Château de Thuré à La Bazouge-des-Alleux en Mayenne

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château

Château de Thuré

  • Le Thuret
  • 53470 La Bazouge-des-Alleux
Crédit photo : Place2 - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XVIe siècle

Patrimoine classé

Façades et toitures du château, ainsi que celles des deux pavillons et de la chapelle (cad. A 307) : inscription par arrêté du 15 mai 1974

Origine et histoire du Château de Thuré

Le château de Thuré se situe à La Bazouge-des-Alleux, dans la Mayenne, à 1 500 m au nord-est du bourg. Le lieu est mentionné sous les formes Tuiré apud Montorterium (1235), La dame de Turé (1407), Dominus de Thuré (1561), puis Turé et Thuré, associés au château, à une chapelle, à un étang et à un moulin. Fief mouvant de Montsûrs, il dépendait d’un devoir symbolique — une paire d’éperons dorés — et, bien que la haute justice lui ait été contestée aux assises du comté du Maine en 1460, le seigneur exerçait les droits de châtelain et nomma des notaires entre 1400 et 1464, puis encore en 1558 et au XVIIIe siècle. Au chartrier du château figure un sceau aux armes de Feschal, daté du XVe siècle, portant la légende [S]ceau des Contrats de la cour de Thuré. Pour racheter des droits d’usage dans la forêt de Bourgon, le seigneur de Bourgon concéda 94 arpents appelés le triage de Thuré; une partie de la forêt d’Alloué et la basse justice rachetée du comte de Laval faisaient aussi partie du domaine. Par contrat de bail à rente, Carré de la Chevronnière devint propriétaire de la seigneurie de Thuré et de ses annexes le 20 août 1778; en 1778 le domaine comprenait plusieurs landes (Thuré, Ligneul, Vannerie, Bourgneuf, Boullais, Rosselle), de nombreuses métairies et des closeries comme la Malherbière, le Genetay et la Maison-Neuve. Après la guerre de Cent Ans, en 1458, on rebâtit les étables, couvrit une cuisine de genêts, refit huis et fenêtres et carrela et blanchit une chambre; une cheminée nécessita sept semaines de travail. De l’édifice antérieur il ne resta rien; le château actuel, qui n’est pas antérieur à 1500, se compose de deux parties distinctes et presque contemporaines, présentant un grand développement, des angles et retraits multiples, une tourelle en encorbellement et une tour à l’angle du corps principal. Les seuls ornements notables sont deux lucarnes de style renaissance qui restent isolées, sans liaison sculptée avec les ouvertures inférieures. Une grande salle, haute de deux étages et pourvue d’une tribune, aurait servi de lieu de prêche protestant. Il n’existe plus de trace du pont-levis ni des fossés signalés en 1670. La chapelle, simple, date du XVIIe siècle; elle se trouve dans la cour devant le château et est dédiée à saint Sébastien; elle desservait aussi les chapelles de Burdé et de la Genderie. On demanda sa conservation sous l’an XIII en vue d’un usage profane; M. Daudier la fit bénir de nouveau le 13 novembre 1853. Le 28 mai 1790, à cinq heures du soir, avertis d’une bande armée se dirigeant vers le château pour le piller, la municipalité et la milice bourgeoise de Martigné les interceptèrent, les firent déposer les armes à la troisième sommation et obtinrent la promesse de payer le grain enlevé; le jeune Huneau, fils de la concierge du château, fut tué par les révolutionnaires. C’est dans les bois de Thuré qu’opérait un brigand, ancien domestique à La Bazouge-des-Alleux, qui se faisait appeler Tranche-Montagne. Guillaume de Thuré établit en 1235 sur la terre du Ligneul la rente promise à l’abbaye de Fontaine-Daniel par son père pour sa sépulture dans l’abbaye. La famille de Feschal, présente dès la fin du XIIIe siècle, se succède ensuite aux seigneuries : Jean de Feschal apparaît en 1270-1272, Louis de Feschal en 1340, Jean en 1384, Marguerite de Vaiges veuve en 1398, puis plusieurs Jean de Feschal aux XVe et XVIe siècles qui rendent aveu à Montsûrs, contractent alliances et exercent des charges; René de Feschal est cité en 1490-1499 et Claude de Feschal meurt après 1540, partageant ses biens en 1547 entre ses fils Charles (1551) et Louis (mentionné en 1558 et 1565), ce dernier achetant le fief des Monceaux en 1561 et étant peut‑être protestant. Jean de Feschal, chevalier de l’ordre du roi, est signalé en 1580; il légua 100 écus à l’hôpital de Laval, somme payée par sa veuve en 1589. Anne de Feschal épousa Brandelis de Champagne, marquis de Villaines, le 25 novembre 1558; veuve, elle épousa ensuite Urbain de Bouillé vers 1620 et mourut à Thuré en 1652. Hubert de Champagné est mentionné en 1652 et la terre est saisie sur lui en 1670; François Le Clerc du Boisjousse acquit la seigneurie en 1682 pour 40 000 livres, elle est encore mentionnée en 1703. Jean Le Clerc des Emereaux, premier président au présidial d’Angers, est présent en 1705 et 1729. Pierre-Jacques-Louis-Auguste Ferron, marquis de la Ferronays, épousa Françoise-Renée Le Clerc des Emereaux le 14 décembre 1722 et mourut en 1753; son successeur, Pierre-Jacques-François-Louis-Auguste Ferron de la Ferronays, effectua des campagnes de 1742 à 1748, leva un régiment de dragons en 1749, fut gouverneur de Dole en 1754 et commanda son régiment de 1755 à 1760. Louis-Gabriel Carré de la Chevronnière, contrôleur des guerres, acheta la seigneurie le 20 août 1778 et la revendit le 1er février 1792 à Louise Turpin, veuve de Jean-Baptiste Piquois; Joseph (ou Joso) Piquois fit à Thuré des essais d’élevage du cheval et du mouton qui restèrent infructueux. Parmi les propriétaires postérieurs figurent Anselme Marie Legouis (acquéreur en 1804), le comte Michel Ordener et Marie‑Françoise‑Pauline Legouis (1829), Jean‑Marie Perdrigeon (acquéreur en 1833), Daniel‑Louis Daudier (acquéreur par échange en 1847), Jules‑Marie Daudier, puis Louis du Pontavice des Renardières (1875-1942) qui acheta le domaine à Jules‑Marie Daudier en 1902.

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