Origine et histoire du Château de Veauce
Le château de Veauce est établi sur un promontoire rocheux à mi-pente d'un vallon, dans la commune de Veauce, dans l'Allier, en région Auvergne-Rhône-Alpes ; il domine la forêt des Colettes à l'ouest, ses jardins au sud et à l'est, et le village au nord‑est. Il s'agit d'un château défensif constitué d'un ensemble de bâtiments et de courtines clos autour d'une cour d'honneur, dont les éléments, échelonnés du XIIIe au XIXe siècle, traduisent la transition d'une forteresse militaire à une habitation de plaisance. Le site comporte plusieurs bâtiments et cinq tours reliés par un chemin de ronde couvert, et a été largement remanié au milieu du XIXe siècle. Trois des tours datent des XIIIe et XIVe siècles. Au XVe siècle, une partie des fortifications nord fut démolie pour établir un logis en bordure du ravin ; celui‑ci, flanqué de deux tours, a conservé un aspect médiéval et présente des fenêtres à croisées de pierre, une tourelle d'escalier et une chapelle juchée sur une sorte de porche. Le tournebride, ou manoir des Noix, date également du XVe siècle ; destiné à loger la domesticité, il constitue un petit édifice autonome. Les communs ont été édifiés dans l'enceinte au XVIIIe siècle et, au nord‑est hors des murailles, une vaste terrasse a été aménagée aux XVIIe ou XVIIIe siècles selon les sources ; cette terrasse est cantonnée d'échauguettes et desservie par un escalier monumental. Au XIXe siècle, un nouveau corps de logis d'inspiration Renaissance a été élevé au nord‑est, sans doute à l'emplacement d'un logis de la Renaissance antérieur, et une porterie remplaça un autre bâtiment. La tour carrée, au nord‑ouest, est la partie la plus ancienne du château et remonte au XIe siècle ; elle comporte un assommoir, une meurtrière d'observation et une cloche. La tour de guet, aussi située au nord‑ouest et construite au XIIIe siècle, s'élève à 45 mètres et permettait de surveiller essentiellement le sud et l'est jusqu'à l'actuelle ville de Gannat ; sa base est en pierre de Charroux, une pierre locale perforée par des vers puis fossilisée, selon les études citées. Le donjon, positionné au nord‑est, compte quatre niveaux et est surnommé « la tour mal‑coiffée » en raison d'un crénelage absent au sud ; il fut surélevé vers les années 1850 lors de la rénovation de l'aile est et de la couverture du chemin de ronde, mais une partie de la tour s'est effondrée en 2006 et la végétation pousse aujourd'hui au deuxième étage depuis le trou du sommet. La tour de l'horloge, à l'est, était à l'origine une tour de garde du XIIIe siècle ; elle est communément appelée « tour de Lucie », surnom lié aux enquêtes et aux usages de ses salles lors des études de phénomènes paranormaux après l'effondrement du donjon. La tour d'accès, collée au sud, date du XVIe siècle et ne contient qu'un escalier en colimaçon desservant les étages. Avant la construction du château, un couvent de bénédictins occupait le site ; un premier château fort y fut probablement établi vers l'an 808, au moment où Charlemagne marqua les frontières du royaume d'Aquitaine. Le château fut reconstruit au XIe siècle et remanié au XIIIe siècle ; il appartient au XIIe siècle aux Bourbon. En 1400 la seigneurie de Veauce est érigée en baronnie par Louis II de Bourbon en faveur de Robert Dauphin, et après la mort du connétable Charles III de Bourbon en 1527 le château relève directement de la couronne. Plusieurs familles illustres se succèdent entre 1700 et 1970, parmi lesquelles Chauvigny de Blot, Le Loup, Du Buysson et les Cadier de Veauce, qui le conservent jusqu'au milieu du XXe siècle. Au milieu du XIXe siècle, alors que l'édifice était en mauvais état, le baron Charles de Cadier de Veauce fit entreprendre d'importants travaux de rénovation entre 1841 et 1846, lui donnant l'aspect actuel ; en 1849 il commanda à Edmond Tudot une série de lithogravures représentant le château et ses jardins. En 1971 le domaine est vendu à Ephraïm Tagori ; à sa mort en 1998 le château se dégrade et il est acquis en 2002 par Elisabeth Mincer. En 2015 est créé le fonds de dotation Calligramme - Elisabeth Mincer, dont le but est la sauvegarde du château et son développement comme centre de tourisme culturel et de nature accessible à tous ; ce fonds est renommé Universum en 2023. Au titre des monuments historiques, l'enceinte, la terrasse, les façades et toitures de l'ensemble, à l'exception de celles de la porterie, sont classées par arrêté du 30 août 1985 ; les façades et toitures de la porterie du XIXe siècle sont inscrites par arrêté du 27 octobre 1986 ; les dépendances comprenant le manoir des Noix, le pigeonnier, le haras, le chai, la laiterie, la maison du maître de meute et le chenil sont inscrites par arrêté du 3 février 2011. Selon la légende, Lucie, une jeune domestique d'environ dix‑neuf ans issue d'une famille noble appauvrie, aurait été courtisée par le baron Guy de Daillon et enfermée par la baronne dans la tour de l'horloge où elle serait morte ; elle reviendrait certaines nuits errer sur le chemin de ronde. L'engouement pour les phénomènes de châteaux hantés dans les années 1980 reconnut une médiatisation importante avec l'émission de France Inter « Boulevard de l'étrange » du 8 au 9 août 1984, au cours de laquelle l'équipe dirigée par le journaliste Jean‑Yves Casgha, accompagnée du médium Raymond Réant et d'une jeune témoin, affirma avoir observé une apparition et conserver des traces photographiques et sonores sans explication scientifique à ce jour.