Origine et histoire du Château de Villemolin
Le château de Villemolin est une demeure fortifiée d'origine XVe siècle située à Anthien (Nièvre), en lisière du parc du Morvan, à une vingtaine de kilomètres au sud de Vézelay et une trentaine au sud-ouest d'Avallon. De plan en U, il est flanqué de trois tours d'angle, complété par d'importants communs et entouré d'un parc comportant une glacière. Le bâtiment a été largement reconstruit aux XVIIe et XVIIIe siècles et très remanié au XIXe siècle à partir de 1830, avec notamment la construction d'une chapelle, l'ajout d'une tour sud‑ouest, la crénelation d'un mur de l'aile ouest, l'élévation des combles et d'importants aménagements intérieurs. Selon une tradition non confirmée, le nom proviendrait d'une villa romaine ; des fragments de poteries et des traces de ciment ont été découverts autour du site. Dès le XVe siècle, Villemolin apparaît dans des dénombrements comme une motte féodale entourée de fossés et un "hostel fort"; un bâtiment de ce siècle est intégré aux communs actuels et conserve des fenêtres à croisées et des coussièges. Peu d'éléments antérieurs aux remaniements de la fin du XVIe siècle subsistent : on relève un escalier en vis, la cheminée d'une grande cuisine voûtée, une fenêtre en accolade, des murs épais dans une partie de l'aile Ouest et des poutres à engoulants dans une chambre de l'aile Est. À la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle, Aloph de Certaines fit restaurer et armer les tours de l'aile Est, faisant rouvrir des canonnières alors bouchées et rectifier l'agencement intérieur de la tour nord‑est dont les boiseries datent de cette époque. Une frise d'inspiration dorique ornée de bucranes, encastrée dans le mur nord de l'aile Ouest, est attribuée à la Renaissance et a parfois été confondue au XIXe siècle avec un vestige gallo‑romain. Au XVIIIe siècle, Pierre‑Jean de Certaines ordonna l'ajout de l'aile sud, dotée d'une terrasse reliant les corps de bâtiment, et fit décorer les salons de l'aile Est avec parquets et boiseries de style Louis XVI; il fit également exécuter l'escalier d'honneur orné des armes familiales et daté de 1781. L'inventaire de la fin du XVIIIe siècle mentionne neuf chambres au premier étage ; ces espaces furent largement redécoupés au XIXe siècle et le château compte aujourd'hui plus de vingt chambres, plus des logements de servants dans les combles. Durant la Révolution, Pierre‑Jean de Certaines fut arrêté puis libéré et la terre de Villemolin échappa à la vente comme bien national; une cheminée monumentale provenant du château de Certaines voisin fut ensuite intégrée au vestibule de Villemolin. Au XIXe siècle Edmond de Certaines fit construire une nouvelle chapelle sur plans de Châtelain et Lavenant, remaniée en 1875 par Paul Baudouin dans un style néo‑gothique ; elle abrite une Pietà sur panneau classée et des vitraux réalisés par Lobin de Tours. Edmond fit aussi poser de riches boiseries de chêne dans la salle à manger et la bibliothèque et commanda des portraits à des artistes renommés; son fils Joseph mena la principale campagne de restauration du siècle, ajoutant une tour sud‑ouest, des mâchicoulis, une surélévation des combles, le remplacement des tuiles par des ardoises et des décors néo‑médiévaux et néo‑Renaissance. Un projet d'ensemble voulu entre 1875 et 1881 par les architectes Lavenant et Gillet prévoyait des transformations plus radicales, mais il fut en grande partie abandonné et n'aboutit que pour certaines réalisations, notamment dans la bibliothèque. Le parc à l'anglaise fut redessiné dès 1838 selon les plans de Châtelain et les travaux d'agrément et d'exploitation comprirent la construction d'une orangerie à la place d'une ancienne tour, la réorganisation des écuries pour la vénerie avec création de chenils, la construction d'une glacière et d'un petit chalet dit Tannenbourg, l'extension des granges et l'édification de logis pour régisseur et gardien. Depuis le début du XVe siècle, la seigneurie a successivement appartenu aux familles de la Corcelle, de Pesme, de Champignolle et de Bascoing, puis, à partir de 1538, à la famille de Certaines qui en demeure propriétaire. Le site est inscrit aux monuments historiques : la chapelle en 1978 et l'ensemble du château et des communs en 2002. Propriété privée et demeurée habitée, Villemolin est ouverte au public depuis 1976 ; les visites guidées permettent de découvrir des salons, la bibliothèque, les vestibules, la salle à manger, les cuisines et la chapelle, tandis que la visite extérieure donne accès à certains communs, dont les écuries, la sellerie, l'orangerie et la glacière ; l'orangerie est par ailleurs proposée à la location pour des réceptions. En 2002, le château et son cadre ont servi de décors aux films Le Mystère de la chambre jaune et Le Parfum de la dame en noir de Bruno Podalydès.