Origine et histoire
Le château de Vincennes, forteresse royale située à Vincennes à l'est de Paris, a été construit entre le XIVe et le XVIIe siècle. Il est le plus grand château fort royal subsistant en France et, en raison de la hauteur de son donjon, l’une des plus hautes forteresses de plaine d’Europe. Facilement accessible depuis Paris, il est desservi par la gare de Vincennes (RER A) et par la ligne 1 du métro à la station Château de Vincennes. Le site occupe la plus grande part d’un quadrilatère bordé par la rue de Paris au nord, le cours des Maréchaux à l’est, l’esplanade Saint-Louis au sud et l’avenue Carnot à l’ouest, avec des voies partant de l’esplanade vers Paris et à travers le bois de Vincennes. Implanté sur un plateau calcaire et non sur une éminence, le château était alimenté en eau par le ru de Montreuil, dont le trop-plein se jetait dans le lac de Saint-Mandé, et s’insérait jadis dans une forêt giboyeuse dont ne subsiste qu’une partie dans le bois de Vincennes. D’abord résidence de loisir médiévale aménagée sous Louis VII et Philippe Auguste, le site devint une forteresse à partir des travaux engagés par Philippe VI et poursuivis par Charles V, qui y transféra une part de son gouvernement. Le donjon, élevé au XIVe siècle et haut de 52 mètres, et l’enceinte monumentale avec ses portes et ses tours caractérisent la physionomie défensive du lieu. La Sainte-Chapelle de Vincennes, commencée à la fin du XIVe siècle pour abriter une relique, connut des chantiers intermittents et des achèvements sous les souverains suivants. Sous les Valois et la Renaissance, les bâtiments furent réaménagés par des architectes comme Philibert Delorme et accueillèrent la manufacture de porcelaine qui contribuera plus tard à la création de Sèvres. Louis Le Vau aménagea des pavillons et Le Nôtre dessina des jardins à la française ; le château fut cependant délaissé comme résidence principale lorsque Versailles devint le siège royal. À partir du XVIIe siècle le donjon servit de prison d’État pour des détenus de haute naissance, tandis que d’autres bâtiments accueillirent différentes fonctions industrielles et militaires. Révolution, Empire et XIXe siècle marquent la transformation du site en arsenal et en établissement militaire ; le château abrite depuis 1796 la section historique de la Défense. Le lieu a été le théâtre d’événements dramatiques : tentatives de démolition révolutionnaire, exécutions et fusillades, dont celle de Mata Hari en 1917, et des destructions et incendies liés aux combats de 1944 qui endommagèrent des bâtiments et des collections. Des campagnes de restauration engagées à la fin du XXe siècle ont conduit à la fermeture du donjon en 1995 puis à sa réouverture au public après consolidation en 2007 ; la chapelle royale a fait l’objet d’un important chantier après la tempête de 1999. Des fouilles programmées menées dans les années 1990 et des interventions ultérieures, dont celles de l’INRAP en 2016, ont mis au jour des éléments du manoir médiéval, des carreaux du XIVe siècle et de nombreuses marques lapidaires témoignant de l’organisation du chantier. Architectoniquement, la forteresse se présente comme une vaste résidence royale fortifiée : une enceinte quadrangulaire d’un peu plus d’un kilomètre protège un espace de plusieurs hectares, flanqué de portes et de tours, tandis que le donjon, isolé dans la cour, comprend des niveaux destinés aux réserves, aux appartements royaux et aux services. Aujourd’hui le château relève à la fois du ministère de la Culture et du ministère des Armées ; il est classé au titre des monuments historiques et abrite le service historique de la Défense. Un important programme de rénovation engagé depuis 1988 et des initiatives locales de gouvernance et de mécénat contribuent au rayonnement et à la valorisation du site.