Origine et histoire du Château de Valmer
Le château de Valmer, situé près du village de Chançay en Indre-et-Loire, est un édifice de la Renaissance élevé entre le XVIe et le XVIIIe siècle. Ses jardins en terrasses à l'italienne, inscrits aux monuments historiques depuis le 11 mai 1930 et distingués « Jardin remarquable » en 2004, constituent l'originalité du lieu. Le parc, d'une superficie totale de 60 hectares, occupe un coteau dominant la vallée de la Brenne. Le fief de Valmer apparaît dans les sources en 1434 entre les mains de Catherine de Bueil, puis passe successivement à Jacques Binet (1461) et Macé Binet (1500). Le château historique est édifié par Jean Binet à partir de 1520 dans le style de la Renaissance italienne ; la chapelle troglodytique creusée dans le rocher date de la même époque. Propriété de Jean Coustely au moment des guerres de Religion, Valmer est pillé par les Protestants en 1562. Il revient ensuite à Claude Coustely en 1603, puis, en 1633, à Jean de La Baume Le Blanc de La Vallière. Le financier Thomas Bonneau acquiert le domaine le 23 mai 1640 ; il le transforme profondément en construisant notamment la haute terrasse, les communs et le pavillon du Petit Valmer, et il fait édifier une troisième chapelle. Après Thomas Bonneau, la seigneurie passe à Étienne-Dominique Chaufourneau, trésorier des gardes suisses, puis à sa sœur Geneviève-René Chaufourneau, avant d'être successivement détenue par Gatien Pinon, Nicolas Chaban, Marie Chaban puis Thomas Valleteau de Chabresy. Le corps principal du château est détruit par un incendie en 1948 ; seules subsistent des traces matérialisées sur l'une des terrasses par la plantation d'ifs. Les autres bâtiments et dépendances ont été préservés, notamment le pavillon Louis XIII et la chapelle troglodytique, et servent aux activités du domaine, propriété de la famille de Saint Venant depuis 1888 ; l'actuel propriétaire est Aymar de Saint Venant. L'aménagement en terrasses s'étend sur environ cinq hectares et sept niveaux répartis sur un dénivelé d'environ trente mètres, comprenant la terrasse de Devants, la haute terrasse des charmilles aménagée en chambres de verdure, la terrasse des vases d'Anduze, la terrasse de Léda, la terrasse des fontaines florentines, une terrasse interne du vase de Lorraine et, en contrebas, un potager d'un hectare. La chapelle abrite un bas-relief polychrome en pierre, probablement d'après un dessin de Jean Fouquet, retrouvé à Vernou-sur-Brenne en 1885, et le domaine conserve notamment la sculpture Léda et le Cygne de Jacques Sarrazin (ca. 1650), ainsi que des cheminées et salons remarquables. Les jardins, dessinés à partir de 1647 d'après la volonté de Thomas Bonneau, conservent des plans proches de ceux de 1695 ; certains éléments — fossé et clôture du jardin, entrée, avenue, canal, pont et bassin, terrasse en terre-plein, escalier indépendant, fabrique, jardin fleuri et jardin potager — ont été inscrits aux monuments historiques le 11 mai 1930. Le canal, tracé au bas de la propriété, était proportionné à la longueur de la grande terrasse pour créer un équilibre visuel. Le parc est animé par diverses sculptures et ornements : lions en terre cuite, vases en pierre, une statue de saint Hubert sur colonnette, quatre colonnes en pierre, deux fontaines sur la Terrasse des Parterres, et plusieurs statues sur la Terrasse de la Reine ; l'escalier conduisant au jardin fleuri et au potager est encadré de lions en pierre, et la statue de Léda sur sa terrasse a été remplacée par une figure masculine. Le potager clos d'un hectare, situé sur la terrasse la plus basse, constitue un conservatoire vivant d'environ 900 variétés anciennes ou disparues de fruits, légumes et plantes ; la pergola des courges est particulièrement remarquable et le domaine conserve plus de 3 500 sortes de semences. Le domaine viticole, exploité depuis 1888, produit des vins en AOC Vouvray (méthode traditionnelle, sec, demi-sec, moelleux) et en AOC Touraine (rosé) sur 28 hectares répartis sur sols argilo-calcaires et argilo-siliceux ; au XIXe siècle, la surface avait atteint 100 hectares avant de chuter à quelques hectares à la fin des années 1960.