Origine et histoire du Château de Ventadour
Le château de Ventadour, situé à Moustier-Ventadour en Corrèze, occupe un éperon rocheux dominant la vallée de la Saulière (ou Soudeillette). Édifié aux XIe-XIIe siècles puis remanié du XIIIe au XVe siècle, il commandait la vicomté de Ventadour. Considérée comme l'une des plus puissantes forteresses de son temps, la résidence a abrité Ebles II « Lo Cantador » et vu naître le troubadour Bernard de Ventadour. Vendu comme bien national pendant la Révolution, le château fut progressivement démantelé au XIXe siècle par des entrepreneurs de matériaux. Classé au titre des monuments historiques dès la liste de 1840, le site a également été inscrit en 1946. Il ne subsiste aujourd'hui que des vestiges : enceintes qui épousent le contour de l'éperon, une importante tour ronde, un pan de mur attribué à une tour maîtresse carrée, ainsi que des restes de chapelle et d'habitations. On note aussi des ouvertures du système défensif au nord et à l'ouest, ainsi que des éléments déplacés, parmi lesquels deux linteaux de porte — l'un figurant Samson terrassant le lion, l'autre portant le blason des Ventadour —, des encadrements de baies et une clé de voûte aux armes des Ventadour. L'enceinte protège une plate-forme longue d'environ 170 mètres et large de 30 mètres au maximum, où les fouilles ont mis en évidence des traces de salles et du logis seigneurial. Le château a appartenu successivement à la première lignée des Ventadour, puis, par mariages, aux Lévis-Ventadour, aux Rohan et aux Condé, qui s'en sont finalement désintéressés. Après plusieurs ventes et démolitions, le site fut acquis au moment de la Restauration par un marchand de matériaux, transmis ensuite à la famille Lévis-Mirepoix et cédé à la commune de Moustier-Ventadour en 1988 pour un franc symbolique avec l'obligation d'y aménager des visites. Des travaux de sauvegarde et des fouilles urgentes ont commencé en 1965 ; les recherches archéologiques se sont poursuivies jusque dans les années 1980 et ont permis de préciser l'organisation des salles et de révéler des décors importants du logis seigneurial. De nouvelles campagnes d'excavation et de consolidation ont été menées au début des années 2000, notamment entre 2003 et 2005, avec des interventions sur la courtine nord-est et une barbacane-tour. La communauté de communes a pris en charge la restauration et la recherche en 2003, et des opérations de consolidation ont été relancées en 2013. Le site, ouvert au public en saison estivale de mi-juin à mi-septembre, propose des visites guidées régulières. Aujourd'hui la silhouette des ruines, l'isolement du promontoire et les éléments conservés témoignent de l'importance stratégique et culturelle de cette forteresse médiévale.