Origine et histoire du Château de Tours
Le site de l'ancien palais des Gouverneurs, en bordure de Loire dans le quartier le plus ancien de Tours près de la cathédrale Saint-Gatien, occupe l'angle nord‑ouest de l'enceinte gallo‑romaine et repose sur des thermes du Bas‑Empire. Des occupations aristocratiques antiques et haut‑médiévales précèdent l'édification en pierre d'une résidence comtale au XIe siècle, appuyée sur le mur et les tours de la fortification romaine. Les fouilles menées dans les années 1970 ont confirmé cette datation et mis au jour la grande salle, une tour carrée d'angle et des aménagements domestiques et de service du château comtal. Aux XIIIe et XVe siècles, l'ancienne résidence est transformée et agrandie pour devenir une forteresse royale quadrangulaire cantonnée de tours cylindriques, dont la tour de Guise, la plus élevée et la mieux conservée, et la tour dite du Cachot Secret. Au XVe siècle est également édifié, en bordure de Loire et sur les fondations de l'enceinte antique, un logis plus confortable qui sera connu plus tard comme le Logis des Gouverneurs. À partir du XVIe siècle le Logis des Gouverneurs accueille la résidence des gouverneurs de Touraine tandis que le vieux château perd progressivement sa fonction résidentielle. La tradition attribue à Henri II Plantagenêt des travaux au XIIe siècle, mais les recherches archéologiques ont précisé l'existence d'un appareil monumental déjà au XIe siècle. L'histoire du château comporte de nombreux épisodes politiques et militaires, séjours royaux, détentions d'État et occupations liées aux guerres de religion. Au XVIIe et XVIIIe siècles l'édifice se dégrade, sert d'arsenal et de prison, puis est partiellement démantelé et employé comme carrière de pierres pour des travaux urbains. À la Révolution et sous l'Empire, l'armée s'installe durablement sur le site et construit des bâtiments de casernement et des écuries qui transforment profondément la physionomie du lieu. Il ne subsiste aujourd'hui que deux tours orientales du château médiéval reliées par un bâtiment de caserne du XVIIIe siècle, le pavillon de Mars, tandis que d'autres constructions militaires datent des XIXe et XXe siècles. Le Logis des Gouverneurs, résultat d'un corps du XVe siècle amputé à l'est et allongé à l'ouest au XIXe siècle, conserve des éléments de charpente et des cheminées monumentales. La tour de Guise, classée Monument historique, témoigne de l'architecture militaire médiévale par ses mâchicoulis et surtout par ses culs‑de‑lampe sculptés ; la tour du Cachot Secret, également protégée, conserve voûtes et meurtrières. Le site a fait l'objet d'un classement partiel au titre des monuments historiques en 1913 et d'une inscription complémentaire en 1973 concernant notamment le sol et certains bâtiments. La réhabilitation débute en 1972 et s'accompagne de fouilles archéologiques dirigées par Henri Galinié de 1974 à 1978, qui ont mis au jour les fondations du XIe siècle, des thermes antiques et un riche mobilier médiéval. Ces campagnes, suivies de travaux de restauration, ont permis de dégager des vestiges, de sauvegarder les deux tours et de redonner au site une visibilité urbaine longtemps occultée par la caserne. Depuis les années 1980 le monument accueille des activités culturelles et patrimoniales : expositions d'art contemporain, actions pédagogiques et recherches liées à l'archéologie urbaine. Le Logis abrite l'Atelier d'histoire de Tours et deux bibliothèques spécialisées, l'une consacrée à l'archéologie urbaine et l'autre gérée par la Société archéologique de Touraine. Le château accueille un musée d'art contemporain et d'autres activités muséographiques et reçoit entre 50 000 et 70 000 visiteurs par an ; l'accès aux expositions est le plus souvent libre et gratuit selon les périodes d'ouverture. Les découvertes archéologiques et la mise en valeur du site contribuent à la connaissance du développement ancien de Tours et participent à sa reconnaissance patrimoniale.