Origine et histoire du Château de Trécesson
Le domaine du château de Trécesson conserve principalement une physionomie du XVe siècle et se compose de deux corps de bâtiment disposés en équerre. L’entrée principale, en ogive, est encadrée par deux tourelles en encorbellement implantées sur des contreforts, reliées en hauteur par un chemin de ronde à mâchicoulis. D’autres bâtiments sont dotés de deux tours polygonales ; l’ensemble est construit en schiste sans ornementation extérieure. On pénètre dans l’enceinte par un pont franchissant la douve et un châtelet flanqué de tours étroites. Une longue façade presque aveugle, couverte d’ardoises à longs pans, se termine par une tour d’angle hexagonale. La cour intérieure de plan trapézoïdal est bordée à droite par un logis d’allure plus moderne, attribué à la fin du XVIIIe siècle, et à gauche par des bâtiments domestiques et une petite chapelle seigneuriale adossée à une ferme rectangulaire. À l’intérieur se trouvent une salle voûtée ornée de fresques, des boiseries des XVIIe et XVIIIe siècles, ainsi que des décors attribués aux styles Louis XIII et Louis XIV. Le château a été remanié au fil du temps ; le colombier est plus récent et les parties agricoles datent du XIXe siècle. Le colombier comporte 1 800 boulins ; selon la tradition rapportée, ce nombre correspondrait à une surface initiale d’environ 900 hectares ; la grande échelle à pivot permettant d’accéder aux boulins y est toujours présente. Les décors muraux d’une salle incluent une peinture illustrant les « Amours de Renaud et Armide » intégrée dans l’ancienne étuve.
La famille de Trécesson est connue depuis le XIIIe siècle. Jean de Trécesson, quatrième de la lignée, fut chambellan du duc Jean IV de Bretagne puis connétable de Bretagne de 1370 à 1380 ; il est présenté comme le probable constructeur du château dans son état actuel. Vers 1440, la dernière héritière Trécesson, Jeanne, épousa Éon de Carné ; celui-ci et son fils François prirent le nom et les armes de Trécesson et entreprirent des transformations du château. La demeure resta propriété de la famille Carné-Trécesson jusqu’en 1773, date à laquelle Agathe de Trécesson épousa René-Joseph Le Preste, comte de Châteaugiron. Le fief fut érigé en comté en 1681. En 1793 Le Preste vendit le château à Nicolas Bourelle de Sivry ; durant la Terreur, le député Jacques Defermon se cacha dans le château pendant dix-huit mois. Sous la Restauration, entre 1814 et 1830, le domaine accueillit une école d’agriculture départementale. Il passa ensuite par héritages aux Perrien de Crenan, aux Montesquieu puis aux Prunelé, par le mariage d’Antoine de Prunelé avec Catherine de Perrien de Crenan en janvier 1917 ; les Prunelé ont vendu le domaine en avril 2022 et il peut être partiellement visité.
Le château et son domaine bénéficient de protections au titre des monuments historiques, telles que mentionnées dans les sources. Les armoiries associées au lieu sont notamment « de gueules à trois chevrons d’hermine » pour la famille de Trécesson, avec la devise « Plutôt rompre que plier », ainsi que les blasons et devises des familles qui lui ont succédé, parmi lesquelles Secondat de Montesquieu et Perrien de Crenan, tels que décrits dans les documents.
Le domaine est riche en traditions et légendes. La plus connue est celle de la Dame blanche, rapportée dès 1824 et liée à une fiancée enterrée vivante qui, selon la tradition, hanterait les toits du château les soirs de pleine lune, bien qu’il n’existe pas de témoignage direct connu. D’autres récits populaires évoquent la chambre des Joueurs fantômes, où des apparitions de joueurs de cartes laissent parfois, selon la légende, un trésor, et l’histoire du Manoir du Pied d’Ânon, qui raconte la restitution des biens d’un marquis après un pari. Enfin, plusieurs épisodes légendaires et historiques sont associés au site et ont inspiré des récits et des illustrations repris dans la bibliographie consacrée au château.
Le domaine accueille ponctuellement des animations et a été médiatisé récemment : en 2023 y furent présentés des spectacles de fauconnerie et le site a été mis à l’honneur dans des émissions télévisées, dont des tournages diffusés ou prévus sur France 5 et FR3 Bretagne.