Château des Chaînées à Chevregny dans l'Aisne

Château des Chaînées

  • 02000 Chevregny
Château des Chaînées
Château des Chaînées
Château des Chaînées
Château des Chaînées
Crédit photo : Jeanhugues - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XXe siècle

Patrimoine classé

Le château des Chaînées en totalité et son parc en totalité, figurant au cadastre, section A, parcelles 382, 679 et 680, tels que délimités sur le plan annexé à l’arrêté : inscription par arrêté du 5 novembre 2021

Origine et histoire

Le château des Chaînées, situé à Chevregny dans l’Aisne (Hauts-de-France), a vu l’essentiel de son patrimoine détruit lors des bombardements allemands de 1917. L'ancien château de Chevregny, dont subsistent seulement les vestiges du porche monté sur deux colonnes romaines, avait été édifié en 1716 par J. Champion ; ses descendants, tous notaires, le conservèrent pendant un demi-siècle. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, Jacques Clouët, seigneur de Serville et écuyer à l'Académie royale d’art équestre de Lille, fut propriétaire du domaine. Héritier à la fin du XVIIIe siècle, Louis Abel Beffroy de Reigny donna au lieu le surnom de « vendangeoir du cousin Jacques ». Son frère aîné, Louis Étienne Beffroy de Beauvoir, dont le rôle pendant la Révolution entraîna une condamnation morale à la Restauration, dut s’exiler en 1816 et voir ses biens dispersés. Le château fut acquis en 1815 par Joseph Boisgarnier (nommé aussi dans les archives Joseph de Chatonru-Boisgarnier ou Joseph Dechatonru-Boisgarnier), avoué fortuné de Paris et gendre du député Jacques Mathias, qui en entreprit d’importants remaniements. La propriété resta près de deux siècles dans cette lignée et servit de résidence secondaire : de Joseph Boisgarnier elle passa à son fils Auguste, puis à sa sœur Ernestine dont le mari, Eugène Dupont, procéda à divers embellissements qui préservèrent l’aspect soigné des bâtiments jusqu’en 1917. Leur fille Alice épousa Henri Cherrier, notaire et lettré parisien, bibliophile et membre fondateur de la Société des Amis des Livres ; le couple hérita du domaine avant sa destruction complète par les bombardements, qui anéantirent aussi la quasi-totalité des bois sur un domaine alors estimé entre 250 et 300 hectares. Henri Cherrier mourut en 1919 ; son fils aîné, Gabriel Louis Marie Ernest, reprit le domaine en ruine et, avec son épouse Angeline Bougenot, fit reconstruire une demeure sur un emplacement plus élevé. Le nouveau château, de style "manoir à l'anglaise", fut construit en briques jaune rosées sur quatre niveaux, flanqué de deux tours carrées incorporées de part et d’autre du pavillon central, chacune placée entre celui-ci et les pavillons latéraux ; des milliers d'arbres furent replantés et le parc redessiné. Gabriel légua la propriété à sa sœur Geneviève, épouse d’Émile Jarriand, et la demeure revint ainsi à la famille Jarriand ; leur fils Léonce Henri Gaspard en hérita ensuite, et le château quitta définitivement la descendance des Chatonru de Boisgarnier (Dupont‑Cherrier‑Jarriand) lors de sa vente en 1982. L’histoire et la structure même du château témoignent de « l’art de vivre au château » de la grande bourgeoisie parisienne aux XIXe et XXe siècles. Le dernier étage comportait une quinzaine de chambres de domestiques, reliées aux cuisines et aux caves par un escalier de service et disposant d’un accès discret vers l’extérieur, dispositif révélateur de l’organisation hiérarchique du service et du rang social des maîtres. Des photographies anciennes montrent l'ancien château dit « Vieux Chevregny » et son approche côté village vers 1890. Parmi les personnalités liées au domaine figurent Jacques Clouët de Serville, Louis Abel Beffroy de Reigny, Louis Étienne Beffroy de Beauvoir et Henri Cherrier.

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