Origine et histoire du Château de Vincennes
Le château de Vincennes, situé à l'est de Paris sur un plateau calcaire, est la plus grande forteresse royale médiévale subsistante en France et l'une des plus hautes forteresses de plaine d'Europe du fait de la hauteur de son donjon. Il se trouve à proximité de Paris et est desservi par la gare de Vincennes du RER A et par la ligne 1 du métro à la station Château de Vincennes. L'ensemble occupe un vaste quadrilatère bordé par la rue de Paris au nord, le cours des Maréchaux à l'est, l'esplanade Saint‑Louis au sud et l'avenue Carnot à l'ouest, face au bois de Vincennes. Le site, anciennement couvert par une forêt giboyeuse, voit ses douves alimentées par le ru de Montreuil et s'urbanise progressivement depuis le XIXe siècle. Une résidence royale apparaît dès le XIIe siècle et le manoir de villégiature des premiers Capétiens est progressivement transformé en forteresse. Au XIVe siècle la fortification prend son caractère monumental : le donjon est élevé puis l'enceinte avec ses portes et ses tours est aménagée, et la Sainte‑Chapelle de Vincennes est fondée peu après. La chapelle est reprise et achevée à la Renaissance par Philibert de l'Orme et Henri II, et inaugurée en 1552. À partir du XVIIe siècle Louis Le Vau réorganise les espaces royaux en réalisant notamment les pavillons du Roi et de la Reine, des cours, des jardins et une clôture en arcades. Le donjon est aussi utilisé comme prison d'État : y furent détenus, entre autres, Voltaire, le marquis de Sade et Mirabeau. Aux XVIIIe et XIXe siècles le site connaît des usages variés : manufacture de porcelaine dans les cuisines du pavillon de la Reine, transformation du pavillon du Roi en caserne pour l'école militaire, puis conversion en arsenal à la fin du XVIIIe siècle avec des aménagements militaires importants. Sous l'Empire et au XIXe siècle plusieurs tours sont arasées pour recevoir des batteries, la chapelle est entresolée pour servir de dépôt d'armes, des bâtiments médiévaux sont démolis et l'enceinte est doublée de casemates; Viollet‑le‑Duc restaure la Sainte‑Chapelle et le donjon. Pendant la Seconde Guerre mondiale le château est occupé, des dépôts de munitions sont détruits à la libération et, en août 1944, des incendies causent d'importants dégâts aux pavillons et aux collections. Après la guerre des campagnes de restauration sont engagées ; l'architecte Jean Trouvelot a dirigé un plan d'ensemble pour reconstruire les pavillons et les arcades endommagés. Un vaste programme de restauration lancé à la fin du XXe siècle a conduit à la fermeture du donjon en 1995 pour consolidation, à sa réouverture au public en 2007, et à une restauration importante de la chapelle autour de 2008‑2009 suite aux dégâts causés par la tempête de 1999. Des fouilles programmées menées principalement dans les années 1990 et des interventions récentes de l'INRAP ont précisé l'emprise du manoir médiéval et les techniques du chantier ; elles ont notamment mis au jour 2 778 carreaux de terre cuite datés du XIVe siècle et, dans l'étude de marques lapidaires sur un échantillon de 90 000 blocs, 713 motifs différents. Aujourd'hui le château relève à la fois du ministère de la Culture, qui y assure des protections et des services territoriaux, et du ministère des Armées : il abrite le Service historique de la Défense. La forteresse conserve la physionomie d'une résidence royale fortifiée, avec son mur d'enceinte quadrangulaire, ses tours et son donjon conçu pour abriter le souverain en cas de danger. Son évolution architecturale et fonctionnelle — résidence, prison, manufacture, arsenal, site de mémoire et lieu de recherche — témoigne des usages successifs de l'État et de l'armée sur ce site remarquable.