura la propriété des évêques de Beauvais pendant deux siècles, puis les terres furent acquises en 1564 par le connétable Anne de Montmorency. Le 24 janvier 1624, Estienne Chantrelle obtint la concession du château à la condition de bâtir une maison avec les pierres de la cour, sans démolir les ruines. Malgré la protection accordée en 1862, le pignon occidental fut démoli en 1870 pendant la guerre franco-prussienne. Le plan du château est celui d'un quadrilatère presque régulier de 56,80 m de côté, flanqué de neuf tours rondes de 9,60 à 10,30 m de diamètre. L'appareil associe un blocage de petits blocs de grès jusqu'au rez-de-chaussée et, au-dessus, des pierres de taille de calcaire, témoignant de deux campagnes de construction. Quatre tours occupent les angles, trois sont situées au milieu des courtines ouest, nord et est, et deux encadrent le portail au centre de la courtine sud ; à l'exception des deux dernières, les tours sont circulaires et débordent dans la cour. L'épaisseur des murs des tours n'excède pas 2 mètres, inférieure à celle des grandes forteresses édifiées sous Philippe Auguste, et leur état de conservation varie fortement selon les éléments. Toutes les tours comportaient des archères à fente triangulaire au rez-de-chaussée et plusieurs possédaient des escaliers ménagés dans l'épaisseur des murs. La tour de la courtine ouest, dite tour n°5, présentait une voûte en coupole et un sous-sol divisé en quatre compartiments, tandis que la tour d'angle sud-est, n°1, conserve des voûtes d'ogives au rez-de-chaussée et à l'étage. Les ogives reposent sur des culs-de-lampe pyramidaux moulurés et donnent naissance à des colonnes et colonnettes engagées formant des faisceaux, avec des chapiteaux sculptés de feuillages ; cette haute salle d'angle semble avoir abrité la chapelle, composée d'une salle principale octogonale reliée à la grande salle par un mur diaphragme à arc trilobé et de deux petites chapelles latérales dont les vestiges sont visibles. La grande salle d'apparat, située au premier étage au sud entre la porte et la tour de la chapelle, mesurait environ 25 m de long sur 8 m de large et révèle, malgré l'état de ruine, une façade résidentielle exceptionnellement soignée pour la région. Les murs extérieurs, percés de grandes fenêtres en tiers-point au tympan orné d'un oculus quatre-feuilles et subdivisées par un meneau, témoignent d'un aménagement luxueux ; trois de ces fenêtres subsistent au sud et une à l'est. Les murs sur cour comportaient de grandes arcades en tiers-point, sans doute garnies de vitraux, dont deux subsistent au nord ; le plancher reposait sur des arcades semblables dont cinq sont encore debout. Aujourd'hui le plancher et le mur occidental ont disparu et un petit bâtiment moderne occupe partiellement l'espace intérieur. Entre les deux tours centrales du flanc méridional subsiste une arcade en tiers-point, mais aucun dispositif défensif comme herse ou pont-levis n'est apparent : l'entrée était manifestement protégée par deux vantaux en bois. Les courtines ouest et est sont conservées sur une hauteur réduite ; des réparations de clôture ont rebâti certains pans effondrés avec des moellons de qualité médiocre en lieu et place des parements en pierre de taille. La courtine ouest abritait un couloir communiquant avec la tour d'angle sud-ouest et une salle aujourd'hui disparue ; son pignon occidental démoli en 1870 en était le dernier vestige. Près de cette tour, deux grands arcs en plein cintre et des consoles constituent les restes d'une latrine double, probablement construite à l'origine en bois. Dans l'ensemble, l'édifice est unique dans la région par l'alliance du langage de l'architecture religieuse et des caractéristiques des grandes demeures urbaines.

Liens externes