Origine et histoire du Château des Ducs de Bourbon
Le château des ducs de Bourbon à Montluçon, résidence seigneuriale et siège politique, administratif et judiciaire d’une des châtellenies du Bourbonnais, s’élève sur un promontoire rocheux utilisé à des fins militaires dès l’époque carolingienne. En 1070, Guillaume, fils d’Archambaud IV de Bourbon, fit édifier une première forteresse sur cet ancien oppidum ; le site fut occupé par les Anglais de 1171 à 1188 avant d’être rendu aux Bourbons et transformé en place forte. Les vestiges actuels prennent leur origine dans une vaste reconstruction engagée à la fin du XIVe siècle sous l’impulsion du duc Louis II de Bourbon et poursuivie par ses successeurs. Les travaux semblent avoir été ralentis pendant la captivité de Jean Ier en Angleterre et par les dernières campagnes de la guerre de Cent Ans, puis repris activement vers 1450-1456 sous Charles Ier de Bourbon, et poursuivis sous Jean II et Pierre II jusqu’au début du XVIe siècle. Au milieu du XVe siècle, par permission du duc, une tour-horloge servant de beffroi urbain fut élevée contre le corps de logis et la maison du concierge. Après la défection du connétable de Bourbon en 1523, le château tomba dans l’abandon et il est attesté en mauvais état dès 1566. À partir de 1661, les princes de Bourbon-Condé devinrent seigneurs apanagistes ; leur conseil céda gracieusement l’édifice à la ville en 1749 pour aménager une promenade sur l’esplanade, entraînant peu après la destruction de la salle Bernard, de la galerie basse des lices et des celliers et greniers qui s’élevaient à l’est. Au XIXe siècle le corps de logis accueillit l’hôtel de ville, le tribunal et la justice de paix, puis le château fut transformé en caserne d’infanterie de 1858 à 1913 ; la maison du concierge, au nord, fut abattue lors d’un agrandissement des casernes autour de 1880. Restauré entre 1930 et 1933, le château retrouva la charpente et la couverture du grand logis ainsi que la galerie extérieure donnant sur l’esplanade à l’est, tandis que la chapelle Saint-Bonnet, attestée dès le XIIIe siècle, et la chapelle ducale du XVe siècle, qui s’élevait sur deux niveaux dans l’angle sud-est, ne furent pas restituées. Établi à l’extrémité ouest d’un vaste plateau de monzogranite et protégé par une courtine à créneaux factices jalonnée de neuf tours cylindriques, le monument se compose d’un corps de logis long de 48 mètres sur 10 de large, cantonné au sud par une tour maîtresse carrée de 8 mètres de côté, à forte saillie sur une base en glacis. Ce donjon, desservi par un escalier en vis jusqu’à sa plateforme crénelée, est dépourvu de mâchicoulis et comprend six salles, dont les principales possèdent des cheminées monumentales ; la grande salle du second étage est voûtée et ornée de clefs de voûte et d’ogives retombant sur des culs-de-lampe sculptés de feuilles de choux frisées, et elle est surmontée d’une charpente apparente en forme de carène renversée. Une tourelle de plan irrégulier loge une petite pièce et une salle de guet, et, à l’extrémité nord, un corps de latrines en briques desservait à la fois le grand logis et la maison du concierge. La façade ouest est éclairée par une lucarne de pierre de style gothique flamboyant restituée, tandis qu’à l’est s’élève une tour carrée de 4 mètres de côté et près de 25 mètres de hauteur, coiffée d’une toiture en pavillon et ornée d’une corniche sculptée de branches et feuillages ; sa face orientale porte des piédroits moulurés, des culs-de-lampe décorés et l’arc qui encadrait autrefois le cadran de l’horloge. La galerie de bois extérieure, reconstruite en 1931 à l’identique sur les bases octogonales d’origine d’après un dessin de 1749, court à l’est depuis l’angle sud de la tour de l’horloge jusqu’à la façade orientale de la tour maîtresse et présente un garde-corps à croix de Saint-André et un hourdis de tuileau. Classé au titre des monuments historiques le 15 mai 1926, le château abrita, à partir de 1959, un musée consacré aux musiques populaires ; depuis 2013 il sert de réserve au nouveau musée de la ville, le MuPop, et n’est pas visitable en tant que monument historique.