Origine et histoire du Château de Thionville
Le secteur de la "Cour du château", premier noyau de la ville de Thionville, semble correspondre à l'emplacement d'un domaine carolingien, le "palacio publico" mentionné en 770, où séjournèrent à plusieurs reprises Charlemagne et ses successeurs. Selon un chroniqueur, ce domaine comprenait une chapelle édifiée par Louis le Pieux au premier quart du IXe siècle, sur le modèle d'Aix-la-Chapelle, puis rasée en 939 par les partisans du futur empereur Othon Ier. Aucun élément ne permet aujourd'hui d'affirmer que la base circulaire de la tour aux Puces, réputée carolingienne, en soit le dernier vestige. À partir du Xe siècle, Thionville passa sous domination luxembourgeoise et les comtes de Luxembourg édifièrent un château fort sur le même emplacement. La tour aux Puces, puissante tour polygonale à quatorze côtés bâtie aux XIe et XIIe siècles, en constituait probablement le donjon. L'enceinte, d'environ 140 m sur 80 m, était défendue par plusieurs tours ; il n'en subsistent que les "tours jumelles" et la tour au fond de la cour du tribunal, traces toujours lisibles sur le plan de la ville. Le château comprenait des granges pour le stockage des redevances du domaine comtal et une chapelle dédiée à saint Nicolas, dont l'emplacement est aujourd'hui inconnu. À partir de 1292, il devient la résidence du prévôt, tandis qu'une ville se développe en dehors de cette première enceinte. La communication entre les deux entités s'effectuait par la poterne des "tours jumelles", vraisemblablement construite ou reconstruite au XIVe siècle, restaurée en 1542-1543 lors des travaux de modernisation des fortifications et reprise au XVIIIe siècle, avec le percement de fenêtres en 1771. À la fin du XIVe siècle ou au début du XVe siècle, des familles nobles obtiennent le droit d'ériger des demeures à l'intérieur de l'enceinte, parmi lesquelles les hôtels de Raville-Septfontaine, de Créhange-Pittange et d'Eltz. Entre 1542 et 1558, d'importants travaux de remparage conduits pour la cour de Bruxelles sous le contrôle d'Adam de Volkrange modernisent la place et entraînent la destruction de la majeure partie des courtines ainsi que l'ensevelissement d'une partie des bâtiments sous de nouveaux terrassements. En 1903, la démolition des fortifications permit de dégager la tour aux Puces de ses constructions annexes. La destruction de plusieurs bâtiments côté Moselle vers 1947 acheva de conférer à la Cour du château son aspect actuel. Le site est partiellement inscrit au titre des monuments historiques depuis 1980. Le château se compose de deux tours réunies par un porche ; il a été construit au XVe siècle et reconstruit au XVIIIe siècle.