Origine et histoire du Château des Bordes
Le château des Bordes, situé à Urzy dans la Nièvre, est une propriété privée ouverte au public uniquement sur rendez‑vous. Les premières traces d’une motte castrale surplombant la vallée remontent au XIe siècle et sont associées à Jehan des Bordes en 1041. Le domaine faisait auparavant partie de terres saisies par Charles Martel, transmises à Pépin le Bref puis à Charlemagne, avant d’être concédées à l’évêque de Nevers, ce qui explique le maintien d’un droit de haute justice et la construction voisine d’un château épiscopal. Fidèle à son nom, la famille des Bordes possède le fief dès le XIe siècle et sert la cour pendant plusieurs générations ; le château est assiégé et incendié pendant la fin de la guerre de Cent Ans, épisode lié au rôle militaire de ses seigneurs et à un passage probable de Jeanne d’Arc. Reconstruit après cet incendie, le château reçoit par ordonnance royale l’autorisation de Philibert de La Platière de le rebâtir avec tours, fossés et ponts‑levis, puis subit, au XVIe siècle, d’importantes transformations pour adopter le style de la Renaissance. Imbert et François de La Platière, puis Françoise de La Platière et ses héritiers, poursuivent l’embellissement : murs de soutènement, grille, porterie, maison de justice, jardins, dépendances et cheminées monumentales ornées de peintures murales sont aménagés et les travaux sont achevés en 1653. Par alliances successives, la seigneurie passe aux familles d’Ancienville, de La Grange d’Arquien et de Béthune ; elle reçoit alors des aménagements pour accueillir la reine de Pologne, apparentée à la maison, et voit ses grandes écuries adaptées à ses équipages. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle le domaine perd de son importance : une forge est installée et le bien est cédé au roi, le bail étant ensuite renouvelé par la Convention. Au XIXe siècle le château change de mains à plusieurs reprises ; des restaurations et des modernisations y sont entreprises, puis des incendies et des démolitions fragmentent les ailes. Inscrit au titre des Monuments historiques en 1946, le domaine connaît une longue période d’occupation intermittente au XXe siècle avant d’être pillé entre 1990 et 1997 : cheminées, parquets et dallages sont arrachés et les écuries bétonnées. Saisi et vendu aux enchères en 1997, le château bénéficie d’une extension de protection en 1998 et fait l’objet de tentatives de restauration abandonnées après le décès d’un propriétaire. Acquis en novembre 2013 par Matthieu et Françoise Joulie, le château a retrouvé une vocation d’habitation et d’accueil grâce à l’action de l’Association Les Amis du Château des Bordes et d’une centaine de bénévoles ; des spectacles, visites et réceptions y sont organisés et un petit restaurant a ouvert dans le pavillon nord des écuries. Le site, qui connut son apogée au XVIIe siècle, fut largement délaissé au XVIIIe siècle et dépecé au XXe siècle : l’aile nord‑ouest a disparu, tandis que l’aile sud‑est conserve des vestiges médiévaux remaniés aux XVIIe et XIXe siècles. Le grand corps de logis garde une ordonnance classique et présente des vestiges de peintures murales, des cheminées en pierre et un escalier d’honneur avec rampe en balustres de pierre, surmonté d’une voûte à pans coupés. Le château s’inscrit dans un vaste domaine complété par de nombreux éléments bâtis : un très beau portail du début du XVIIe siècle et sa grille, une petite maison de gardien, un four à pain, des communs importants et des terrasses. Les écuries, construites en pierre de taille et adaptées au XVIIe siècle pour la reine de Pologne, s’étendent sur plus de 100 mètres et peuvent accueillir une cinquantaine de chevaux ; elles sont couvertes d’un toit à la Mansart sur trois pavillons voûtés et ont été réhabilitées au XXIe siècle pour accueillir réceptions et salons. Les jardins à la française, créés par Germaine‑Louise d’Ancienville de La Grange d’Arquien dans la première moitié du XVIIe siècle, sont en terrasses soutenues par des murs de 7 à 8 mètres dont la restauration a fait l’objet d’un financement participatif lancé en 2019.