Château des comtes de Hainaut à Condé-sur-l'Escaut dans le Nord

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château

Château des comtes de Hainaut

  • Rue de l'Arsenal
  • 59163 Condé-sur-l'Escaut
Château des comtes de Hainaut
Château des comtes de Hainaut
Crédit photo : Leroypy - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune ; propriété d'une société privée

Période

XIIe siècle, XIIIe siècle

Patrimoine classé

Les deux tours du bâtiment d'entrée (ou ancien châtelet) et le moulin : inscription par arrêté du 10 avril 1948 - La totalité des bâtiments présents constituant l'ancien château, avec l'ensemble de son assise foncière et des vestiges qu'elle contient, y compris les douves situées dans le domaine public - à l'exclusion des constructions des XIXe et XXe siècles restant en élévation et des deux tours du bâtiment d'entrée qui dmeurent inscrites) (cad. AR 154 à 159) : classement par arrêté du 11 juillet 2006

Origine et histoire du Château des comtes de Hainaut

L'ancien château des comtes de Hainaut, dit ancien arsenal, est une place forte médiévale à Condé-sur-l'Escaut résultant de la superposition d'une motte castrale et d'une enceinte fortifiée. Les vestiges fouillés ne représentent qu'environ dix pour cent de la surface du site. L'origine de Condé est vraisemblablement liée aux invasions normandes et l'emplacement contrôle la confluence de la Haine et de l'Escaut. Au XIIe siècle, un donjon d'environ vingt à vingt-quatre mètres, installé sur une butte, et une chemise maçonnée entourant la haute-cour constituaient les éléments centraux du château. La chemise, rythmée de contreforts et munie d'un chemin de ronde, se raccordait directement au donjon et protégeait la cour, la basse-cour se trouvant en contrebas. L'ensemble se rapproche des modèles anglo-normands encore visibles dans la région, comme la tour d'Ostrevant à Bouchain ou le donjon d'Ath. Des aménagements en pierre datables du XIIe siècle ont été mis au jour par les fouilles, confirmant l'existence d'un château au moins depuis la décennie 1170. Après des luttes de pouvoir locales, le château est reconstruit en 1184 et entre définitivement dans la mouvance comtale. Au XIIIe siècle, le site est totalement réaménagé : une vaste enceinte philippienne entoure le château primitif, comportant une courtine flanquée de tours circulaires, un châtelet d'entrée et une porte d'eau donnant sur l'Escaut. La nouvelle enceinte comprend cinq tours d'angle et plusieurs tours intermédiaires; la tour dite Nicolas, située à la confluence, est renforcée et joue un rôle stratégique. À l'intérieur, les bâtiments fonctionnels étaient adossés aux courtines et une vaste aula était disposée entre deux tours sur la courtine ouest, tandis qu'une chapelle dédiée à Saint-Nicolas s'adossait à la courtine nord-ouest. Les fouilles ont révélé deux chapelles superposées : une chapelle castrale primitive et une chapelle gothique plus vaste, orientée, pourvue d'un pavement en tuiles vernissées et d'encadrements flamboyants. Trois puits associés au culte de sainte Renelde ont également été découverts, l'un à l'extérieur au sud, un autre à l'intérieur de la petite chapelle et le troisième dans la grande chapelle. Ces découvertes ont renouvelé la connaissance du site et confirmé son intérêt pour l'étude de l'évolution de l'architecture militaire médiévale, du donjon-motte au modèle philippien. Le château subit des transformations importantes aux XVIe et XVIIe siècles: certains bâtiments se dégradent, la grande salle est abandonnée, des forges et de nouvelles constructions apparaissent, puis le roi acquiert le site et l'affecte à un usage militaire comme arsenal et hôpital. Le donjon, appelé « tour César », est arasé en 1727; l'espace central est aménagé en jardin, la chapelle castrale est reconstruite sous le vocable de Sainte-Renelde et un arsenal d'artillerie, des écuries et un hôpital militaire occupent l'intérieur des courtines. Aux XIXe et XXe siècles, des aménagements urbains et militaires entraînent la démolition partielle des tours et le comblement des fossés, tandis que des bâtiments de gendarmerie et des logements sont implantés sur le site. Depuis le déclassement militaire en 1969, plusieurs parcelles ont changé de propriétaire: l'ouvrage d'entrée, les tours et la courtine ont été acquis par des organismes HLM, la ville et la SA Habitat du Nord pour des opérations de lotissement et de logement social. Des campagnes de diagnostic et de fouilles programmées, engagées par l'INRAP en 2005 sous la direction de Christine Cercy et Alain Henton puis conduites de 2008 à 2011 par le laboratoire d'archéologie et d'histoire médiévale de l'université de Picardie Jules‑Verne sous la responsabilité scientifique de Lionel Droin, ont mis en évidence l'importance des substructions conservées. D'autres phases d'exploration étaient envisagées pour 2012–2014 et les résultats préliminaires ont déjà apporté des compléments inédits à l'historiographie. La démolition des bâtiments de gendarmerie en 2004 a libéré la majeure partie de la surface du site, facilitant les recherches et la valorisation archéologique. Le caractère exceptionnel de l'ensemble castral a conduit à son classement au titre des Monuments historiques en 2006, à l'exception de l'ouvrage d'entrée qui demeure inscrit. Aujourd'hui, seules des parties remaniées et postérieures au XIIe siècle subsistent en élévation: le châtelet d'entrée, plusieurs tours de l'enceinte et des portions de courtine, certaines transformées en logements sociaux. Le site constitue un exemple rare de l'évolution des systèmes de défense médiévaux et illustre la volonté de contrôler les voies d'eau et l'activité économique liée à la batellerie sur l'Escaut.

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