Origine et histoire du Château de Vez
Le château de Vez, dominant la vallée de l'Automne sur la commune de Vez (Oise), est surtout connu sous le nom de donjon de Vez. Il s'élève au nord du village, en surplomb de la vallée, à proximité de l'entrée ouest du bourg. Les historiens anciens ont parfois prêté au site des origines princières non étayées par les sources archéologiques. Vez dépendait des comtes de Crépy‑en‑Valois puis passa au domaine royal lorsque Philippe Auguste annexa le Valois; la seigneurie fut ensuite donnée en fief à Raoul d'Estrées. Le premier château, probablement commencé à la fin du XIIIe siècle, fut incendié lors de la Grande Jacquerie en 1358 et rasé avant d'être reconstruit. Hector d'Estrées entreprit la reconstruction dès 1360 et fit creuser des douves; le logis issu de cette campagne, daté vers 1360‑1390, est aujourd'hui en ruines. Le donjon, de plan pentagonal, a été élevé entre 1390 et 1410 par Jean de Vez, probablement avec l'appui de son beau‑frère Robert de Saint‑Clair, et il a un programme essentiellement résidentiel. Si le duc Louis d'Orléans n'en fut jamais propriétaire, la qualité de l'architecture incite à penser que Jean de Vez fit appel à un architecte de l'entourage royal ou ducal, peut‑être Jean Lenoir. Le donjon associe un carré auquel est adossé, au sud, un triangle isocèle; il est flanqué de tourelles circulaires et d'une tour d'escalier angulaire abritant l'escalier en colimaçon. L'empreinte au sol mesure environ 17 m du nord au sud et 8,60 m d'est en ouest; la hauteur atteint près de 30 m et l'édifice comprend quatre étages habitables séparés par des planchers en bois. L'accès actuel se fait de plain‑pied depuis l'enceinte, à côté de la tour d'escalier; l'entrée originelle passait par cette tour. Les pièces, généreusement éclairées par des fenêtres à meneaux et croisillons, ont vu ces baies agrandies lors de la restauration du début du XXe siècle. L'intérieur a été profondément remanié lors de ces travaux, si bien que peu d'éléments anciens subsistent en l'état. Au‑dessus du dernier étage, une terrasse remplace la toiture primitive; le chemin de ronde repose sur une ceinture de mâchicoulis finement moulurés, qui constituent les seuls éléments défensifs véritables du donjon. Le crénelage actuel et la tourelle de guet prolongeant la tour d'escalier résultent d'interventions effectuées au début du XXe siècle selon un dessin publié par Eugène Viollet‑le‑Duc. Le donjon est implanté à l'extrémité orientale d'une enceinte en losange d'environ 70 m sur 63 m; la courtine sud‑est, contemporaine du donjon, partage le même soin d'exécution alors que les autres courtines sont postérieures et hétérogènes. La courtine nord‑est présente une poterne flanquée de deux petites tours rondes et, en partie basse, des fentes qui semblent liées à l'évacuation des eaux plutôt qu'à un rôle militaire. La courtine sud‑est, soignée, présente un glacis et des mâchicoulis analogues à ceux du donjon; des encorbellements et balcons ménagent des plates‑formes sur le chemin de ronde. Une petite tour rectangulaire, dite « tour Jeanne d'Arc », subsiste dans la courtine nord‑ouest; l'attache de ce nom à l'héroïne relève d'une tradition locale. La chapelle, de plan hexagonal résultant de l'addition d'un trapèze et d'un rectangle, a été restaurée de façon très radicale sous Léon Dru au début du XXe siècle et présente aujourd'hui une physionomie éloignée de l'édifice d'origine. Elle est adossée au mur gouttereau nord de l'ancien logis, comporte au rez‑de‑chaussée un local de service et, à l'étage, la chapelle proprement dite éclairée par trois hautes baies en tiers‑point; un portail Renaissance y a été ajouté au XVIe siècle et Léon Dru a aménagé un caveau familial. L'ancien logis, construit pour Hector de Vez entre 1360 et 1390, comprenait deux niveaux chauffés par des cheminées superposées; il ne subsiste aujourd'hui que le mur gouttereau nord‑est et une grande partie du mur pignon sud‑est. Les façades présentent des échauguettes en encorbellement coiffées de toits coniques en pierre, des arcs de décharge et des moulures, traits cohérents avec une datation dans la seconde moitié du XIVe siècle. À la fin du XIXe siècle le château était partiellement en ruine; racheté en 1890 par Léon Dru, il fit l'objet d'une restauration inspirée par Viollet‑le‑Duc, et en 1904 il fut classé au titre des monuments historiques. En 1988 Francis Briest acquit le site; les propriétaires actuels, Caroline et Francis Briest, ont poursuivi des travaux et ouvert le lieu à l'art contemporain. Le parc, labellisé « jardin remarquable », comprend un jardin contemporain conçu par Pascal Cribier et accueille de nombreuses œuvres d'art moderne et contemporain, parmi lesquelles des bronzes, des installations et des vitraux, des sculptures monumentales et des interventions in situ dans la chapelle et le donjon. Chaque année des œuvres sont installées dans le donjon et les jardins, et des expositions d'art moderne et contemporain y sont régulièrement organisées. Le site se visite les dimanches et jours fériés de début avril à fin octobre, ainsi que tous les jours de début juillet à la mi‑septembre, de 14 h à 18 h, moyennant un droit d'entrée.