Origine et histoire du Château de Vizille
Le Domaine du château de Lesdiguières, dit château de Vizille ou Domaine départemental de Vizille, est un parc de cent hectares à Vizille (Isère) où s'élève un château du XVIIe siècle abritant le musée de la Révolution française. Le site, situé au centre du bourg à environ 16 km au sud‑est de Grenoble, repose sur une colline percée d'un tunnel au début du XIXe siècle. Le château fut aménagé au début du XVIIe siècle par François de Bonne, premier duc de Lesdiguières, qui acquit les terres en 1593 et y fit ériger une demeure. À partir de 1600 le domaine fut agrandi sous la direction des architectes Pierre La Cuisse puis Guillaume Le Moyne; un parc à la française y fut créé, comprenant une pièce d'eau rectiligne et un grand canal de 800 mètres face au château. Le parvis était structuré par quatre parterres séparés par des canaux en croix autour d'un bassin ovale orné d'un jet d'eau et d'une statue d'Hercule. Le château resta la propriété successive des ducs de Lesdiguières puis, faute de descendance directe, passa à Paule Marguerite de Gondi puis aux membres de la famille Neufville de Villeroy, qui le vendirent en 1780. Claude Perier, banquier et industriel, acheta alors le domaine et installa dans une aile une manufacture d'impression sur tissu. En juillet 1788 il reçut dans la salle du jeu de paume l'assemblée des trois ordres du Dauphiné, réunion interdite à Grenoble et qui participa aux événements conduisant à la Révolution française. Le domaine resta dans la famille Perier puis passa, après diverses transmissions et une adjudication en 1862, à Henry‑Frédéric Fontenilliat, puis retourna dans la famille Casimir‑Perier. Un incendie en 1865 détruisit notamment la salle du jeu de paume et la grande galerie des batailles, qui furent définitivement démolies l'année suivante. En 1924 l'État fit l'acquisition du château pour préserver ce lieu d'histoire et de tradition républicaine, qui a accueilli des visites de personnalités comme La Fayette, Casimir Perier, Adolphe Thiers, Sadi Carnot et Jean Jaurès. Cinq présidents de la République y séjournèrent entre 1925 et 1960; le général de Gaulle y effectua un passage nocturne en octobre 1960. Le domaine fut cédé au conseil général de l'Isère en 1973; en 1983 les collections du Musée de la Révolution française y furent installées en vue du bicentenaire. Le château a également accueilli des événements institutionnels, comme la cérémonie des vœux du 13 janvier 2014 liée au regroupement intercommunal ayant préparé la création de la métropole Grenoble Alpes Métropole. Une légende locale rapporte que le mur d'enceinte aurait été bâti en une nuit par le diable pour un pacte avec le duc de Lesdiguières, que celui‑ci aurait déjoué en franchissant le mur à cheval au prix d'un morceau de queue arraché au quadrupède. Le parc et ses jardins, classés au titre des monuments historiques par arrêté du 23 août 1991, sont labellisés « jardin remarquable » depuis 2005 et attirent plus de 800 000 visiteurs par an. Ce classement comprend le mur de clôture, les clôtures de jardins, l'allée, la pièce d'eau et son escalier; la maison et le moulin proches ainsi que le mur d'enceinte ont fait l'objet d'une inscription en 1989. Dessiné au XIXe siècle et redessiné en partie à l'anglaise en 1834, le parc comporte une roseraie réaménagée après l'acquisition par l'État et qui accueille depuis 2008 une copie en bronze de la statue dite d'Hercule Lesdiguières, l'original étant conservé au musée de Grenoble. Les points d'eau sont alimentés par les sources de la Dhuy et de la Reine; le parc abrite plusieurs centaines de variétés d'arbres ornementaux, dont une soixantaine considérée comme rare, tels des cèdres et des liquidambars. Une prairie de soixante hectares sert d'enclos pour des hardes de cervidés — cerf élaphe, cerf Sika et daim — tandis que bassins et enclos accueillent cygnes, canards, bernaches du Canada, truites, carpes, chèvres, moutons, poules et trois paons bleus. Le parc comprend aussi une maison de l'apiculture et un parc animalier; les gestionnaires font face à une prolifération récente de pigeons. Depuis 2011 le parc reçoit tous les deux ans une biennale d'art contemporain qui installe des œuvres in situ; parmi les éditions figurent Invitation au labyrinthe de Marie Goussé (2011), Scansions de Mireille Fulpius (2013), Rose palace de Viviane Rabaud (2015), Filigrane du collectif FLCDa (2017) et, en 2019, Bien commun et Les sentinelles de Victoria Klotz ainsi que Mémoire d'eau de Cyrille André. Les archives du château et de la famille Perier représentent aujourd'hui 125 mètres linéaires de cartons conservés aux Archives départementales de l'Isère. Le domaine a également servi de lieu de tournage extérieur pour Jean Cocteau dans L'Aigle à deux têtes en 1948. Vizille se situe à 16 kilomètres de Grenoble et est desservi par des routes via Le Pont‑de‑Claix, Brié‑et‑Angonnes ou Uriage‑les‑Bains; un service d'autocars Transisère dessert la commune et un parking gratuit se trouve à l'entrée de Vizille.