Origine et histoire du Château de Villette
Le château de Villette, petit château bâti à la fin du XVIIe siècle sur les fondations d'une ancienne maison forte, est situé à Condécourt, dans le Val-d'Oise. L'intérieur a été très remanié ; seules subsistent quelques boiseries. Sa façade sur cour inscrit l'édifice dans l'architecture des maisons de plaisance de la seconde moitié du XVIIe siècle, le corps central étant isolé des ailes de communs. Au XVIIIe siècle, un clocheton surmontant le fronton et deux galeries latérales de liaison sont ajoutés ; au début du même siècle une chapelle est adossée à l'orangerie et, en symétrie, s'organisent les communs (cuisines, buanderie, boulangerie), tandis que d'autres bâtiments de service ne sont pas attenants (ancien pressoir, fouloir, rempotoir, pavillons de garde).
En 1500 Jacques Bourdin possédait l'ancien château de Villette ; il passa ensuite à son fils Jean Bourdin puis, en 1563, à Louis Le Vallois, dont la famille porta plus tard le titre de marquis de Villette. Les Vallois vendent la seigneurie en 1609 à Jean Dyel, conseiller du roi ; son fils Jean, comte d'Auffay, fit construire le château actuel entre 1663 et 1669. Les plans sont parfois attribués à François Mansart et l'exécution à Jules Hardouin-Mansart, attribution toutefois non avérée. Le domaine revient ensuite à Marie Dyel puis, par mariage, à la famille de Mathan qui le conserve jusqu'en 1715, date de la vente à Pierre Michel Cousin de Conteville. Celui-ci fait ajouter une chapelle et pose son chiffre sur la grille d'honneur ; sa nièce et son époux Abraham Joseph Michelet de Vatimont entreprennent d'importants travaux entre 1746 et 1751. À la mort de Pierre Michel Cousin de Conteville en 1750, le domaine revient à son neveu François-Jacques de Grouchy ; la famille Grouchy connaît une période brillante, accueillant des intellectuels et précurseurs des idées pré-révolutionnaires, et voit parmi ses enfants Sophie, qui épousera Condorcet, Emmanuel, maréchal d'Empire, Charlotte, épouse de Georges Cabanis, et Henri-François.
Après la Révolution, Emmanuel de Grouchy vend le domaine à Louis Le Bouteiller en 1818 ; il passe ensuite à Joséphine Fouché d'Otrante puis à sa fille Isabelle. En 1936 Renée Pernod achète la propriété et la revend à son gendre Robert Gérard en 1941 ; durant la Seconde Guerre mondiale, le 27 août 1944, un bombardement détruit la chapelle et l'orangerie, immédiatement reconstruites, et le parc, endommagé, est restauré par le paysagiste Ferdinand Duprat en 1948. Le domaine est restauré dans les années 1960, vendu en 1998 à Olivia Hsu Decker, puis acquis en 2011 par Sergeï et Irina Bogdanov, qui ont engagé à partir de 2013 une campagne de restauration conduite pendant six ans par l'architecte d'intérieur Jacques Garcia. Le château est désormais en très grande partie rénové mais n'est pas ouvert au public ; l'intérieur n'est accessible que lors d'événements privés.
Le château s'élève dans un parc de 75 hectares ; il repose sur un soubassement et se compose d'un corps principal sur deux niveaux. Côté cour, la façade présente un corps central légèrement saillant couronné d'un fronton triangulaire orné d'un bas-relief ; côté jardin ce même corps devient une rotonde à trois pans qui abrite au rez-de-chaussée un salon octogonal. Le corps central est flanqué de deux petits pavillons identiques, chacun couvert d'un toit d'ardoises à deux croupes de faible hauteur de type Mansart, sans combles aménagés. La façade est structurée par un bandeau horizontal et des chaînages aux angles, les murs étant recouverts d'un enduit ocre. La cour d'honneur est encadrée par deux bâtiments de proportions voisines, reculant par rapport au château et reliés à lui par des passages couverts en hémicycle ; l'ensemble est fermé par deux pavillons d'entrée identiques et une grille en fer forgé.
Le château est protégé : il est classé monument historique dans sa totalité par arrêté du 28 mai 1942 et certains éléments — bâtiments annexes, chapelle et grille d'entrée — ont été inscrits par arrêté du 15 juin 1939. Le domaine a servi de décor à de nombreux films, parmi lesquels Tintin et le Mystère de La Toison d'or (1961), Voyage à deux (1967), Le Libertin (2000), Les Chevaliers du ciel (2005), Da Vinci Code (2006), Pièce montée (2009), Les Traducteurs (2019) et Elyas (2024), ainsi qu'à des séries telles que Le Comte de Monte-Cristo (1998), La Mante (2017), Dynastie (2018) et Montmartre (2025). Pour approfondir, la monographie de Guillaume Picon intitulée Château de Villette. Fastes d'un décor à la française est citée, et les principales ressources documentaires comprennent le site officiel et les bases Mérimée et VIAF.