Origine et histoire du Château de Wasselonne
Perchés sur le point le plus élevé de Wasselonne, les vestiges de l'ancien château témoignent d'une longue histoire où se mêlent site funéraire, forteresse et résidence seigneuriale. Des fouilles réalisées en 1950 lors de la construction du collège ont révélé des sarcophages mérovingiens, preuve d'une occupation ancienne du lieu. L'origine du château n'est pas documentée avant le XIVe siècle ; s'il existait antérieurement, il était alors de dimensions modestes avant de se transformer en une puissante forteresse au cours des siècles suivants. Construit en grès rose extrait des carrières du Kronthal, le château prit au XVe siècle une importance reconnue en Basse-Alsace, avec une enceinte dense de tours — on lui attribue vingt-sept tours, dont cinq de grande taille. Son plan était presque circulaire et comprenait trois enceintes successives, deux fossés secs et une quinzaine de tours flanquant les premières lignes de défense ; au centre se dressait une haute tour carrée, ancienne tour-clocher d'une église devenue tour de guet. En 1448 la cité fut assiégée et le château incendié par les troupes strasbourgeoises, puis reconstruit et, en 1496, acquis par la République de Strasbourg. L'enceinte et les bâtiments furent modifiés à plusieurs reprises ; la grosse tour d'artillerie conservée aujourd'hui semble toutefois dater du début du XVIe siècle, tandis que la tour jouant le rôle de donjon était probablement celle de l'ancienne église, démolie au plus tard en 1532. Au XVIe siècle Wasselonne adopta la Réforme et accueillit Andreas Keller-Cellarius comme premier prédicateur à partir de 1525 ; la ville servit aussi de refuge, notamment à Edmund Grindal dans les années 1550. Les conflits de la fin du XVIe siècle, notamment la Guerre des évêques, provoquèrent occupations et abandons, et la place forte fut, à plusieurs reprises, convoitée et occupée par diverses armées. Pendant la campagne de Turenne en 1674 la cité fut prise, subit un bombardement et fut partiellement détruite ; certains éléments n’ont pas été rebâtis par la suite. Au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles des remaniements ont été effectués : la porte d’entrée, flanquée de deux tourelles rondes, fut surélevée vers la fin du XVIIIe siècle par une tour carrée datée de 1782, qui remplaça la tour de guet antérieurement détruite. La partie inférieure de cette porte abritait jadis le logement du gardien et des cellules, et la meurtrière au-dessus de la voûte se ferme par une pierre cylindrique pivotante ; les armoiries qui décoraient le cadre ont été martelées lors de la Révolution. Le corps de logis principal servait de demeure au bailli ; le bailliage, reconstruit et agrandi à plusieurs reprises, conserve une chapelle datée du dernier quart du XVe siècle dont la clé de voûte porte les armes de Strasbourg et qui possède un vitrail de Werlé daté de 1977. Devenu propriété municipale en 1793, le site abrita les services de la ville jusqu’à la construction de la mairie actuelle en 1852 ; il accueille aujourd’hui la bibliothèque municipale et des logements. Inscrits aux monuments historiques en 1931 et 1932, les vestiges visibles comprennent la porte d’entrée surmontée de la tour carrée, la demeure du bailli, quelques pans de mur d’enceinte et la base d’une tour ronde. La tour carrée renferme une cloche datée de 1818 et un mécanisme d’horlogerie de 1881, et la tour ronde se trouve à proximité du monument aux morts. Le site a par ailleurs été complété aux XIXe et XXe siècles par des constructions civiles : la demeure du bailli fut agrandie en 1876, le tribunal cantonal fut érigé en 1880 et le groupe scolaire Marcel Jost occupa la cour entre 1950 et 1953. De nombreuses gravures du XVIIe siècle permettent de restituer l’apparence du château à son apogée et complètent les vestiges encore visibles aujourd’hui.