Origine et histoire
Le château de Tholet se dresse au hameau du Tholet, sur la commune de Gabriac, dans le département de l'Aveyron, sur le causse Comtal au sud de la haute vallée du Lot ; il se trouve à l'ouest du bourg, à environ 250 mètres au sud de la route départementale 988, dans un paysage d'herbages traversé par le GR 620. Son existence est attestée dès 1075 et sa construction s'est poursuivie à partir du XIIe siècle. Propriété de la famille de Solages, il a vu notamment s'illustrer Guillaume de Solages au cours de la guerre de Cent Ans, et les barons de Tholet, François de Solages I, II et III, qui aux XVe et XVIe siècles transformèrent la place forte médiévale en un logis de style Renaissance. Le site a échappé à deux tentatives de démantèlement : en 1626 un commandant chargé de détruire les fortifications épousa l'héritière Marguerite de Solages plutôt que d'exécuter l'ordre, et, en 1794, un fermier refusa de démolir tours et murailles après la vente des terres par l'agent national. Le château fut pillé en 1665 au cours d'un règlement de comptes familial, ce qui entraîna la probable ruine d'une partie du logis Renaissance, puis il fut vendu en 1686 par César de Grolée Viriville. Acquis en 1768 par Marc Antoine Dominique de Gaujal, confisqué de 1792 à 1796, le domaine revint à son fils Marc-Antoine-François de Gaujal, avocat et historien du Rouergue, qui a laissé des écrits et un manuscrit inédit sur Tholet ; son petit-fils Ferdinand vendit le domaine en 1886. La famille Souyri en fut propriétaire de 1886 à 2007, date à laquelle des travaux de restauration ont été engagés ; depuis 2013, des visites guidées sont proposées en juillet et août. L'ensemble a été inscrit au titre des monuments historiques le 9 juillet 1946 et conserve un important fonds documentaire réparti entre plusieurs archives départementales et privées.
Sur le plan architectural, le château restitue encore l'image d'une forteresse régulière du Rouergue : un donjon carré massif du XIVe siècle, élevé sur six niveaux et couronné d'un chemin de ronde, domine la cour ; son entrée d'origine se situe à une dizaine de mètres du sol et les restes des culées d'un ancien pont-levis sont encore visibles. Le donjon abrite au quatrième niveau une grande salle voûtée d'ogives avec cheminée, fenêtres géminées et voûte en croisées d'ogives ; l'étroit escalier à vis, logé dans l'épaisseur des murs de près de trois mètres à la base, dessert les niveaux supérieurs où l'on repère les emplacements des placards, latrines et anciennes cheminées. À proximité, un logis Renaissance, remanié au XVIIIe siècle, présente des fenêtres à meneaux et traverses, des parties en encorbellement sur corbeaux et une tourelle d'escalier reliée au logis par un bâtiment du XIXe siècle ; les toitures sont en lauze. Les matériaux de construction incluent notamment un grès de teintes rouge et jaune, et l'ensemble conserve des vestiges défensifs : mâchicoulis, chemin de ronde, une tour ronde près du donjon, une partie de courtine percée de meurtrières et une autre tour partiellement ruinée ; une seconde enceinte, aujourd'hui disparue en grande partie, comportait autrefois deux tours d'angle. L'enceinte presque rectangulaire subsiste pour l'essentiel, avec plusieurs tours de défense placées à intervalles réguliers et un fossé encore visible à l'ouest, renforcé en 1386 ; une tour nord-est a été remplacée vers 1780 par une grange dont seules les fondations subsistent. L'accès actuel à la cour se fait sous un porche-pigeonnier du XIXe siècle qui a remplacé l'entrée médiévale lors des aménagements agricoles menés par un fermier au XVIIIe siècle.