Origine et histoire du Château de Viven
Le château de Viven, situé dans la commune de Viven (Pyrénées-Atlantiques, Nouvelle-Aquitaine), est un édifice construit au XVIIIe siècle sur les fondations d'un bâtiment du XIVe siècle. Le site porte des traces d'occupation plus ancienne : une domus antique édifiée sur une butte dominant la plaine du Luy-de-France. Vers 1360, la famille de Barzun fit ériger un second édifice sur ces ruines ; la propriété passa en 1576, par mariage, à la famille d’Arros. Partisan huguenot, Bertrand d’Arros fit reconstruire la demeure vers 1608, alors en fort mauvais état, pour la somme de neuf mille livres tournois. Au milieu du XVIIIe siècle, le marquis Jean-César de Mesplès, président du Parlement de Navarre, acquit le domaine et fit raser l’ancienne bâtisse en conservant les fondations ; les travaux, engagés à partir de 1756, mobilisèrent de nombreux artisans béarnais et quelques cagots. L’intérieur conserve des décors datés des années 1750-1760 — boiseries, stucs et toiles peintes d’inspiration orientale — qui en font l’un des plus beaux exemples de château du XVIIIe siècle dans le Vic-Bilh. En 1793, le marquis et son épouse furent contraints de fuir, et le château fut vendu après la disparition de la marquise en 1807. Selon la tradition, Jean de Navailles aurait reçu le domaine de Napoléon Ier en récompense d’un service lors de la prise de la Guadeloupe en janvier 1810. Au début du XIXe siècle, Jean de Navailles employa de nombreux esclaves affranchis pour l’entretien du domaine ; l’un d’eux, Louis dit « le nègre de Viven » (1754-1847), fut inhumé à ses côtés, fait rare pour l’époque, et une pierre tombale en porte encore témoignage au dos des communs. Au XXe siècle, le domaine reçut la visite de personnalités telles que le cardinal d’Astros et l’écrivain Pierre Loti. Le château appartient à la famille Graciet depuis 1982, qui a engagé des travaux de restauration. Bâti au sommet d’un promontoire dominant la plaine du Luy-de-France, le logis seigneurial présente deux niveaux avec sept travées de fenêtres côté cour et six côté jardin, ainsi qu’un troisième niveau sous comble percé de dix lucarnes. Une aile d’offices relie le logis aux communs disposés en « L », qui abritaient les cuisines, tandis qu’une aile parallèle plus petite accueillait les écuries. L’avant-cour est ornée d’un bassin restauré en 1990, et les jardins, eux aussi restaurés, ont reçu le label « Jardin remarquable » en juin 2006 ; le parc conserve un pigeonnier, vestige du château féodal. Le château est inscrit au titre des monuments historiques en 1989 pour ses façades et toitures, celles des communs, la maison en adobe, le grand salon, la salle de billard, la salle à manger avec leurs décors intérieurs, ainsi que pour la terrasse et les vestiges du jardin de buis taillés et le pigeonnier. Propriété privée, le château et ses jardins sont ouverts aux visites du 15 mai au 15 octobre et accueillent occasionnellement, le reste de l’année, concerts, spectacles, expositions et repas.