Origine et histoire du Château des Archevêques
L'ancien château des Archevêques, situé au bourg d'Artannes-sur-Indre (Indre-et-Loire), remonte au XVe siècle et a été fortement transformé au XIXe siècle. Il est bâti sur la rive droite de l'Indre, orienté du nord‑ouest au sud‑est, avec sa façade principale tournée vers la rivière qu'il domine d'environ trois mètres ; côté opposé il fait face à l'église Saint‑Maurice, à laquelle son aile nord est reliée par un bâtiment. Vers la fin du VIe siècle, l'évêque Grégoire de Tours aurait fait élever une première église et une résidence épiscopale à cet emplacement, mais aucun vestige de ces constructions n'est attesté. Le domaine dépendait du roi par l'intermédiaire du château de Tours et relevait des archevêques de cette ville ; la châtellenie fut érigée en baronnie par Henri II Plantagenêt en 1180. Le site appartient aux archevêques au moins depuis 1426, qui en font un lieu de plaisance et procèdent vraisemblablement alors au comblement partiel des douves protégeant le château et l'église. Deux archevêques y meurent : Hélie de Bourdeilles en 1494, dont le blason figure sur l'une des portes, et Christophe de Brillac en 1520; d'autres prélats, en revanche, y séjournent peu, comme Mgr de Conzié à la fin du XVIIIe siècle. Confisqué pendant la Révolution, le château est vendu en l'an III et acquis par Charles Lefèbvre, maire d'Artannes de 1791 à 1792; son fils fait ensuite combler les douves et édifier des communs à leur emplacement. Les façades et les toitures ont été inscrites au titre des monuments historiques par arrêté du 14 septembre 1949.
Le bâtiment principal comprend un rez‑de‑chaussée, un étage et un comble, accompagné d'une aile en retour d'équerre dont le rez‑de‑chaussée est traversé par un passage reliant la cour d'honneur à une petite cour nord. La porte nord du passage, dont le fronton porte les armes d'Hélie de Bourdeilles, est surmontée d'une accolade ornée d'un fleuron et de crochets. Une ancienne chapelle, aujourd'hui intégrée au corps de logis, occupe symétriquement le côté sud. Un porche relie le château à l'église et permet l'accès depuis le nord à la cour d'honneur. La charpente du corps de logis principal présente une coque de bateau inversée.
Des descriptions anciennes signalent des tours cylindriques aux angles nord et sud et des tours polygonales flanquant la façade ouest; le plan cadastral de 1821 montre un édifice doté de trois tours, mais il n'en subsiste aujourd'hui que deux. Au XIXe siècle, les baies ont perdu leurs meneaux au profit d'ouvertures munies d'huisseries modernes à petits carreaux, tandis que les linteaux ouvragés ont été conservés. Le site associe, outre le château et l'église Saint‑Maurice, plusieurs dépendances et aménagements (boulangerie, grange, tour, source, douve, bonde, jardin, avant‑cour, cour d'honneur, esplanade) qui témoignent de son organisation d'ensemble.