Origine et histoire du Château de Tournebu
Les restes du château de Tournebu, propriété privée non ouverte à la visite, se dressent dans le Cinglais sur la commune nouvelle de Cesny‑les‑Sources (Calvados). Ils comprennent principalement un donjon cylindrique situé à 280 mètres au nord‑ouest de l'église Saint‑Hilaire, au fond d'une cour de ferme. Selon les sources, l'édifice remonte aux XIIe–début du XIIIe siècle et fut édifié pour la famille de Tournebu. Les seigneurs de Tournebu prirent part aux luttes franco‑anglaises des XIVe et XVe siècles. Le château passa par héritage à la famille de Thère en 1452, puis à diverses familles avant d'être racheté en 1701 par Pierre de Tournebu. En 1806, Marie‑Pierre de Tournebu le légua à son petit‑neveu Jean Jacques Luc Edmond de Foucault, dont la descendance conserva la propriété jusqu'en 2012. Le donjon est le dernier vestige d'un château fort partiellement détruit après la Révolution et utilisé comme carrière par son propriétaire. Cylindrique et bâti sur une motte plus ancienne, il mesure 21 mètres de haut pour 12 mètres de diamètre et s'élève sur trois étages. Il a été coiffé d'un toit au XVIe siècle et, à la fin du XVIe ou au début du XVIIe siècle, l'ensemble du site fut converti en fortification bastionnée. Le donjon fut alors enfermé dans un fortin enterré au plan en étoile, dont chaque branche formait un grand bastion, et relié à ceux‑ci par des souterrains. La cave creusée sous la tour et les fossés remontent à cette phase, la cave ayant en outre fragilisé le sol après l'effondrement de l'escalier. L'intérieur, principalement remanié aux XVe et XVIIe siècles, conserve le gros œuvre, la répartition des niveaux, le puits, des latrines et de belles cheminées de style Louis XIII. La tour présente une organisation intérieure quadrangulaire et une façade extérieure circulaire, avec des rangées de gros appareil formant des cerclages entre les étages. Des marques de tâcherons — croix, traits, triangles ou lettres — sont visibles en façade, témoins du travail des tailleurs de pierre. Les vestiges ont été inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 21 juin 1927. Pour approfondir, on peut consulter notamment l'étude d'Arcisse de Caumont publiée dans le Bulletin Monumental (1849) et l'ouvrage de Michel Fixot sur les fortifications de terre dans le Cinglais (1968).