Origine et histoire du Château des Anglais
Le château des Anglais est situé sur la commune d'Autoire, dans le Lot. Dans les textes anciens, il est nommé la Rocca ou la Roque. Il s'étend sous une falaise rocheuse, partiellement en encorbellement, qui limite le plateau; il s'agit d'un abri sous roche fortifié accolé à la falaise. Le donjon, étroit et allongé, était adossé au rocher qui forme sa paroi arrière. Il ne subsiste qu'un corps de logis sans toiture avec une tourelle, prolongé vers l'est par un autre logis avec tourelle. Le donjon et le village fortifié, un peu en contrebas, comprenaient vingt-deux maisons carrées entourées d'une muraille en gros blocs de pierres sèches; hormis cette enceinte, qui pourrait être d'une époque plus ancienne, l'ensemble du village et du donjon appartient aux XIe et XIIe siècles. L'édifice se compose de quatre parties : au centre se trouve la plus ancienne, la roque primitive, un bâtiment rectangulaire de trois niveaux assimilable à une tour féodale, qui pourrait dater de la première moitié du XIIIe siècle. Le bâtiment primitif a été agrandi au nord par l'adjonction d'un logis, probablement entre la fin du XIIIe siècle et les premières décennies du XIVe siècle. Sur la face sud a été ajoutée une tour d'escalier dans le courant du XVe siècle ou des premières décennies du XVIe siècle, époque à laquelle le logis nord a également été fortement remanié. Le château a servi de repaire aux compagnies anglaises pendant la guerre de Cent Ans et fut occupé en 1378 par le capitaine de routiers Bernard de La Salle à la solde du roi d'Angleterre. En 1178 la châtellenie de Saint-Céré, dont dépend Autoire, passe aux vicomtes de Turenne ; c'est probablement à cette époque que la construction commence par le baron de Castelnau-Gramat. Garin de Castelnau rend hommage pour la Roque d'Autoire à Alphonse de Poitiers en 1259, et en 1286 le château figure parmi les seigneuries cédées au roi d'Angleterre. En 1562 Autoire est occupé par les protestants ; un acte du 3 mars 1588 mentionne l'occupation du château par une bande protestante commandée par Jean Mollé, dit capitaine Vinsou, qui se rend au gouverneur de Saint-Céré et à la communauté d'Autoire pour le compte du vicomte de Turenne. Pendant la Fronde, en 1647, le vicomte de Turenne fit restaurer les défenses du château; le site fut ensuite abandonné, pillé au XVIIIe siècle et envahi par la végétation. Le château a été inscrit au titre des monuments historiques le 26 octobre 1925. L'ensemble fortifié, adossé à une falaise de 50 m de haut, avait une façade d'environ 200 m et une profondeur de 30 à 40 m, répartie sur trois terrasses en escalier. Il comportait quatre tours dont il ne reste que les bases; la tour nord possédait une poterne, et une grotte fortifiée dès le XIIe siècle faisait partie du dispositif défensif. Le château, doté d'une tour avancée, contrôlait l'accès principal au sud-ouest; il est probable qu'une tour de guet ait existé au sommet de la falaise. Autour de la falaise, de nombreuses voies d'escalade ont été équipées.
