Origine et histoire du Château de Vesvres
Le château de Vesvres, situé sur la commune de Rouy (Nièvre) en bordure de la départementale D978 au croisement de la D34, est une propriété privée qui ne se visite pas. Cette maison-forte de plaine, ceinte de murs, date du XIIe siècle et a été édifiée à l'intersection de deux voies romaines, l'une reliant Nevers à Autun et l'autre Clamecy à Decize. Implantée au milieu de prés et bordée de deux étangs, elle formait autrefois une puissante seigneurie. Aux XVe et XVIe siècles la Maison d'Armes y réalisa d'importants aménagements pour loger une garnison ; les travaux comprenaient des logements, des écuries et l'adaptation des niveaux pour abriter mercenaires, paysans et chevaux. En 1474 la seigneurie fut confisquée aux Rochefort par Louis XI, puis restituée aux successeurs après la mort de Charles le Téméraire en 1477. La Maison d'Armes fit reprendre l'habitation en 1558 par des travaux de remise en état. À la mort en 1744 de Jeanne Ursule de Pracomtal, veuve d'Henri d'Armes sans postérité, la seigneurie passa à son neveu Léonor de Pracomtal, qui n'y établit pas sa résidence mais laissa un métayer. Parmi les métayers, Claude Mathieu y développa l'élevage de la race charolaise. Après des périodes de négligence le château était en ruines à la Révolution et fut vendu comme bien national en 1794 ; Camille Mathieu acquit alors le domaine et les terres adjacentes. Les Pracomtal récupérèrent la propriété au XIXe siècle et conservèrent le gendre de Mathieu comme fermier ; la ferme passa ensuite entre les mains de François Dauvergne, puis, à partir de 1914, de la famille Jardelot jusqu'en 1957. Des conflits successoraux entre dix-sept héritiers aboutirent à l'indivision, qui dura dix ans, puis au morcellement des 280 hectares en 1957 ; le château, entouré de cinq hectares, fut abandonné et se dégrada. Après une succession d'acquéreurs il fut acheté en 1963 par la famille Dalloz-Bourguignon, qui entreprit des travaux et ouvrit le domaine au public en 1972 pour l'année du patrimoine. La demeure fut revendue en 1994 à Bruno Ecklé ; pillée, elle nécessita des travaux de restauration dont la gestion fut confiée à Bernard Massin. La cour du château, réaménagée récemment « à la française », comporte un puits et des tilleuls côté est. Le donjon carré, situé à l'angle nord-est, est la partie la mieux conservée de la maison forte ; il possède un escalier à vis desservant trois niveaux, des murs très épais percés d'archères agrandies en canonnières et une salle basse voûtée en berceau. Un bâtiment longitudinal fut accolé au donjon au XVIe siècle. Seule subsiste aujourd'hui la tour d'angle sud-ouest, réduite en hauteur ; des meurtrières subsistent dans les murs nord et sud. Les seigneurs d'Armes, qui modernisèrent le château aux XVe et XVIe siècles, démolirent deux tours d'angle et doublèrent des courtines des XIIIe-XIVe siècles pour créer des logements destinés à la garnison ; la courtine ouest fut également surélevée. Derrière le corps principal se dressent des bâtiments datés des XVe et XVIe siècles — granges, écuries et étables couvertes en tuiles, dotées de tourelles et d'écussons armoriés de la Maison d'Armes — qui abritent caves, cuisines, chambres et greniers. Le bâtiment sud-est conserve une charpente apparente réalisée avec des bois de plus de trois siècles. À l'ouest du donjon un vaste porche, pourvu des rainures du système de levage d'un pont-levis franchissant de larges douves, était surmonté d'un fronton cintré percé d'un oculus qui portait autrefois le blason des Armes, bûché à la Révolution ; ce bâtiment conserve des ouvertures de canonnières. Prolongeant les bâtiments du sud, une grange en retour d'angle servit successivement d'écurie, d'étable et de remise à foin après avoir accueilli des soldats. Les fenêtres, agrandies au XVIIe siècle, étaient jadis ornées de sculptures mutilées pendant la Révolution ; certaines ouvertures sont en plein cintre surmontées de frontons triangulaires. Dans des appartements refaits au XVIIe siècle, Georges de Soultrait observa en 1852 des plaques de cheminée aux armes des familles ayant possédé le château. De très larges fossés entouraient l'ensemble et étaient franchis par un pont-levis ; ces douves et le pont-levis furent comblés et supprimés au XVIIe siècle. Au nord du château se trouve un colombier décoré de frises sculptées datées du XVe siècle. Les propriétaires successifs recensés vont de Jean de Billy au XIVe siècle aux maisons de Rochefort, de Pracomtal, d'Armes, d'Ancienville et de La Platière, puis à des propriétaires plus récents comme Camille Mathieu, François Dauvergne, Gilly et Philippe Este, la famille Dalloz-Bourguignon, Bruno Ecklé et Marjorie et Quentin Perron. Les armoiries des familles Pracomtal, d'Armes, d'Ancienville et de La Platière sont signalées dans les sources. Robert Pommery a réalisé de nombreuses aquarelles du château. La bibliographie comprend notamment une notice de J. M. Deguilloux, un article collectif publié dans La Camosine (n°149, automne 2012) et des travaux de Raymond Colas.