Château de Thugny-Trugny dans les Ardennes

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château

Château de Thugny-Trugny

  • Rue du Château
  • 08300 Thugny-Trugny
Château de Thugny-Trugny
Château de Thugny-Trugny
Château de Thugny-Trugny
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Château de Thugny-Trugny
Château de Thugny-Trugny
Château de Thugny-Trugny
Crédit photo : HenriDavel - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XVIe siècle, XVIIe siècle

Patrimoine classé

Château, parc et grange aux dîmes : inscription par arrêté du 12 juin 1946

Origine et histoire du Château de Thugny-Trugny

Le château de Thugny-Trugny, son parc et la grange aux dîmes se dressent dans la commune de Thugny-Trugny, dans les Ardennes, en bas du village, près du canal des Ardennes et de la vallée de l'Aisne. Aujourd'hui encore, malgré les importants dommages subis pendant la Première Guerre mondiale, on pense, en le voyant surgir avec ses tours et ses tourelles, à un décor de rêve ou de dessin animé. Le domaine appartient au comte Jacques de Vincens de Causans et à son épouse Juliette de Causans, qui ont engagé des travaux de rénovation financés en partie par l'organisation de réceptions et de fêtes ; une association des amis du château a également été créée. Le château se situe au bout de la rue du château, perpendiculaire à la rue de la place qui longe l'église.

En arrivant par la rue du château, on découvre d'abord le châtelet d'entrée, au plan oblong et d'allure fortifiée, doté de mâchicoulis, de tourelles et d'une arcade de passage charretier ouvrant sur un passage voûté. Derrière ce châtelet, face à l'Aisne, s'étend un bâtiment d'allure plus classique, à façade sur deux niveaux donnant sur le canal, flanqué de deux grands pavillons d'angle saillants et inégaux, élevés sur trois niveaux ; le plus important comporte trois travées et utilise la gaize avec des encadrements et des chaînes en pierre plus dure. Cette partie présente des formes rectilignes proches du classicisme, sans en atteindre la symétrie parfaite. Avant 1918, ces deux parties étaient reliées par des corps de bâtiments plus bas ; il subsiste aujourd'hui seulement le niveau inférieur, avec des salles voûtées et une terrasse bordée de balustrades, alors que la cour intérieure était autrefois entièrement fermée et entourée de fossés secs. Après les destructions de la Première Guerre mondiale, le château a été reconstruit selon les anciens plans, mais seules quelques parties des pavillons ont été rebâties, en utilisant des techniques de construction des années 1920.

Cachée dans les arbres, la grange seigneuriale présente un plan rectangulaire et porte, à chaque angle, une tourelle coiffée d'une poivrière ; une ancienne gravure de Claude Chastillon montre qu'elle était autrefois protégée par une enceinte de pierre. La grange aux dîmes est aujourd'hui en état de péril.

L'initiative de la construction du château telle qu'on la connaît remonte à la seconde moitié du XVIe siècle et est attribuée à Jean-Jacques de Suzanne, comte de Cerny-en-Laonnois, tandis que d'anciens châteaux d'allure plus militaire existaient auparavant, le plus ancien étant perché sur une butte dominant le village. Le nouveau château s'ouvre en partie vers l'église mais se développe surtout vers la vallée de l'Aisne. La fille de Jean-Jacques de Suzanne épousa Charles de Moÿ ; leur petite-fille Claude de Moÿ, née au château, épousa en 1585 Henri de Lorraine-Chaligny, qui mourut en 1601, sa veuve en 1627. Une gravure de Claude Chastillon, vers 1600, représente alors un château imposant, considéré comme l'un des plus importants de la Champagne septentrionale.

La région fut marquée par les guerres de religion, puis par la Fronde et la guerre franco-espagnole ; au début de 1653, le maréchal Turenne y reçut le cardinal Mazarin. En 1721, Procope Hyacinthe de Ligne, héritier des marquis de Moÿ et des Lorraine-Chaligny, vendit le marquisat à Antoine Crozat, qui devint l'un des principaux propriétaires. Sous les Crozat, le domaine connut son apogée : Antoine Crozat, financier et armateur de premier plan sous Louis XIV, eut pour successeurs Joseph Antoine Crozat, mort sans postérité en 1751, puis son frère Louis Antoine Crozat, qui transforma le parc, répara les chemins, détourna l'Aisne, fit creuser des bassins, agrandit les bâtiments, enrichit la décoration intérieure et constitua une collection de tableaux ; c'est la période la plus faste du château.

À la mort de Louis Antoine en 1770 succéda Antoinette Louise Marie Crozat (1731-1809), mariée au comte de Béthune, qui conserva les biens pendant la Révolution. Leur descendante Louise Charlotte de Béthune (1759-1818) épousa René de La Tour du Pin, marquis de Gouvernet, dont le fils René Louis Victor de La Tour du Pin (1779-1832) hérita ensuite, puis sa fille Charlotte de La Tour du Pin (1805-1865) et sa descendance. La propriété traversa ainsi la Révolution, le Premier Empire, l'occupation russe de 1815, la Restauration, la monarchie de Juillet, la seconde République, le second Empire et plusieurs conflits franco-allemands.

La Première Guerre mondiale fut particulièrement destructrice : le château fut occupé par les Allemands et, en 1918, subi des bombardements, des explosions et un incendie, entraînant une reconstruction dans l'entre-deux-guerres qui ne reconstitua pas les deux corps de bâtiments fermant la cour. Dans les années 1950 et pendant environ trente ans, le château accueillit chaque été des colonies de vacances pour des enfants d'origine polonaise des paroisses du Nord et du Pas-de-Calais. Propriété d'Aynard, marquis de Chabrillan, décédé en 1950, puis de son petit-fils le comte Robert Henri de Caumont La Force, décédé en 2005, il a fait l'objet depuis 2007 d'une importante campagne de restauration pour son aménagement en lieu de réceptions, usage qui contribue au financement des travaux.

Le château, la grange aux dîmes et le parc sont inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 12 juin 1946 et sont également classés comme sites inscrits par arrêté du 28 août 1947.

Liens externes