Origine et histoire du Château de Wasigny
Le château de Wasigny est une maison forte, transformée en ferme, située à Wasigny dans les Ardennes. Un vieux pont de pierre franchit la rivière de la Vaux et conduit à une entrée remarquable, composée d'un passage charretier surmonté d'un comble en forme de carène renversée, « à la Philibert Delorme », couvert d'ardoises et couronné d'un clocheton étroit. Deux pavillons bas et dissymétriques, également couverts d'ardoises et abritant l'ancien corps de chasse et l'ancienne chapelle, encadrent cette entrée. À l'arrière se trouve un autre corps de bâtiment du XVIIe siècle dont les façades en briques sont animées de chaînes de pierre harpées encadrant des fenêtres à linteau courbe, tandis que les chaînes d'angle sont à refends et que la travée centrale est en pierre. Une des tours d'angle subsiste et paraît plus ancienne, vraisemblablement du XVIe siècle : elle comporte moins d'ouvertures et un vocabulaire défensif marqué, notamment des canonnières ébrasées en ovale. Les descriptions du début du XVIIIe siècle évoquent alors trois tours. Le château se situe en sortie nord du village de Wasigny, en contrebas de la route menant à La Neuville-lès-Wasigny, le long de la rivière de la Vaux ; les sentiers de grande randonnée GR 12 et GR 654 passent à proximité. Selon Suzanne Briet, le château-ferme de Wasigny forme un imposant ensemble lié à des personnages importants dont les noms de Thémines, de Villelongue, de Rouillé de Fontaine et de Chazel. Un édifice antérieur, figurant dans les Albums de Croÿ, a probablement été détruit en 1617 par les troupes royales commandées par le duc de Guise et le marquis de Thémines, au moment où Louis XIII impose la fin de la régence de la reine-mère. La seigneurie a ensuite été rachetée par les Villelongue, écuyer et seigneur de Remilly, pour 17 000 livres à Louise Claude de Cauret, veuve de Charles-Philippe de Grandmont, le 30 janvier 1685, et ils reconstruisent le château. Un munitionnaire et maître de forges de Signy-le-Petit acquiert l'édifice en 1711, le revend en 1736 à Charles de Saint-Mart, baron de Neufville, qui le cède à son tour en 1760 à Pierre-Nicolas Caulet d'Hauteville. Le fils de celui-ci, Pierre Denis Caulet de Wasigny, devient en 1773 grand maître des eaux et forêts de Picardie et le reste jusqu'à la Révolution de 1789 ; il réside peu sur place, meurt en 1790 et lègue ses biens à sa sœur Claude-Sophie, épouse d'Alexandre Rouillé de Fontaine, militaire dans la cavalerie et seigneur de Goyencourt dans la Somme. En juillet 1794, le district de Rethel impose à Alexandre Rouillé de Fontaine la démolition de deux tours et de quatre tourelles, la fermeture des meurtrières et la mise à sec du fossé du côté opposé de la rivière, ce qui réduit le caractère défensif du bâtiment. La famille Rouillé de Fontaine se sépare du domaine en 1911. L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques en 1946.